Ses titres en appellent à la nature - été, mimosa, lever de lune… - et plus encore
au temps, dont l’oeuvre reflète une approche particulière. Cosmique avant tout, chaque peinture fait
partie d’un tout –et c’est là un élément presque romantique des Flache Arbeit, un éternel « work in
progress » qui ne cherche ni à se stabiliser ni à se définir, bien au contraire. Ce qui intéresse plutôt
l’artiste, c’est de « réunir la peinture et la réalité. »*
L’expérience du présent comme seul idéal
L’expérience du présent comme seul idéal se pose
comme la véritable trame : les reflets sur la laque des peintures s’allument et s’éteignent, se déplacent,
changent, disparaissent. L’artiste y voit « les images éternellement fuyantes de la réalité et du présent »*.
Un idéal à la fois « triste et beau »*, « mélancolique »* par son aspect irrémédiable, et par
l’incontournable absence de vérité dont il ouvre le gouffre devant nous.
Proche de la pensée zen, mais aussi du courant occidental de la philosophie tragique (Montaigne
écrivait "Je ne peins pas l’être, je peins le passage"), Adrian Schiess nous fait sentir par des moyens purement
visuels, en dehors de tout discours et peut-être ainsi de tout concept – (doit-on considérer que
sentir et comprendre sont réellement deux démarches différentes, ou qu’elles sont au contraire intimement
mêlées ?) les limites non seulement de la peinture mais aussi de notre existence.
Le résultat alors importe peu
Le résultat alors
importe peu : importe bien plus le processus, témoignage de la vie, et la vision totale d’une oeuvre
unique, assimilable à l’univers infini, dont la sienne propre ne serait qu’un fragment.
L’utilisation de matériaux technologiques et modernes, au lieu d’établir notre capacité à dominer les
événements et à maîtriser notre condition, met en lumière la sujétion de l’individu à l’ensemble, ce que
Schiess appelle « cette éternelle histoire du drame humain »* : infinitésimale parcelle d’un tout, il y
retournera toujours, quelles que soient ses agitations vaines ou ses aspirations, ses réussites. Plus éternels
peut-être, la volonté qui préside à nos gestes, le renouvellement incessant des formes, l’expérience
de peindre mais aussi celle de regarder : l’élément révèle le tout, et l’instant l’éternité.
Claire Bernstein
*Les phrases citées proviennent de divers interviews d’Adrian Schiess.
Expositions personnelles récentes
– 2011
Fonds Régional d’Art Contemporain PACA, Marseille
– 2010
Musée d’Art Moderne, St. Etienne (Kat.)
Galerie Tanit, München
Galerie Catherine Issert, Saint-Paul
– 2009
Musée national Fernand Léger, Biot (Kat.)
Galerie Wilma Tolksdorf, Berlin
– 2008
Distrito cu4tro, Madrid
Le Parvis Centre d’Art Contemporain, Tarbes (Kat.)
– 2007
La Station, Nizza
Indianapolis Museum of Art, USA (Kat.)
– 2006
Galerie Tanit, München
Donation Mario Prassinos, Saint Rémy de Provence (Broschüre)
Intuition und Form. Erwin Bohatsch - Adrian Schiess, Sammlung Ploner, Wien (Kat.)
– 2005/2006
Atelier Amden : Das Kunstwerk und sein Ort, mit Annelies Strba, Amden