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Chronique 30 : Question de mémoire : César et Jany Carré (Part II)

Suite du texte d’André Verdet sur Chagall dans le n°1 de « GO ! » en 1984

Marc Chagall a inventé un mode de peindre qui ne doit ses références à quiconque. Si le cubisme, au moment de son amitié avec Guillaume Apollinaire, a marqué quelque peu son travail, il se situe néanmoins complètement en dehors des écoles, des mouvements ou des tendances de ce siècle ou des siècles passés. Il a révolutionné le monde des formes en les découpant, en les séparant, en les inversant. Il a créé des personnages hybrides mi hommes mi bêtes et qui demeurent vrais dans la candeur des regards jumelés. Il a inventé un nouvel espace doué d’apesanteur, où objets et personnages flottent, s’élèvent, légers et déjà célestes dans leur irréalité poétique. La couleur, mieux que tant d’autres peintres célèbres, il l’a pétrie, dosée, étalée amoureusement sur la toile, comme du bout de la caresse de ses pinceaux ou comme la cime d’une extase. Sur sa palette la chimie des couleurs devient alchimie. Marc Chagall est sans doute un des plus grands coloristes de tous les temps. Et il est sans doute le seul peintre au monde à faire coexister plusieurs tableaux dans un seul : maintes toiles contiennent en effet une telle multitude de scènes qu’il nous faut une longue et patiente observation si nous voulons découvrir les plus secrètes, les plus cachées, les plus enfouies d’entre elles. Oui, le « peuplement » des tableaux de ce peintre démiurge et visionnaire est si dense parfois que je me suis pris à songer devant tel tableau qu’il faudrait à la fois un microscope et une longue vue pour que la composition se révèle dans la totalité de ses intentions, de ses arcanes.
Cette rétrospective à la Fondation Maeght à Saint Paul de Vence est exemplaire. L’organisateur Jean Louis Prat, directeur de la Fondation a réussi un beau tour de force en nous offrant une exposition d’une telle richesse d’enseignements, d’une telle ampleur anthologique. Il n’est pas étonnant que le record des entrées à la Fondation ait été battu... Le nom de Marc Chagall rayonnait déjà dans une vaste partie du monde... Il rayonnera encore plus. (André Verdet)

Logo de « Ginsa », journal Internet fondé par César et Jany Carré (Archives Carré)

De Paris à la Côte d’Azur : César et Jany Carré

Mais avant de citer quelques textes d’artistes que j’ai aimés, exposés, et qui parfois ne sont plus là, voici le récit autobiographique haut en couleurs que César a eu la gentillesse de m’écrire, désireux que j’étais d’avoir une vision un peu résumée de leurs parcours mouvementés.

César Carré en 2012 (Archives Carré)

De Paris à la Côte d’Azur, via l’Afrique

1981 – Après Paris, l’Afrique, puis Neuilly, nous décidons, pour retrouver notre ciel bleu et le soleil du Gabon et de Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Cameroun, de nous installer en Provence, plus précisément sur la Côte d’Azur, à Vence, où j’avais quelques familles et y avait habité deux ans, autrefois.
Pendant ces années parisiennes, nous réalisions, pour Jacques Nahoum, producteur sur la 3, des spots publicitaires, dites « publicités compensées », réservés aux produits de l’Etat, car la publicité commerciale et privée n’existait pas. Nous formions une petite équipe d’une demi- douzaine de personnes, on interprétait tous les rôles, devant et derrière la caméra, en dehors des Electros et Machinos, quand le script nécessitait leur intervention.
Jany collaborait à « Trente Millions d’Amis ». Quand Jean-Pierre Hutin, le patron, a vendu le titre à Hachette, mais sans le personnel, elle n’a pas souhaité rentrer dans cette société, et entreprendre une nouvelle carrière dans cet important groupe. Quant à moi, collaborateur freelance du magazine « GÉO » et de « Ça m’intéresse », vivre à une heure d’avion de la capitale, cela ne me changeait pas beaucoup d’une traversée de Paris en TER ou RER aux heures de pointe… C’était promis, quand ils auraient un sujet pour moi, ils me passeraient un coup de fil… Mais « loin des yeux, loin du cœur… », évidemment ils m’ont oublié…

César et Jany Carré en 2013 (Archives Carré)

La décision est rapide, et nous voilà provençaux, d’abord à Vence, puis à Villeneuve Loubet, après à Tourrettes-sur-Loup, avant un retour à Vence.
Dans un premier temps nous avons vécu sur nos réserves, ensuite, n’étant ni l’un ni l’autre enclins au farniente, nous avons cherché une activité en rapport avec notre passé journalistique, ce ne fut pas facile…
En Afrique, j’avais acquis une grande expérience du reportage vidéo, dont c’étaient les tout débuts. C’est ainsi que nous nous sommes installés aux Studios de la Victorine à Nice. Je créai la société de production « Channel 7 » - une SA dont le siège était à Paris et où j’avais mes partenaires financiers - pour produire des Courts et Moyens Métrages, et des Reportages Méditerranéens.
Jany me secondait en qualité d’Assistante de Production, et, sur les plateaux, à la fois comme Assistante de Réalisation et Scripte. Notre équipe se composait d’une dizaine de jeunes gens, et de deux professionnels, plus aguerris, selon les circonstances et les programmes. Nous profitions, bien sûr, de toute l’organisation et des structures des Studios, avec un plateau à ma disposition, le 4. Au début, les Studios accueillaient, de temps en temps, une grosse production long métrage, entre autre Black Edwards pour une nouvelle « Panthère Rose », mais sans Peter Sellers, récemment décédé. J’ai travaillé pour cette dernière production, en particulier pour réaliser des « Making off » de leur tournage. J’ai même été engagé pour tenir mon propre rôle de « reporter de TV » …. Ce fut passionnant, mais sans lendemain.

Rendez-vous TV Saint-Tropez (1998) (Archives Carré)

Hélas, après le départ de Michel Fugain, qui occupait le Plateau 6, le plus vieux, tout en bois, parfait pour sa troupe de danseurs, nous nous sommes retrouvés tout seuls et les derniers présents aux Studios. Nous avons tourné une fiction, « Astrolab » mettant en scène, pour un client égyptien, de très jeunes aventuriers cosmonautes. Pour finir, nous nous sommes installés sur le Plateau 1 pour tourner un long métrage policier, dont l’action se déroulait sur la Côte, avec Galabru, comme vedette… mais mon associé, co-producteur du film, a manqué à sa parole !
In fine, je me suis retrouvé seul au milieu d’un désert, et j’ai abandonné, après une Production et la Réalisation d’une vingtaine de films de Courts et Moyens métrages, de 25 à 52 minutes, dont « Sur les Chemins de Saint-Paul », « La Fondation Maeght, André Verdet raconte », « Dragsters au Castelet », « Le Carnaval de Nice », « Custom Show » à Paris-Porte de Versailles. Ensuite, « Golf à Valbonne », lors d’un Festival de Cannes, les « 24 Heures du Mans », la « Nioulargue à St.Tropez » « Traversée de l’Atlantique : de Marseille à Pointe à Pitre », Le « Mediterranean Trophy », en Corse, « Les Jeux Mondiaux de la Médecine » etc…
A nouveau « chômeurs », nous nous lançons dans une nouvelle aventure : « Go Magazine », pour une dizaine de numéros, le 11ème brûle dans l’incendie de l’imprimerie, et nous nous retrouvons, financièrement parlant, sur la paille…
Alors Jany obtient un contrat avec TNS Sofres pour le traitement vidéo sur ordinateur des Journaux de La 3 Côte d’Azur. Une expérience de 7 ans !
Quant à moi, j’entrai comme professeur de Production remplaçant à l’Ecole de Cinéma de Nice, au bout d’un an j’ai eu l’idée de fonder un journal sur internet : « Ginsa », devenu ensuite « GinsaNews », en 1988. C’était le premier journal – bilingue français/anglais - sur le Web. Là encore ce fut passionnant, un énorme travail composé d’une Revue de Presse quotidienne, de grands reportages, études diverses… etc.
Cent cinquante-six pays au Monde se connectaient, avec des connections qui allaient d’une à trois fois par an (la Chine, en particulier), au quotidien ; une nouvelle aventure, partagée avec Jany, qui a duré, celle-là, vingt ans. J’ai arrêté, après le 40ème MIP TV et le Festival de Cannes de la même année. Pourquoi ? Parce que tous mes confrères de la presse internationale et patrons de chaînes mondiales ou de grandes entreprises multinationales, qui étaient mes interlocuteurs, partaient en retraite, à commencer par l’excellente attachée de presse Margot Gardett, et Xavier Roy, président du MIP TV, successeur de Bernard Chevry, le fondateur du premier MIP à Lyon, avant Cannes.
Depuis cette époque « glorieuse », Jany est entrée dans le bureau d’une association qui lançait un journal du Pays Vençois sur le web : « vence-info.fr ». Personnellement, j’ai rangé mes « outils » et je me suis relancé dans l’écriture littéraire, mais en repassant par la case départ : sept années de recherches et d’études sur l’antiquité Sumérienne et Egyptienne, pour aboutir à l’écriture de la tétralogie « Les Dieux », sous la signature « Caïus de Meurdrac », avec déjà deux volumes édités : « Les Dieux du Nil » et « Les Dieux du Tigre ». Les suivants sont en cours, sous les titres « Les Elohim » et « Ecce homo, le fils de l’Homme ». Entre ces deux prochains ouvrages – déjà élaborés - j’écris, pour me distraire, un roman d’espionnage, dont le titre déposé est « Sanaga ». (César Carré Damigny de Meurdrac)

Dans GO n°8, au 13e Festival de l’Image sous-marine d’Antibes, palme d’or à Christian Pétron pour « Les secrets du Grand Roques »

(A suivre)

Retrouvez les parties I, III, IV et V de la Chronique 30 :
Chronique 30 : Question de mémoire : César et Jany Carré (Part I)
Chronique 30 : Question de mémoire : César et Jany Carré » (Part III)
Chronique 30 : Question de mémoire : César et Jany Carré (Part IV)
Chronique 30 : Question de mémoire : César et Jany Carré (Part V)

Photo de Une : César et Jany Carré de Meurdrac à Cannes en 1988 (Archives Carré)

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