On la savait poétesse, écrivaine, lectrice, on la découvre artiste-installatrice-performeuse.
Sur la vitrine de la galerie, un journal mural étonnant annonçant : Air de Tunis (tue-Nice ?)
À l’entrée, deux grandes photos de l’artiste dans sa baignoire, un narguilé à la bouche.
Comme le mot narguilé désigne aussi bien la pipe à eau que le tuyau du scaphandre, Cécile les a confondus dans un même mouvement. Fumant le narguilé sous l’eau, elle redouble l’idée de la fumée (et du corps) refroidis et filtrés par l’eau.
Déculottée, aspirant la fumée provenant du fourneau (ou culot), lieu où se consume ce qu’on appelle "le bol" (constitué du tabac, de mélasse, de pulpe de fruits ou parfois de fines herbes), Cécile se saoule sous l’eau (une petite vidéo nous montre sa prestation filmée complète).
Plus loin, l’artiste a créé une installation dans une pièce fermée ne pouvant être aperçue que par un œilleton qui nous permet de voir une grenade dorée en suspension pendant qu’un texte est lu, nous transformant soit en voyeur, soit en écouteur.
Au milieu de la salle, Cécile se joue des mots en montrant ce très intéressant petit détournement d’un mini jeu de roulette où les numéros sont remplacés par des lettres, l’ensemble constituant une phrase : "il n’y a pas de hasard il n’y a que des rendez-vous" (Eluard in "Capitale de la douleur").
On attendait une performance (event) qui a finalement n’a été visible que de loin par la fenêtre du fond de la galerie.
Pour y accéder, un goulot d’étranglement entre ceux qui rentraient et ceux qui sortaient rendait la circulation très difficile étant donné le nombre important de participants.
Accédant enfin à la fenêtre, on peut apercevoir Cécile sur une terrasse projetant de grandes bulles de savon colorées puis descendre en escaladant un mur tout en esquissant des mouvements de danse. Elle revient ensuite à la galerie en faisant des bulles de savon (qui ont à voir avec le savoir, dixit Jean Mas ("nous savons").
Un deuxième event a eu lieu plus tard, consistant pour Cécile à remettre une couche de peinture invisible UV sur un graffiti peint sur le mur en pierre de l’arrière cours, inscrivant le nom de Mahmoud Paclerc, un des alias de Duchamp.
Heureusement, l’annonce de l’exposition nous avertissait que : "Dans le cadre du Diwan (le dit-vent, dixit Lacan), Cécile présentait son premier "Pavillon" (pourquoi pavillon ?), suivi de : "S’éclairant les unes les autres, différentes pièces se donnent à voir dans l’entretien secret de leur correspondance et le décompte in fine indécidable de leur nombre. Sous le patronage courtois de Mahmud Paclerc lequel pense qu’il vaut encore mieux détourner les noms de compagnies aériennes que les avions".