Ernest Pignon à la Fondation Vuitton
- Une des oeuvres d’Ernest Pignon Ernest ©AA
Ernest Pignon Ernest a toujours aimé les poètes de tous les pays à qui il a n’a cessé de rendre hommage tout au long de son œuvre. À la Fondation Vuitton, sur l’invitation de Suzanne Pagé et Hans Ulrich Obrist, il a créé pour cette Biennale deux œuvres inédites : la première sur la plus grande poétesse russe Anna Akhmatova, morte à Moscou et 1966, réhabilitée et reconnue après une vie douloureuse où elle a été persécutée par le régime soviétique. Cette poétesse a été amie et amante de Modigliani en 1910-1911 et elle a fréquenté La Ruche où vit Ernest depuis de très nombreuses années.
Un deuxième hommage a été rendu à Forough Farrokzhad, décédée en 1967 à Téhéran, une poétesse qui a marqué le renouveau de la poésie persane.
Grâce à son dessin impressionnant intégrant l’histoire et la mémoire enfouie, Ernest Pignon a réalisé de ces deux poétesses des portraits en pied à taille réelle, pour affirmer leurs « présence » universelles et indélébiles.« Mes travaux nécessitent beaucoup d’énergie et je ne trouve la dynamique que pour des thèmes qui me semblent indispensables. Je ne m’investis que sur des choses qui me touchent profondément, que je voudrais mieux comprendre, mieux saisir, sur lesquelles je souhaiterais intervenir. Mes interventions sont des interrogations aiguës, des révélateurs. »
Dans l’exposition admirablement sténographiée ponctuée par ses écritures manuscrites, on retrouve ses représentations devenues iconiques : Pier Paolo Pasolini pourtant son propre cadavre comme un reproche au monde et son Rimbaud intemporel tenant sa veste sur l’épaule, ainsi que les autres poètes qu’il a « sacrés » dans ses œuvres : Antonin Artaud, Jean Genet, Gérard de Nerval, Robert Desnos, Édouard Glissant, Pablo Neruda et Vladimir Maïakovsky.
À noter que la visite est libre dans ce beau lieu de la Fondation Vuitton juste derrière la place San Marco et que le catalogue de l’exposition est offert au visiteur. Il comprend des textes de Dominique Gonzalez-Foerster, et des interviews de Suzanne Pagé et Hans Ulrich Obrist.
Berlin de Bruyckère à la Fondation Cini (sur l’île San Giorgio)
Plusieurs grandes salles ont servi d’écrin à ses œuvres, à commencer par la grande église où sont exposés trois très grandes sculptures sur des socles métalliques de récupération. Plusieurs autres salles montrent différents travaux, tous aussi impressionnants.
Ses sculptures d’anges déchus incluant divers matériaux : peaux d’animaux, plumes, cires, tissus usagés, résines, etc. Leur tête est toujours recouverte, on devine les corps sous les tissus, seuls les pieds toujours nus sont visibles. Ils sont en extension comme s’ils ne touchaient pas terre. Ils ont l’air de pieds malades ou appartenant à de très vieilles personnes. Les pieds semblent fasciner l’artiste, on les retrouve seuls dans des vitrines.
- Berlin de Bruyckère est à découvrir à la Fondation Cini ©AA
Homo Faber à la Michelangelo Foundation
Dans un immense espace comprenant des cloîtres, des serres, des jardins et de grandes salles est présentée une exposition-promenade dans laquelle on découvre des œuvres exceptionnelles nées de la main de l’homme.
Dans une scénographie recherchée sont présentés près de 800 objets issus de l’artisanat, des arts décoratifs et du design contemporain de tous pays montrent la richesse des techniques quelquefois anciennes comme la marqueterie, la dorure, le stuc, le trompe l’œil, mais également des recherches contemporaines sur le verre, les textiles, la joaillerie. Ces œuvres de 400 homo faber sont éblouissantes.
Helmut Newton à la Fondation Giorgio Cini
Grande rétrospective montrant la richesse et la variété de celui qui ne voulait pas se considérer comme un artiste, mais comme un photographe. De ses débuts en Australie dans les années 40 et 50 jusqu’à ses dernières œuvres de Monaco, ses photos ses portraits et ses reportages à travers le monde ont marqué leur époque.
Exposition Glasstress 8½ à Murano
Adriano Berengo collabore depuis plus de trente ans avec des artistes pour créer des œuvres originales à la pointe de l’art contemporain et du verre. Ces collaborations ont abouti à des œuvres exceptionnelles où le génie des artistes parmi les plus célèbres a été confronté aux meilleurs maîtres verriers.
La visite commence dans l’ancien atelier de verrerie, immense et très beau, où une vingtaine de fours de toutes tailles, maintenant hors de service, ont travaillé pendant des dizaines d’années. Cet atelier impressionnant est un écrin où sont présentées des sculptures qui montrent que le verre permet aux suggestions les plus étonnantes de prendre forme. Ainsi, la tradition artisanale mariée à une utilisation contemporaine du verre a permis à Al Wei Wei de créer un genre de lustre vénitien impressionnant en verre noir fait d’os de squelettes humains et de crânes et Laure Prouvost a fait une installation de figurines animales très colorées. Arne Quinze, Tony Cragg, Koen Vanmechelen et une trentaine d’autres artistes de tous pays exposent dans plusieurs salles. Une vidéo les montre en action, discutant et créant avec les maîtres verriers. Le titre de l’exposition est un hommage à Fellini.
- Un genre de lustre vénitien impressionnant en verre noir fait d’os de squelettes humains et de crânes d’Ai Wei Wei @AA
"Your Ghosts are Mine. Expanded cinema. Amplified Voices " au Palazzo Franchetti
En accord avec la thématique de cette Biennale, un nombre de films et vidéos d’artistes du Moyen Orient et d’Afrique sont projetés sur des écrans autour des thèmes de l’exil, du déplacement, de la place des femmes, des frontières… Production Qatar Museums
Pavillon Arménien au Magazzino del Sale 3 all’Accademia delle Belle Arti
A découvrir l’exposition Echo au Pavillon d’Arménie de l’artiste arménienne qui vit à Paris Nina Khemchyan. Une mise en scène exceptionnelle des Sept péchés capitaux dessinée à la plume sur un rouleau de papier de 50 mètres. Chaque péché est représenté d’une manière très libre et virtuose, par des personnages expressifs et émouvants. Une deuxième salle présente un ensemble de sphères sphères en céramique bleue couvertes d’incrustations dorées. On entend des sharakans (chants sacrés de repentance), l’ensemble appelant à la méditation.
M.F. Husain au Magazzino del Sale
L’Inde est le seul grand pays à ne pas avoir de pavillon permanent à la Biennale, ainsi une retrospective de l’œuvre de M.F. Husain a été organisée par Kiran Nadar Museum of Art (KNMA), le plus grand musée d’art privé du pays. Surnommé le « Picasso de l’Inde », Husain, un des fondateurs de l’avant-garde indienne a développé un art multiforme : décors de théâtre, réalisateur de films, peintre, il est décédé à 95 ans en 2011.
Ses œuvres sont intégrées dans une grandiose présentation immersive créé par l’équipe à l’origine de la Van Gogh Experience.
Wallace Chan Transcendence à Santa Maria Della Pièta
La chapelle de l’église accueille quatre grandes sculptures impressionnantes suspendues au plafond de visages géants semblant souffrir. Ils sont en titane noir, la matière de prédilection de l’artiste. Une vision de la « Transcendance » explorant les frontières entre le matériel et le métaphysique.
Julie Mehretu au Palazzo Grassi
Grande retrospective de l’artiste, elle rassemble plus de cinquante peintures et œuvres sur papier et quelques travaux plus récents réalisés entre 2021 et 2024.
Son travail est essentiellement graphique. Il s’agit de superpositions à l’infini « d’écritures » à la plume formant des univers d’une grande densité dans lesquels semblent apparaître parfois des formes plus ou moins figuratives. La vidéo la montrant sur un élévateur devant une toiles immense de dizaines de mètres carrés retrace bien la profondeur d’une œuvre qui n’a ni début ni fin, inscrite dans le temps et l’espace.
L’exposition est scandée par la présence d’œuvres de plusieurs de ses plus proches amis artistes dont des impressionnantes sculptures en bois et un remarquable drapeau déchiqueté.
Mont de Piété au Palazzo Corner della Regina
Christoph Büchel a réalisé une gigantesque installation envahissant un immense palais du Grand Canal, juste en face de celui de Pinault. Il a reconstitué avec les moyens de Prada un mont de piété entassant un nombre incroyable d’objets de toutes sortes au delà du vraisemblable. Il a dû vider plusieurs dépôts d’objets périmés alentours pour arriver à remplir ce palais dont on peut voir de beaux restes : fresques, sculptures, portes, escalier d’apparat, sorties sur les canaux.
Ce dégueuli d’objets de consommation abandonnés qui seraient encore à moitié bons et utilisables, au delà de la critique de notre société de consommation est un regard sur notre monde. L’artiste Ben Vautier qui a acheté toutes sortes d’objets dans l’Emmaus niçois pendant des décennies pour remplir son jardin et sa maison aurait aimé cette œuvre dont il est en quelque sorte le précurseur.
Cette installation est en même temps une reconstitution historique. Ce Palazzo Corner della Regina, bâti au XVIIIe siècle par Domenico Rossi a une histoire. Caterina Cornaro, la dernière reine de Chypre y a vécu, et en 1839, il a réellement servi de mont de piété jusqu’en 1869, mais il a eu d’autres vies par la suite avant d’être acheté par Miuccia Prada. Christoph Büchel a fait réaliser à l’identique des grilles de fer forgé qui servaient de guichets et acheter ou emprunter des superbes et impressionnants registres du XVIIIe classés par année et présentés comme ceux issus de l’activité du mont de piété servant ici d’archives.
Avec cette exposition, la boucle est bouclée : « tout est art » aurait dit Ben une fois de plus.
- Christoph Büchel a réalisé une gigantesque installation envahissant un immense palais du Grand Canal ©AA
Rick Lowe au Palazzo Grimani
Dans ce somptueux palais rempli de superbes sculptures grecques dont le propriétaire était un grand collectionneur est présentée « The Arch Within the Arc », une exposition de peintures de Rick Lowe. Sa série de toiles et de collages de petits rectangles colorés en mouvement s’est inspirée de l’histoire du Palazzo Grimani et de Venise.
Cet artiste né en 1961 est le créateur et le promoteur de Row Houses, une communauté d’artistes
installée sur des habitats pavillonnaires qui avaient été abandonnés. Avec ses amis, il a réhabilité et redonné vie à toute un village, un exemple remarquable où l’art s’est doublé d’une pratique sociale.
Uncanny Ice by Dylan Katz
Un artiste finlandais qui travaille la matière verre pour la rendre semblable à des rochers glacés qu’il plante ensuite sur la neige dans des paysages très blancs.
Un hommage poétique aux pays froids, à la glace, à la neige et à la blancheur des paysages gelés.
Marco Polo au Palais des Doges
Une scénographie élaborée comprenant de très nombreuses vieilles et belles cartes nous fait revivre les itinéraires suivis par Marco durant plusieurs décennies. Chaque salle explore un pays traversé à travers des objets d’art et des meubles de qu’il a dû découvrir tout au long de son parcours, avec bien sûr un focus sur la longue période qu’il a passé en Chine.
Toute la programmation à retrouver sur le site de la Biennale attention fin des expositions le 11 octobre !