GOLDBARRGOROD
L’univers de Nicolas Moulin est par essence une interzone où toute trace humaine semble avoir disparu au profit de paysages ou d’architectures propices aux récits et aux fantasmes. Cette
désorientation autant sensorielle que temporelle passe généralement par des effets d’altération de l’échelle, des jeux de fausse symétrie ou de vraies métamorphoses destinées à troubler notre perception des choses. Il en résulte un travail marqué par l’illusion dans lequel les éléments identifiables ne sont que de faux-semblants, destinés à amplifier un sentiment de perte de repères.
Ce sentiment d’illusion et d’abandon se retrouve dans l’immense sculpture présentée dans la Galerie carrée du centre d’art de la Villa Arson.
GOLDBARRGOROD est produite avec un grand nombre de carcasses métalliques de matériel informatique. Elle est impressionnante par son volume et fragile par sa construction. Son dessin et son évidente radicalité
rappellent les principes de l’architecture brutaliste qui sont à l’origine même de la construction de la Villa Arson dans les années 1960.
Mais GOLDBARRGOROD peut aussi
évoquer un camp militaire désaffecté, une sculpture minimaliste fantôme, ou un jeu de
Meccano géant dont on aurait supprimé les effets ludiques. Cependant, le plus troublant dans cette sculpture est sa façon de fonctionner comme un vestige et un monument à la fois, matérialisant avec une grande économie de moyens l’obsolescence accélérée des outils informatiques – et donc de mémoire et de transmission - que nous créons et utilisons en permanence.
Depuis maintenant une quinzaine d’années, Nicolas Moulin développe une poétique de la désuétude, où tout ce qui est à peine construit est aussitôt perçu comme un vestige de
notre histoire. Sa part d’entropie se mesure au degré d’hypnose idéologique que les utopies esthétiques ou politiques ont volontairement entretenue tout au long du XXe siècle. En ce sens, son travail est proche de l’univers de la science-fiction, notamment de l’écrivain Philip K. Dick, connu pour avoir abordé dans ses ouvrages les questions de l’uchronie (visiter le futur tout en interrogeant la passé) et de l’ubiquité (la multiplication de la présence dans plusieurs espaces).
école nationale supérieure d’art
centre national d’art contemporain
médiathèque d’art contemporain
résidences d’artistes
Pour un regard informé sur les expositions les visiteurs sont accueillis par des étudiants de l’école d’art de la Villa Arson, véritables interlocuteurs quant aux enjeux du
projet de l’exposition, des oeuvres
et des démarches des artistes.
Un document d’accompagnement est offert à chaque visiteur. Un espace de documentation réunit une sélection de publications, des documents audiovisuels et des dossiers consacrés aux artistes exposés.
Nicolas Moulin est accueilli en résidence à la Villa Arson d’avril à juin 2010.
Le programme de résidences de la Villa Arson bénéficie du soutien du
Conseil Général des Alpes-Maritimes
et du ministère de la Culture et de la Communication - Drac PACA
– Nicolas Moulin est né en 1970.
– Il vit et travaille à Berlin.
– Il est représenté par la galerie Chez Valentin (Paris) / www.galeriechezvalentin.com
– Commissaire : éric Mangion
Fidèle à sa recherche sur le son, Nicolas Moulin inaugure à l’occasion de l’exposition un
label musical (GRAUTAG RECORDS) dont le premier album est réalisé par Fred Bigot,
Vincent Epplay et Arnaud Maguet. L’enregistrement a eu lieu à Berlin au mois de mars dernier.
Un concert sera donné dans les jardins de la Villa Arson le soir du vernissage, le 1er juillet 2010.