L’exposition Ex Nihilo parle d’espace, de paysage, de géographie, d’identité, de politique, de sociologie, d’utopie, de cartographie, de zone, de frontière... C’est un projet ouvert, qui présente des œuvres complémentaires abordant ces notions de façon non exclusive, et qui s’empare allégrement des volumes de la Villa Cameline.
Du champ photographique, documentaire, de la peinture et du traitement numérique, de la sculpture et de l’installation, du dessin et de la vidéo, ces œuvres constituent un territoire parmi d’autres possibles.
Clément Aubry, utopographe, conçoit des cartes où aucun repère n’est balisé impérativement. La fiction se déploie de signe en pictogramme, de longitude en latitude, de trait en couleur. La fonctionnalité cartographique cède place à une écriture plastique et narrative d’histoires imaginaires.
Sous une irrépressible allure de nonchalance, Stéphane Bérard génère un art du sabotage, voire du sabordage. « Dans le combat entre toi et le monde, seconde le monde », écrivait Kafka dans son Journal. Seconder le monde - et singulièrement le monde tel qu’il va (mal) et tel qu’il devient -, c’est peut-être ce que proposent ses pièces.
Entre rigueur formelle et saisissement de l’instant capté au cours d’une promenade, les photographies de Lukas Hoffmann pointent les rapports souvent contradictoires entre l’architecture et la nature, cette volonté de contrôle qu’opère le construit sur "l’espace qui reste".
Dans le travail de Thomas Klimowski, le paysage, construction esthétique et culturelle, devient signe. Signe constructiviste, signe géométrique, signe géographique, signe urbain, signe populaire... Les installations se déploient au sol, ou au mur de manière parcellaire, composant de nouveaux espaces génériques.
Les maquettes de Magali Lefebvre n’ont plus rien de prospectif. Elles doublent le réel dans un changement d’échelle qui transforme l’architecture en sculpture, où le référent initial se dissout.
Amateur de géographie appliquée, Till Roeskens appartient à la famille des artistes-explorateurs. Son travail se développe dans la rencontre avec un territoire donné et ceux qui tentent d’y tracer leur chemin. Ses films à caractère documentaire créent des points de fuite fictionnels par l’introduction de la parole, la sienne ou celle de l’autre, celui rencontré pendant le tournage, co-auteur le temps d’une dérive.
Ex Nihilo n’est pas une carte qui devient outil d’orientation lorsqu’on se perd. Nice, Rennes, Marseille, Bruxelles, Lyon, Digne, Paris... Elle ouvre des perspectives plurielles où chacun propose d’écrire une place dans le monde. Cet épuisement des signes met à l’épreuve les notions de territoire et de frontière, d’espace et de géopolitique, dans une succession d’errances individuelles.