Perspectives évolutives
Artiste majeur du XXIème siècle, on peut certes confondre le travail de Georges Rousse avec celui de Felice Varini, qui a peint sur les toits des docks de Saint Nazaire une gigantesque fresque rouge vermillon se reconstituant à mesure que l’on se déplace. Tous deux partent d’un point de vue déterminé pour créer des formes géométriques. Mais Georges Rousse investit principalement des espaces architecturaux désaffectés donnant une seconde vie à ce qui va disparaître. Il est invité pour une exposition au Musée de Vence en cette année du 70ème anniversaire du décès d’Henri Matisse.
Après s’être immergé dans une première salle consacrée à l’immense fresque de Sol LeWitt, on se retrouve devant une forme jaune qui semble miraculeusement suspendue sur fonds d’aplats colorés rouge, bleu, vert. Ce sont les couleurs de Matisse et de Sol LeWitt. Il faut se déplacer pour reconstituer le polygone à neuf côtés peint in situ. Photographe, peintre, sculpteur et architecte, Georges Rousse restitue ses œuvres éphémères et uniques dans des tirages grands formats exposés dans les salles du musée de Vence et qui donnent une idée de l’ampleur de son travail déployé dans de nombreux lieux dont la spectaculaire installation à la Conciergerie en 2015.
Certes, on trouvera un lointain rapport entre les anamorphoses de Della Francesca et ce genre d’installation spectaculaire.
Cependant, cette manière d’interroger notre relation à l’espace est tout à la fois plaisante, ludique et géométrique. Citons Georges Rousse : "J’occupe l’espace vide avec des formes sans fonction. Sauf à provoquer le rêve...". C’est la définition de la poésie, elle n’a d’autre fonction qu’elle même, et son inutilité nous est précieuse.