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CHAPITRE 46 (part II) : Des nouvelles de MADI

Suite de la chronique de France Delville entamée hier et dédiée, cette semaine, à MADI...

Dans le catalogue de l’exposition 2009 « MADI INTERNATIONALE » au Valmore studio d’arte, on trouve encore un tes de Barbara J. Santarossa :

Le mouvement Madi naît en 1946 à Buenos Aires : dans le milieu latino américain c’est la première proposition radicalement non figurative qui indique comme nouveau vocabulaire artistique la géométrie, la non représentation, l’esprit lucide. Il s’agit d’une proposition pour un art rationnel et sans dogmes. A travers une série de Manifestes, Carmelo Arden Quin, un des pères fondateurs de ce mouvement décline les caractéristiques de l’œuvre d’art Madi : avant tout l’œuvre Madi présente un cadre découpé, souvent le support est structuré en accord avec la composition, niant donc le cadre, et le rectangle comme formes « accueillantes » ; parfois l’œuvre Madi est transformable. En 1948, Arden Quin apporte avec lui ses idées à Paris (Savigny) où il habite encore. Doucement le mouvement prend vie et, grâce à la liberté laissée au choix individuel, séduit un grand nombre d’artistes. Des années 80 à nos jours, l’art Madi, grâce au dynamisme d’Arden Quin et Bolivar, a enregistré de nouvelles adhésions dans de nombreux pays, où sont nés de nouveaux groupes. Parmi eux : l’Italie, les U.S.A., le Canada, la Hongrie, la Belgique, le Venezuela, la France, l’Argentine, l’Uruguay et le Japon. Les artistes se sont organisés en groupes internationaux, ils exposent dans beaucoup de galeries et organisent des événements spéciaux comme le Festival Madi à Gyôr (Hongrie). Des musées Madi ont été ouverts : The Museum of Geometric and Madi art Dallas, Texas (U.S.A.), l’International Mobile Madi, Madi Foundation – Budapest (Hongrie), le Museu Madi – Sobral (Brésil)… ainsi que des salles permanentes dans divers Musées, comme la Galerie d’Art Mo-derne de Gallarate (Italie), le Musée Giulio Bargellini à Pieve di Cento (Italie) et le Musée d’Art Latino Américain de La Plata (Argentine).

Arden Quin est un artiste à l’imagination inépuisable, imagination que l’on retrouve dans ses depuis plus de soixante ans. Et l’originalité ne dément pas la cohérence jamais démentie entre les paramètres essentiels, tels l’équilibre et l’harmonie. Dès les premières œuvres où il adopte la forme polygonale, Arden Quin assigne « des rôles et des tâches » différents à la découverte fondatrice. Il s’en sert comme un stratagème pour libérer l’imaginaire. Il utilise le « cadre struc-turé » pour remédier à l’illusion de la profondeur, créer des cadres objets, jouer avec les limites de la peinture et de la sculpture ; il s’en sert encore pour créer ses « coplanals », ses formes en « H », qui créent un espace binaire et spéculaire, et ses œuvres en losanges eux aussi bipartites. En tant que coloriste Arden Quin dispose de moyens picturaux qui lui permettent de modifier continuellement et harmonieusement sa gamme, de se servir des couleurs pour mettre en valeur les non-couleurs, le blanc et le noir. Dans l’exposition, parmi les dernières œuvres nous trouvons « Sans titre » (2008) où l’artiste réédite la forme H. Scandant des bandes noires, grises et bleues, dans un calibrage précis, Arden Quin distingue le haut et le bas, créant un effet d’extériorité malgré la régularité de la répétition.

Arden Quin « Sans titre » (2008)
DR

Bolivar est considéré avec raison par Rosario Pinto comme « l’aile classique » de Madi. Ses œuvres manifestent une simplicité de formes proportionnées, un choix avisé de matériaux, qui, quoique un peu secret, révèle les caractéristiques sensibles de la matière, la précision des rapports entre couleurs. Dans « Itacumbu » (1994), l’artiste joue avec les couleurs et les formes dans leur présence/absence.

Bolivar « Itacumbu » (1994)
DR

Venons en au versant italien de l’art Madi.

Le groupe Madi italien est né en 1984 à Gênes (1) grâce à la ténacité de l’artiste Salvador Presta, et trouve son espace le plus important à Milan, dans la galerie « Arte Struktura » d’Anna Canali, qui la dirige avec détermination. Presta avait assisté à la naissance de Madi en Argentine, et s’y était associé en 1952. (2) A partir de ce moment l’artiste cultive différents aspects de la poétique du mou¬vement, du « cadre découpé » à la vraie et propre libération des couleurs dans l’espace avec ses « Aerocubi » des années 90.

Presta « L’amore dev’essere reinventato » (1985)
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Salvador Presta à la galerie de la Salle avec Arden Quin, Edith Aromando et Josée Lapeyrère en 1985 pendant l’exposition « Madi maintenant/Madi adesso »
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Brescia le 7/12/85, Salvador Presta avec Carmelo Arden Quin, Edith Aromando, Horacio Garcia Rossi, Alexandre de la Salle et France Delville
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L’activité artistique de Reale F. Frangi, dans le domaine de la création Madi pour ainsi dire « intentionnelle », se développe en partant de la rupture du carré, de l’ouverture et de l’exagération de l’angle droit, et de la conséquente expansion dans l’espace des limites de l’œuvre. La première phase de cette rupture se concrétise dans les œuvres soutenues par l’« archétype du double » théorisé par Riccardo Barletta. La phase suivante est une déstructuration en plans superposés qui détachent la forme de départ, lui donnant un mouvement. Dans « Rotazione » (1995), on peut observer comment Frangi dépasse la conception du double spéculaire en travaillant sur la translation du carré. Après cela, l’artiste s’enhardit dans une irrégularité de plus en plus grande.

A suivre...

 Retrouvez la première partie de cette chronique ICI

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