Le travail de Franck Saïssi s’inscrit dans la grande tradition des peintres et il serait facile, voire réducteur, de l’y associer d’autant que l’on y retrouve des œuvres s’inspirant ouvertement des grands peintres de la Renaissance comme le Caravage ou encore El Greco. Cependant, il reste humble face à ces maîtres exceptionnels qui lui permettent surtout d’exercer sa technique au fusain et de tenter de réaliser malgré tout une œuvre forte en instaurant une sorte de dialogue avec eux.
La peinture a longtemps été regardée avec concupiscence et les années 60 l’ont clouée au pilori pour quelques décennies.
Mais la mode est faite pour être démodée et Franck Saïssi n’y a jamais été sensible. Il n’appartient à aucune chapelle.
Indiscipliné, sa formation est chaotique, ce qui en fait tout sa richesse : il démarre des études à l’école des Beaux-Arts de Lyon (Emile Kohl), file en Italie à l’académie des Beaux-Arts de Carrare et à 18 ans il fait sa première exposition à Lyon sur les quais du Rhône.
Artiste intranquille, Franck Saïssi aime passionnément la peinture qui l’aide à structurer sa vie, à y mettre de l’ordre, à conjurer les inquiétudes, les doutes qui l’assaillent régulièrement et que l’on retrouve dans les thèmes qu’il explore.
Son univers pléthorique, mais aussi les formats, la technique utilisée ou encore le choix des couleurs parlent pour lui : tel petit format correspond à une période où il vivait dans un studio de poche. Tel autre grand format correspond à une autre où il jouissait d’un vaste atelier. Désargenté, il déchirait les pages des livres pour dessiner dessus. Puis il a déniché des partitions de musique, du papier millimétré de géographe et enfin des cartes maritimes du XIX° qu’il exploite, liant son travail au contexte géographique de celles-ci.
Fusain, crayon, encre, acrylique, huile...
Il ne s’interdit rien. Expérimente et se passionne pour toutes les techniques.
Depuis peu il se remet à l’huile qui lui offre un éclat, une fraicheur incomparable. Il pratique des grands formats qui absorbe le regardeur au plus profond de l’œuvre, fouillant dans les détails. En effet, chaque tableau de Franck est un voyage où chacun y puise et y découvre ce qu’il veut, ce qu’il peut La peinture donne du sens à sa vie, c’est un besoin vital qu’il pratique quotidiennement et qui vient combler une sorte de vide intérieur. Un puits sans fond qu’une vie entière n’arrivera certainement jamais à remplir d’où cette production prolifique qui remplit ses ateliers successifs, jamais assez grands.
Son travail semble ne suivre aucune ligne directrice et on pourrait lui reprocher cette boulimie qui l’empêche de creuser un sillon unique qui viendrait s’inscrire comme la signature de son travail. Mais peut-on reprocher à un artiste l’immense plaisir, véritable forme de jouissance chez lui, de tester toutes les
techniques et de toutes les aimer au point de ne pouvoir se décider pour l’une plutôt que pour l’autre ?
Et puis, à y bien regarder, n’est-ce pas le thème du voyage qui prédomine dans sa production :voyage géographique, voyage imaginaire et surtout voyage intérieur ?
Voyage synonyme d’évasion..
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