Après avoir effectué ce qu’il nomme « des recherches policières », Alex Benvenuto ajoute à la somme des ouvrages qui ont été publiés sur Henri Matisse un solide document sur la période la plus féconde du peintre, entre 1917 et 1954, lors de son long séjour à Nice et à Vence.
L’ouvrage se glisse au milieu de la production de nombreux exégètes, commentateurs et écrivains, au-dessus desquels Aragon culmine avec son « Henri Matisse Roman ». Benvenuto ne prétend pas les égaler, mais il comble un intervalle en historien amoureux de sa ville, en suivant l’homme d’un atelier à l’autre et à travers ses échanges et ses rencontres avec les plus grands artistes de son époque.
Alex Benvenuto a présenté son livre dans l’auditorium du Musée Matisse lors d’une conférence accompagnée d’un diaporama.
S’attachant aux pas du peintre, racontant sa déception immédiate après son arrivée à Nice parce qu’il n’en finit pas de pleuvoir, l’auteur dévoile la manière dont Matisse est tombé en amour de cette ville. Alors que lassé de la grisaille, il s’apprête à boucler sa valise pour repartir, le beau temps revient brusquement, comme il arrive toujours à Nice. Exprimant son éblouissement, il déclare :« Quand j’ai compris que chaque matin je reverrai cette lumière, je ne pouvais croire à mon bonheur ».
Nous retrouverons le modeste hôtel où il a logé à son arrivée, son premier atelier, les maisons où il a vécu comme la villa Lulu qu’il habitait avec Jules Romain et Maeterlink, ou la villa Rose qui est toujours aussi rose, rachetée plus tard par Henri Bosco « le campagnard de Cimiez ».
Au cours de ces années où l’esprit irradie, on apprend que Matisse croise tout le cénacle intellectuel. On mesure mieux l’influence capitale qu’il exerce à l’égal de son ami Picasso sur la vie artistique. Des artistes de passage, dont les noms ont marqué le vingtième siècle, Alex Benvenuto en a parfois retrouvé des photos : Prévert, Miro, Chagall, Maeght, Diaguilev, Massine, Gide, Bonnard, Aragon, Breton, et le vieux maître Renoir à qui Matisse montre ses tableaux.
Les triomphes du peintre font rayonner Nice dans le monde entier.
On apprend que la toile qui a fait le plus vendre Nice a été peinte à Vence où Matisse s’était réfugié pendant la guerre pour fuir les exactions de l’armée allemande.
Le livre montre ses relations avec de très jolies femmes, suit le peintre jusque dans ses vieux jours pendant lesquels il n’a cessé de travailler secondé par la belle Lydia, se rapproche au plus près du maître à travers la petite, la grande histoire, des anecdotes des citations, des photos, des images, des reproductions des dessins et peintures.
