Partager et fédérer font partis des traits de caractère de Franka et cette ouverture en est un des signes évidents.
Poussée par l’envie de montrer son travail et d’en présenter les coulisses, ce lieu aura aussi pour vocation de dialoguer avec d’autres artistes. La rencontre est essentielle, elle permet la confrontation et participe à un enrichissement mutuel. Franka poursuit ainsi ce qu’elle avait amorcé en Afrique du Sud à travers son association artistique AMAKHONO, créée dans les années 80 pendant l’apartheid, à savoir, un lieu d’échange, de rencontre, de travail où chacun
pouvait s’exprimer en toute liberté.
Née dans le Tyrol Italien, la famille de FRANKA SEVERIN puise ses racines en Russie, en Croatie ou encore en Allemagne. Ces identités multiples enrichissent et déterminent sa personnalité, elle comprend très vite que le monde lui appartient.
Après une scolarité lapidaire, elle suit pendant 2 ans des cours dans une
école d’art à Copenhague.
En 1979, en prospection en Afrique du Sud pour une société de charbonnage, elle n’en reviendra plus, happée par le pays. Elle y devient propriétaire de mines qu’elle dirigera pendant de nombreuses années.
Seule et unique femme dans ce domaine d’activité elle va s’y imposer et fera modifier une loi existante pour permettre aux femmes de travailler en toute égalité avec les hommes.
La seule constante de toutes ces années bouillonnantes est la peinture.
A peine arrivée à Johannesburg, elle rencontre l’artiste Bill Ainslie avec qui elle va collaborer de 1979 à 1986. Pour Franka, peindre participe à une nécessité vitale : elle jette sa vie sur la toile. Son histoire, mais aussi celle de son nouveau pays d’accueil s’y inscrivent à travers une palette de couleurs intenses, des traits violents et l’utilisation de matières trouvées in situ. Un temps portraitiste elle s’en écarte comme tout ce qui risquerait de l’enfermer dans un carcan.
Détachée des tendances établies de l’art contemporain, elle ne veut appartenir à aucune école, à aucun style, toujours ce besoin d’indépendance qui est le trait principal de son caractère.
Les formats de ses tableaux sont à l’image de sa vie : énormes, démesurés mais tout en finesse.
Paysage grandiose, portrait de mineurs, reproduction de mines, de terrils, elle peint aussi les ghettos et la lutte des noirs car pour elle l’apartheid est son quotidien et un sujet sensible.
En 1994, elle sera en première ligne le jour de l’investiture à la présidence de Nelson Mandela par Frederik de Klerk avec qui elle se lie d’amitié en arrivant en Afrique du Sud, alors qu’il était ministre des Mines et de l’Environnement (1979 – 1980).
Il est difficile de détacher la vie professionnelle de Franka de son activité artistique comme si l’une n’était là que pour justifier et alimenter l’autre, se faire le porte parole d’une vie peu commune. Son travail est fatalement une réaction à un environnement politique qui participe à l’histoire universelle.