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Fin de cet événement Mars 2015 - Date du 5 avril 2014 au 1er mars 2015

Maeght (1)

Cinquante ans ! Déjà cinquante ans que la Fondation fut inaugurée, le 24 juillet 1964, par André Malraux, alors Ministre de la Culture. Celui-ci déclarait : « Ici est tenté quelque chose qui n’a jamais été tenté : créer l’univers dans lequel l’art moderne pourrait trouver à la fois sa place et cet arrière-monde qui s’est appelé, autrefois, le surnaturel ».

Arrivés en haut de la pente sinueuse, les visiteurs découvrent avec enchantement la célèbre Fondation Maeght, dont la légèreté architecturale s’élance vers la luminosité du ciel de la Côte d’Azur. Cet anniversaire symbolique d’un demi-siècle d’existence incite à revenir sur la genèse de la construction de ce bâtiment créé par l’architecte Josep Lluís Sert qui a su l’accorder à merveille avec la nature environnante.

C’est Georges Braque qui a suggéré à Marguerite et Aimé Maeght l’idée, alors absolument inédite, d’une fondation artistique.

L’idée fera son chemin jusqu’à l’émergence de ce haut lieu de l’art moderne. Il ne s’agissait pas de créer un musée - les Maeght voulait faire naître leur rêve sans l’aide de l’Etat - mais d’un lieu très ouvert de rencontres entre les artistes, les œuvres et le public. Il n’y avait à l’époque nul modèle auquel se référer, ni même de statuts préétablis. Née dans les années cinquante, cette idée de Fondation ne sera donc définitivement concrétisée qu’en 1964, après une longue période de maturation et d’ébauches, avant que les choses aillent vite.

Galeriste reconnu, Aimé Maeght était alors installé à Paris et tout le monde se pressait à ses vernissages. Cependant il pensait que loin de Paris, le public, moins stressé, serait plus disponible à la communion artistique dans cette région méditerranéenne noyée de soleil. Pour Aimé Maeght, l’art est non seulement loisir pour l’homme, mais aussi un besoin vital même s’il n’est pas ressenti réellement comme tel.

Après des propositions jugées trop avant-gardistes (bâtiments entièrement enterrés ou architecture suspendue...), ce fut au cours d’une visite à l’atelier de Miró à Palma de Majorque qu’Aimé et Marguerite Maeght s’emballèrent pour l’architecture du Catalan Josep Lluís Sert qui avait travaillé un temps aux côtés de Le Corbusier.

Josep Lluís Sert et Joan Miró devant une maquette de la Fondation Maeght © Archives Fondation Maeght

Il sera ensuite reconnu comme un des plus grands architectes de son temps.

La Fondation Maeght, chef-d’œuvre de Josep Lluís Sert. © Archives Fondation Maeght

Tout naturellement, c’est à Sert que sera consacrée l’exposition de printemps, ainsi qu’à l’origine de l’extraordinaire projet qui donnera naissance à la Fondation. Ne lésinant pas sur le coût de cette réalisation dont il rêvait tant, Aimé Maeght fit construire des maquettes grandeur nature sur le terrain pour définir les meilleures positions. Si l’argent risquait de manquer, une œuvre d’art était aussitôt vendue. Dès l’origine, nombreux furent les peintres et les sculpteurs, piliers de cette aventure, qui collaborèrent au projet en créant de magnifiques œuvres s’intégrant au bâtiment et à la nature : cour de Giacometti avec ses sculptures au modelé si caractéristique, labyrinthe de Miró, mosaïques de Chagall et Tal-Coat, mobile de Calder, bassin de Braque, fontaine de Bury, chemin de croix d’Ubac pour la chapelle Saint-Bernard... Tous ont offert leurs œuvres qui s’accordent entre elles en dépit de leurs différences et Sert eut à cœur d’associer les artistes durant le développement du projet et toute la construction. Dès l’origine, on peut parler d’une véritable symbiose entre le bâtiment et la collection. Si aujourd’hui de nombreux centres d’art contemporain apparaissent un peu partout, la Fondation reste unique par son audacieuse innovation et sa collection exceptionnelle qui s’enrichit sans cesse.

Dès qu’ils pénètrent dans les jardins, structurés par des terrasses avec petits murets de pierres sèches typiques de la Provence, les visiteurs, déjà conquis par le lieu, sont accueillis par des sculptures de pionniers de l’art moderne.

Puis ils découvrent le bâtiment d’architecture résolument contemporaine, fonctionnelle, efficace. Sert l’a imaginé bas, afin de mieux épouser les décrochements du terrain et d’éviter la monotonie. Les proportions sont en totale adéquation avec le lieu dont l’architecte a su capter la beauté tout en adoucissant l’éclat de la luminosité méridionale. Une grande importance fut accordée à la lumière : pour ne pas avoir de lumière latérale ou juste ce qu’il faut pour favoriser la liaison entre le bâtiment et la nature. Sur les toits, des quarts de cylindres en béton furent l’ingénieux système imaginé par Sert pour capter ou piéger une belle lumière blanche et douce, ainsi renvoyée sur les murs sans aucun rayon de soleil direct. Sur ce splendide site privilégié, avec panorama sur montagne et mer, est ainsi apparu un havre de fraîcheur, haut lieu de l’art moderne où l’architecture devenait œuvre d’art et lieu d’accueil ouvert, apaisant. Quiconque visite cet endroit magique ne peut être qu’ébloui par le rayonnement artistique qui se dégage de ce lieu, et chacun garde, au plus profond de lui, des souvenirs de grandes expositions et de prestigieuses rétrospectives.

Le cinquantenaire de la Fondation sera « fêté » en trois temps.

Suite à l’exposition de printemps consacrée à l’architecture de Josep Lluís Sert et à la naissance de la Fondation (5 avril-9 juin), viendra la proposition de l’été sur l’histoire vivante de chefs-d’œuvre réunis au cours de ces cinquante ans (28 juin-11 novembre).
Enfin l’exposition d’automne sera axée sur des tableaux soulignant l’art sous différentes formes : musique, danse, arts visuels, écriture... (29 novembre à mars 2015).

Simultanément et à l’occasion de ce cinquantenaire, sept institutions, du Sud-Est au Grand-Ouest, rendent hommage à la Fondation Maeght. A Antibes, le Musée Picasso a retenu Miró, à Nice, le MAMAC a choisi Calder et le Musée Chagall a invité une œuvre, ainsi que le Musée Fernand Léger, à Biot. A Vallauris, le Musée Magnelli et celui de la Céramique présenteront des céramiques de Miró, Artigas, Braque et Chillida. Dans le Morbihan, le Domaine de Kerguéhennec rendra hommage à « 50 ans de collection de la Fondation Maeght : de Giacometti à Tapiès ».

Photo de Une : Détail - Maquette de la Fondation Maeght © Archives Fondation Maeght

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