Peu de gens connaissent aussi bien la Villa Arson. Pour y avoir enseigné 37 années, Noël Dolla en appréhende tous ses recoins, tous ses aspects, tous ses mystères. Nul d’autre que lui ne pouvait l’embrasser aussi bien, l’entreprendre dans sa totalité pour la sublimer. Avec l’aide des étudiants et des techniciens, il a chamboulé les espaces, les repères, les circulations. Grâce à son exposition, - peut-on appeler cela exposition ? Une "explosition" ? dont il est le metteur en scène, le commissaire, le co-artiste et l’artiste, on visite la Villa Arson comme jamais.
De la fosse au lion de l’entrée jusqu’à l’alphabet paratonnerre de la superbe terrasse dominant Nice et la Méditerranée, plusieurs dizaines d’œuvres balisent un parcours insolite. Des étais d’été emplumés et empaillés soutenant ironiquement passerelles et terrasses sont déployés dans les couloirs (jeux de mots et grammaire créative sont aussi assumés).
Cette rétrospective de l’œuvre de Noël Dolla est en même temps une mémoire de la créativité à Nice ces quarante dernières années. Tous ses amis sont là, les Support-Surfaciens bien sûr, mais aussi tous les autres : Malaval, Raysse, Isnard, Ben, Pagès, Chacallis, Mercier, etc. Il y déploie sa très riche collection : "Tous les artistes que j’estime seront présents au travers de leurs œuvres qui résonneront et dialogueront avec les miennes, peut-être parfois de façon quelque peu baroque ou violente, comme l’est la vie. Il s’agira de repenser les codes et les normes qui régissent les salles des musées et des centres d’art, d’expérimenter des propositions insolites, folles et inattendues".
Des installations, des vidéos, des sculptures, des choses indéfinissables... Des œuvres comme autant de regards sur le monde, sur les choses. Une exposition montée "comme une chantilly" où il y a beaucoup à voir, à sentir, à réfléchir...
Les 23 000 m2 de la Villa Arson constituent un parcours physique et mental où Noël Dolla pose sans cesse la question de la pratique artistique, interroge la peinture, l’abstraction, les ruptures, les avant-gardes. Il s’attaque aux certitudes, aux faux semblants, aux œuvres factices, insincères. Par son œuvre nourrie de la parole de penseurs politiques contemporains, il affirme et démontre que toute pratique artistique est d’abord idéologique.
Il a tenu à adjoindre à cette exposition une programmation de débats et de projections (avec l’aide de L’ECLAT) qui permettront de réexaminer les notions d’avant-garde ou de contre-histoire.
Un nappage sonore accompagne la promenade (création co-produite par Villa Arson et CIRM - Centre national de création musicale).
