Tout d’abord Florence Lévy, pouvez-vous nous en dire plus sur votre exposition "..Sens éveillés !! Naissance du rêve..." .
J’ai été en résidence au jardin des méditerranées au domaine du Rayol-Canadel pendant une période de trois mois de septembre à décembre dernier. J’ai pu m’imprégner du jardin et continuer mon travail de recherche autour des 5 sens. Je dormais sur place, et j’étais donc en contact direct avec la nature. C’est un travail qui m’a permis de me libérer du chassis et de peindre sur des toiles posées à même le sol. Je suis dans la recherche d’un geste authentique et d’une réponse à ces 5 sens. Ce travail a donné naissance à des formes imaginaires, mais aussi très imprégnées de formes à la fois burlesque et riche en couleurs. C’est une interprétation vivante que je fais envers la nature, ce qui m’intéresse c’est de ressentir les choses et d’y faire une réponse artistique.
Pourquoi avoir choisi de travailler sur les 5 sens ?
Ca s’est imposé à moi. Au départ je ne savais pas ce qui m’intéressait. J’ai commencé par les Beaux-arts d’Aix-en-Provence, mon art était très figuratif, mais petit à petit j’ai abandonné le figuratif pour me tourner vers ma propre création qui résulte de moi, de mes souvenirs.
Pourquoi les 5 sens ? Car je pense que l’humain est à la base de mon travail, et l’enfant plus particulièrement. Au-delà du code du fonctionnement de l’humain dans la société, avec les autres, nous avons 5 sens, voire même 6 avec l’intuition. Mais on ne les exploite pas toujours. J’essaye de comprendre et d’interroger ces 5 sens, pour aller plus loin que la limite que nous leur imposons. C’est grâce à eux que nous sommes vivants.
J’ai également beaucoup de références à des grands artistes comme Picasso, Niki de Saint-Phalle, Fernand Léger. Picasso avait écrit une chose qui m’a marqué et qui m’est toujours resté. Il disait " j’ai cherché pendant toute ma carrière à peindre comme à mes cinq ans". C’est cet instinct authentique que l’on porte quand on vient au monde qui m’intéresse, car, en grandissant, on perd ce naturel et tout le restant de sa vie on essaie de le retrouver ou du moins d’être proche de ce qu’on est vraiment.
La peinture c’est être soi au moment où l’on peint et de ne pas être dans une représentation.
C’est pour cela que vous avez décidé de travailler avec des enfants ?
Oui l’enfant est au cœur de mon travail parce que c’est le nouveau monde, c’est l’avenir. Quand on est artiste, on a un travail de recherche, ce qui m’importe c’est d’explorer des chemins nouveaux. J’aime transmettre aux enfants, et voir s’exprimer quelque chose de vivant.
C’est un échange qui s’installe entre nous. Je travaille aussi avec des enfants handicapés.
Peut-on dire qu’ils sont votre source d’inspiration ?
Ce n’est pas mon unique source d’inspiration, elle est importante certes mais il y a aussi toutes mes références à l’ancestral, au passé qui définissent mon art. Je pense que c’est toujours très positif pour un artiste d’aller observer ce qu’ont fait les grands artistes, ceux qui ont laissé leurs traces dans ce monde.
Face aux enfants, vous sentez-vous plus professeur ou artiste ?
Non je ne suis pas dans un rôle d’enseignement, mais plutôt d’expression libre. Ce qui m’importe c’est de conserver cette liberté d’expression, cette authenticité. Je suis là pour encourager et aider les jeunes. Bien évidemment en fonction de l’âge, des adolescents me poseront des questions sur l’art, mais mes réponses découleront uniquement de mes expériences et de mes connaissances.
Etes-vous impressionnée quelques fois de leurs travaux ?
OUI ! lorsque j’échange avec eux, je ne les considère pas comme des enfants mais comme des artistes à part entière. Ils comprennent rapidement la signification de mes œuvres. Leur spontanéité et leur naturel me surprennent toujours.
Avez-vous d’autres expositions en préparation ?
Il y a deux travaux qui sont en cours de préparation actuellement : je suis en résidence au jardin exotique de Monaco où je prépare une exposition pour le jardin et un album jeunesse sur ma vision du jardin.
D’ailleurs, je n’ai pas pu m’empêcher d’aller faire un tour au service pédiatrie de l’hôpital Princesse Grace de Monaco. Je pense ainsi faire un travail d’écriture avec les enfants, qui accompagnera les illustrations de l’album.
J’ai aussi démarré une résidence nomade au musée Picasso à Antibes, qui est en lien avec la notion de la rencontre. Parallèlement, j’ai commencé un jeu avec des enfants d’une classe où je leur ai demandé de me définir en trois mots ce que signifiait le mot "rencontre" pour eux et de dessiner sur ce thème-là.
Cela donnera, je l’espère, naissance à une rencontre artistique entre les œuvres de Picasso, mon interprétation et les dessins des enfants.
Pour terminer, Florence Lévy, si vous deviez qualifier votre art en 3 mots ?
Déjà je dirai liberté, authenticité et ouverture.