Le prix de la Jeune création
Le prix de la jeune création contemporaine est remis chaque année dans le cadre de l’exposition des jeunes diplômés de l’Ecole d’Art de la Villa Arson.
Ce prix répond à une volonté forte d’engagement de la Ville de Nice et à une nécessité d’aides des jeunes artistes au sortir de l’école.
Organisé par la Ville de Nice et soutenu par la Fondation Bernar Venet, il récompense deux jeunes artistes choisi par un jury de niveau international composé de Mathieu Mercier (artiste, Prix Marcel Duchamp 2003, galeriste, Paris), Stefano Pezzato (Directeur du Musée d’Art Contemporain du Prato, Florence), Jean-François Torres (collectionneur, Mouans-Sartoux), Eric Dyuckearts (artiste, coordonateur pédagogique, Villa Arson, Nice), et Martine Meunier (directrice de la Galerie de la Marine, Nice).
Les lauréats reçoivent chacun une aide à la création d’un montant de 1.500 euros, assortie d’une résidence et d’une exposition à la Galerie de la Marine l’année suivante.
Ce prix s’inscrit dans l’exposition annuelle des diplômés de l’Ecole nationale supérieure d’art de la Villa Arson. Cette exposition en deux volets, à la Galerie de la Marine et à la Villa Arson, participe pleinement à l’accompagnement de ces diplômés et à une première forme de reconnaissance.
La Ville de Nice s’inscrit ainsi dans une véritable promotion de l’art contemporain, tournée vers ces jeunes artistes, les artistes de demain.
Monsieur de La Pérouse
L’été dernier, la Galerie de la Marine présentait dans l’exposition Santé !, exposition des diplômés 2009 de l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de la Villa Arson, deux grandes pièces de Yasmina Hatem et Loïc Pantaly, « Antipodes 2009 » et « Principe 21 » qui ont valu aux deux jeunes artistes d’être nominés au Prix de la Jeune Création de la Ville de Nice et de la Fondation Bernar Venet. Les lauréats ont reçu une aide à la création, assortie d’une résidence et d’une exposition.
Invités par la galerie du 30 octobre au 23 janvier 2011, ils présentent leurs travaux dans l’exposition A-t-on des nouvelles de Monsieur de La Pérouse ?
En 1785, Louis XVI charge l’officier de La Pérouse de conduire une expédition de découvertes. Elle visait à affiner le contour des cartes, étudier les mœurs des peuples inconnus, établir d’autres comptoirs, ouvrir de nouvelles routes maritimes, enrichir les connaissances scientifiques de l’époque. En 1788, ses deux vaisseaux, l’Astrolabe et la Boussole disparaissent mystérieusement.
Pourquoi ce titre ?
Le titre de l’exposition de Yasmina Hatem et de Loïc Pantaly , A-t-on des nouvelles de Monsieur de La Pérouse ? n’offre aucun indice, ni piste de lecture pour la compréhension de l’exposition.
Il a été choisi davantage en résonance avec la façon dont les deux artistes ont pensé cette exposition commune, ayant chacun une pratique de l’art très différente. Monsieur de La Pérouse devient ainsi une sorte de commissaire fantôme, signifiant par son absence, la façon dont les deux artistes ont pensé le projet artistique. Son esprit de recherche, de curiosité et d’aventure marque aussi une nouvelle étape dans le parcours des deux jeunes artistes.
Le travail de Yasmina Hatem interroge la notion d’espace. A partir de la préhension d’une structure, elle opère des prélèvements d’éléments qu’elle décompose, hors de toute logique stylistique et qui sont autant de matériaux, de formes, de signes. En se jouant du contexte, elle recompose des propositions « qui font scintiller une multitude d’ordres possibles ». Yasmina Hatem vit et travaille à Nice.
Les œuvres de Loïc Pantaly sont moins importantes que le processus d’élaboration dont elles résultent. Mettant en œuvre l’idée du Principe de gestation, en prenant l’œuf pour objet référent comme pour puiser à la source de sa propre créativité, Loïc Pantaly nous invite dans un univers clos, qui s’autonourrit de son fonctionnement. Il vit et travaille à Marseille.
Les artistes
Yasmina Hatem
Yasmina Hatem est née en 1985 au Caire. Elle vit et travaille à Nice. Après avoir suivi les cours de l’école d’art et de design « Le Quai » à Mulhouse, elle intègre l’Ecole nationale supérieure d’art de la Villa Arson en 2007.
Elle obtient son DNSEP en 2009, et la même année, dans le cadre de l’exposition des jeunes diplômés de la Villa Arson à la Galerie de la Marine, elle remporte le prix de L’étendoire pour la jeune création contemporaine de la Ville de Nice.
Elle a déjà exposé à plusieurs reprises.
En résidence aux ateliers Spada, ateliers d’artistes de la Ville de Nice, elle participe depuis 2008 au séminaire La forme des idées organisé par Patrice Maniglier, Joseph Mouton et Bastien Gallet à Nice.
Loïc Pantaly
Loïc Pantaly vit et travaille à Marseille. Après avoir suivi les cours de l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Marseille et de l’Ecole supérieur d’Art d’Avignon, il intègre l’Ecole nationale supérieure de la Villa Arson.
Exposant dans le cadre de l’exposition des jeunes diplômés de la Villa Arson, il obtient le prix de la Fondation Bernar Venet. Depuis 2006, il a exposé à de nombreuses reprises.
Texte de présentation de Yasmina Hatem
« Ma pratique se fonde sur une spéculation autour des différentes notions d’espace tel qu’il a été conçu à travers l’histoire de la philosophie, des mathématiques et de l’art. L’espace est considéré non seulement comme une forme à priori de la sensibilité mais surtout comme une fiction, oscillant entre le fantastique et l’absurde, à construire, à articuler, à confronter.
Par une méthode intuitive, j’identifie des structures fixes dont j’interroge le potentiel interprétatif par déplacement, juxtaposition ou télescopage des différends éléments. Ainsi recombinés, ils prennent place au sein d’un réseau de connexions entre systèmes de repérages et systèmes de références. Qu’il soit d’ordre linguistique, conceptuel, formel ou matériel, chaque élément affecte un ensemble de relations à la fois concrètes et virtuelles. Ce sont les opérateurs autonomes de la construction. Les agencements ainsi constitués hors de toute logique stylistique, n’obéissent pas non plus aux exigences d’une référence uni-que. Au contraire, ils superposent des signifiés multiples et même contradictoires. Du local au global, par tour et détour, ils se jouent du contexte jusqu’à faire scintiller une multitude d’ordres possibles.
De par la théâtralisation de la mise en œuvre tout semble déjà là sous nos yeux. Mais lorsque l’on cherche à retracer les liens qui fondent les différents partis pris, les objets se chargent d’un air fuyant, opaque voire mystérieux. Comme des balises dispersées et dissimulées, chaque fragment devient l’indice d’un sens qui reste caché, abrité en un double-fond. En français, il y a une relation phonétique entre imbitable et inhabitable. Il s’agit de franchir le pas qui de l’incompréhension mène à des espaces qui nous absentent, comme moyen de ramener le contenu énigmatique ou ce qui nous échappe dans la sphère de la perception. »
Texte de présentation de Loïc Pantaly
« Chargés d’humour et d’ironie, les œuvres de Loïc Pantaly forment un univers empirique autour de dispositifs mettant en scène un processus créatif qui s’articule autour du « Principe de gestation ».
Se subordonnant en une vision subjective de l’artiste en proie à ses pensées, à ses doutes, à sa démarche, Loïc Pantaly utilise une mythologie artistique se nourrissant d’elle même et de sa propre influence. Ainsi, le processus et les outils qui permettent de mettre en œuvre ses idées sont beaucoup plus importants que l’œuvre elle-même.
Cette auto-instruction non revendiquée mais subie lui permet de dénoncer la fracture de certains artistes d’aujourd’hui à vouloir limiter le rapport entre l’art et la vie.
Le mode mimétique de l’artiste s’enfermant dans son propre système est utilisé comme une altérité à la fois désirée et subie. Cette dualité s’inscrit sous la forme de schémas de recherches aux allures complexes et introspectives.
Ces schémas se composent de l’expérience et de l’observation d’un prétexte qui est celui de l’objet. L’artiste opère une « dématérialisation de l’objet », chargé de symbolique, en divers points de vue, approchant celui de la pataphysique.
Cette dématérialisation emmène à des ébauches de sculptures visibles dans le schéma. Ressorties de leurs contextes schématiques, elles prennent place dans un espace d’installation et forment une assimilation des recherches effectuées.
Proposant chacune un principe de gestation différent par filiations d’idées, ces sculptures entraînent le spectateur dans un dispositif déceptif, provoquant le rire mais aussi des sentiments liés à la mélancolie. Ce hiatus entre mise en œuvre et échec de la démarche est au centre des préoccupations de Loïc Pantaly. »