C’est à la fin de sa vie que Fernand Léger s’intéresse à la céramique, comme lieu d’expérimentation et de renouvellement de son travail pictural. L’artiste y voit un moyen de sortir du cadre du tableau de chevalet et d’ouvrir la peinture à des dimensions nouvelles : le relief et la monumentalité.
Abordant la céramique avec l’oeil du peintre, Léger joue sur le volume pour dynamiser ses compositions et animer son célèbre cerne noir. En accord avec son idéal d’un art pour tous, la sculpture polychrome lui permet de déployer son travail dans des projets monumentaux conçus pour l’espace public. Il élabore en 1954 la maquette d’un jardin d’enfants :
J’ai l’idée d’une haute sculpture polychrome massive en diable, avec des formes comme des flammes, où le vent du large pourrait jouer. On la placerait au bord de la mer, des enfants pourraient passer, courir à travers ou cracher dessus en douce… Pas un monument qu’on regarde mais un objet utile et spectaculaire dans la vie, et surtout pas de gardien autour !
La céramique tient également une place à part dans l’histoire du musée car elle est à l’origine même de la venue de l’artiste sur la Côte d’Azur. Fernand Léger développe en effet à partir de 1950 une collaboration fructueuse avec l’un de ses anciens élèves, Roland Brice, et son fils Claude, tous deux céramistes installés à Biot. C’est au pied de ce village que le maître acquiert juste avant sa mort une maison et un terrain sur lequel il compte édifier des oeuvres de grandes dimensions. Sur cet emplacement, naîtra en 1960 le musée Fernand Léger dans le parc duquel sera réalisée de manière posthume la céramique monumentale du Jardin d’enfants, dans l’esprit du maître des lieux.
– Par Ariane Coulondre
Conférence
– samedi 12 février 2011, 15h -auditorium du musée
– Roland Brice-Fernand léger : céramiques à quatre mains
par Rodolphe Cosimi, critique d’art.
©visuels
Fernand Léger, céramiste Roland Brice, Les femmes au perroquet et couleurs en dehors, vers 1952. Visage à la main sur fond rouge, vers 1954. Le Soleil, 1954. Femmes au perroquet sur fond rouge, vers 1953. Donation Nadia Léger et Georges Bauquier, Musée national Fernand Léger © Adagp, Paris 2010 © cliché RMN, G. Blot.