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CHAPITRE 46 (part III) : Des nouvelles de MADI

Suite de la chronique de France Delville, cette semaine dédiée à MADI...

Suite du texte de Barbara J. Santarossa dans le catalogue de l’exposition 2009 « MADI INTERNATIONALE » au Valmore studio d’arte :

Mirella Forlivesi, artiste MADI ductile et fuyante, à partir de 1999 expérimente continuellement de nouvelles techniques opérationnelles.

Mirella Forlivesi, « Variazione su tre facce di un cubo » (1973)
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Sa recherche démontre l’intérêt constant pour les effets lumineux des couleurs et des différents matériaux, des effets qui arrivent à dématérialiser les formes et à créer des superficies exclusivement visuelles.

Les œuvres de Gaetano Pinna révèlent le parcours de l’artiste qui recherche la tension entre vide et mouvement.

Gaetano Pinna, « SA-B20(2)87 (1978)
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Fils de Gaetano Pinna tendus dans le jardin de la galerie de la Salle, pendant « Madi maintenant/Madi adesso (1985)
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L’artiste part d’une forme polygonale plate et en superpose une deuxième égale qu’il fait vibrer en créant une distance entre les deux figures, traversées par des vecteurs directionnels. Création, donc, d’un espace chargé de la mémoire du mouvement. Grâce à une œuvre de 1978, qui se trouve dans l’exposition, nous pouvons voir comment jaillit et se développe la procédure de Pinna qui le mène à traverser deux dimensions en intégrant un espace « vide » à l’intérieur de l’œuvre.

Piergiorgio Zangara développe ses études formelles en partant du cube. Dès 1990 ses œuvres présentent des constructions avec des cubes qui, en certains cas, créent une ambiguïté dans la perception de la troisième dimension. « Solidi in sequenza ondulata n°3 » (2000), présente cette ambiguïté accrue par la superposition des couleurs.

Piergiorgio Zangara “Solidi in sequenza ondulata n°3” (2000)
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Au fur et à mesure de sa recherche l’artiste compose un imaginaire fondé sur le désassemblage et la recomposition du losange, du cercle, du triangle. Dans ces pièces, Zangara transforme l’ambiguïté de la perception en rapport au « concret » obtenu par les superpositions, grâce à l’utilisation du plexiglas et du plastique, les couleurs produisant de nouvelles et brillantes tonalités.
Dans cette exposition nous avons l’extraordinaire occasion de voir des œuvres d’artistes qui, s’étant approchés en des temps différents de la Poétique Madi, peuvent être considérés comme des « générations successives » qui, en s’articulant, nous permettent de saisir la « continuelle contemporanéité » de ce Mouvement encore en mouvement.

Difficile de réaliser l’exhaustive et objective réunion de toutes les archives qui font l’histoire de MADI (comme en exprima le souhait Carmelo Arden Quin peu de temps avant sa mort), ce serait un travail titanesque. Il serait sans doute heureux d’en constater les ébauches que certains d’entre nous ont à cœur d’offrir à sa mémoire. Et les retrouvailles avec le texte de Barbara J. Santarossa concernant Salvador Presta, me permet d’apporter une petite précision. Voici son texte : « Le groupe Madi italien est né en 1984 à Gênes grâce à la ténacité de l’artiste Salvador Presta, et trouve son espace le plus important à Milan, dans la galerie « Arte Struktura » d’Anna Canali, qui la dirige avec détermination. Presta avait assisté à la naissance de Madi en Argentine, et s’y était associé en 1952. Je dirais « le groupe Madi italien est né en 1984 à Gênes grâce à la ténacité de l’artiste Salvador Presta… et à sa fréquentation de Carmelo Arden Quin, qui, à cette époque, exposant à la galerie Alexandre de la Salle, Saint-Paul, depuis un certain déjà, était en train d’organiser (pour septembre 1984) avec lui la série d’expositions MADI maintenant/MADI adesso, à Saint-Paul, à Paris, et en Italie, dans lesquelles serait présent Salvador Presta (qui d’ailleurs, ensuite, lui aussi se mettrait à exposer à la Galerie Alexandre de la Salle. A cette époque Carmelo Arden Quin partageait sa vie entre Savigny, Nice et Turin ou vivait sa compagne Edith Aromando, psychanalyste à Turin et Paris.

Quant à la phrase « Presta avait assisté à la naissance de Madi en Argentine, et s’y était associé en 1952 », Madi est né en 1946 à l’Institut français des Hautes Etudes (même si on peut dire que ses prémisses sont la revue Arturo (1944), et en 1945, sous le titre de « Arte Concreto Invencion) des manifestations avec lectures de Manifestes chez Enrique Pichon-Rivière et Grete Stern. La première fois que l’on trouve Salvador Presta exposant avec Carmelo Arden Quin en Argentine, c’est lorsque, dirigeant à Paris (avec Volf Roitman et Marcelle Saint-Omer son épouse) le Centre MADI de la Rue Froidevaux, et exposant avec MADI dans toutes les grandes galeries parisiennes, Carmelo Arden Quin est retourné deux ans à Buenos pour créer une autre Mouvement « Arte Nuevo », que, du 27 novembre au 5 décembre 1947, à la Galerie Payer, dans la « Segunda Muestra de Arte Nuevo », parmi les trente-et-un peintres et sculpteurs d’avant-garde réunis sous le sigle « Arte Nuevo », Salvador Presta en a fait partie, avec Arden Quin, Martin Blaszko, Del Prete, Espinoza, Hlito, Maldonado, Melé, Monaco, Villalba. Les chemins de Madi sont toujours impénétrables…

A suivre...

 Retrouvez la première partie de cette chronique ICI

 Retrouvez la deuxième partie de cette chronique ICI

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