C’est une histoire qui a commencé dans les années 60. Guy Pieters créait ses premières galeries en Belgique.
Puis dans les années 80, il fait la connaissance de Lieven De Buck, passionné par l’art et gérant d’une société de photogravure. Une amitié très forte se noue. « Chaque année, nous venions passer une semaine de vacances à Cannes pour faire du golf avec des amis collectionneurs, se souvient ce dernier. Une journée était consacrée à la visite de Saint-Paul de Vence.
Entre la Fondation Maeght et les galeries, on prenait l’apéritif au Café de la Place ». Lui-même collectionneur, Lieven De Buck travaillait dans son atelier de photogravure avec de nombreux artistes, comme Appel ou Christo, venus faire la sélection des couleurs pour leur catalogue. « Cela représentait à peine 5 % du chiffre d’affaires mais c’était ma véritable passion ». Ses parents possédaient un laboratoire photo, Lieven De Buck a donc baigné très jeune dans cet univers. En 1970, il crée sa propre entreprise de photogravure et, dans les années 80, son atelier de 3 000 m2 emploie 100 personnes. Puis au fil de l’évolution des technologies, le travail pouvait être fait plus vite, avec moins de monde. Le personnel passe donc à 35 salariés. Plus vite, oui, tout est allé trop vite, avec le numérique. « Cela a ouvert d’énormes possibilités, mais on ne prend plus suffisamment de temps pour la qualité », regrette Lieven De Buck. Il a donc fini par fermer son entreprise, en 1998 : le métier disparaissait. « Je ne voulais plus continuer dans un contexte où il fallait travailler de plus en plus dur, livrer de plus en plus vite et où les prix étaient sans cesse en baisse. Aujourd’hui, je ne veux même plus savoir ce qu’il se passe sur le marché ».

Une passion devenue métier
Mais s’il a perdu son entreprise, Lieven De Buck a gardé sa passion pour l’art, qui allait devenir son deuxième métier. « En 1999, je suis entré pour la deuxième fois dans la galerie d’Alexandre de la Salle, qui voulait la vendre. J’ai dit à Guy Pieters de racheter le bâtiment et que j’allais m’installer à Saint-Paul pour ouvrir la galerie ». Ce qui fut fait en juin 2000. Agrandie et rénovée, elle compte aujourd’hui une superficie de 750 m2 et un magnifique jardin de plus de 4 000 m2 entièrement dédié aux artistes. Quant au choix des artistes, la philosophie maison est de rester fidèle à ceux faits par Guy Pieters il y a 35 ans : Niki de Saint-Phalle, les nouveaux réalistes, puis Jan Fabre,
Folon, Wim Delvoye, Yves Klein…

D’autres sont arrivés mais les premiers sont restés. « Le monde entier passe par Saint-Paul, observe Lieven De Buck. Et parmi les visiteurs, il y a de vrais collectionneurs à la recherche de nos artistes bien cotés. Toutefois, les nouveaux réalistes étaient notre choix à l’époque et pourtant ils n’étaient pas bien cotés.

Il se trouve que ce choix fut le bon ». Aujourd’hui, la galerie expose 80 pièces et en conserve 250 dans les réserves. Cette année 2010 a été marquée par l’ouverture d’une nouvelle galerie à Paris, « c’était le bon moment pour nous », dans le 8e arrondissement. Cet été, et jusqu’au 30 septembre, toutes les galeries Guy Pieters présentent une exposition sur le thème unique de la « Collection Coups de cœur » de Linda et Guy Pieters. « Nous voulions montrer de belles choses et ne pas faire une exposition « one man show », souligne Lieven De Buck. Mon coup de cœur à moi ? Toute la sélection ! ». Mais la galerie n’est pas uniquement concentrée sur l’exposition : elle organise beaucoup d’événements au-dehors avec ses artistes. « Ces derniers ont d’autres choses à dire qu’être simplement exposés », estime Lieven De Buck. Et ce n’est pas Christo ou Bernar Venet qui diront le contraire…