Pontus Hulten, directeur artistique du Centre Pompidou, a choisi pour l’inauguration une exposition présentant "l’essentiel de la création artistique dans cette ville et dans les Alpes-Maritimes depuis 1947".
Il en a confié l’organisation à Ben "depuis longtemps le témoin et l’acteur des événements artistiques dont Nice fut le creuset et l’inspiration. Nul mieux que lui pouvait aujourd’hui recréer ces années si neuves des dernières décennies."
Co-commissaire de l’exposition avec Maurice Eschapasse et Nathalie Brunet, Ben a thématisé l’accrochage en trois mouvements : Le Nouveau Réalisme, Fluxus Art Total et Support/Surface.
En tout, les œuvres de trente artistes ont été présentés dans un Beaubourg encore en rodage où les espaces d’expositions ne sont pas encore bien définis. La présence écrasante des tubes en couleur (qu’on aperçoit sur les photos) notamment perturbe la vision.
Les œuvres sont accrochées dans la très grande salle (à droite de l’entrée) donnant sur la placette qui accueille aujourd’hui la piscine Tinguely. Une table a été réservée à la culture occitane (Ben y rattache Raphaël Monticelli).
Il ne reste que peu de documents visuels de cette exposition. Heureusement, nous avons sept photos de Marcel Alocco.
De grands panneaux blancs séparaient les espaces où ont été exposées les œuvres (peintures, sculptures et installations) des trente artistes originaires ou vivant dans la région niçoise : Marcel Alocco, Arman, Georges Brecht, Louis Cane, Louis Chacallis, Max Charvolen, Albert Chubac, Erik Dietman, Noël Dolla, Jean-Claude Fahri, Robert Filliou, Roland Flexner, Vivien Isnard, Yves Klein, Rotraut Mocquay-Klein, Serge Maccaferri, Robert Malaval, Jacques Martinez, Jean Mas, Martin Miguel, Serge III, Bernard Pagès, Patrick Saytour, André Valensi, Ben Vautier, Claude Viallat.
Si beaucoup nous ont quittés (plus de la moitié), ceux encore vivants et toujours en activité ont développé des œuvres remarquables.
Le vernissage - qui était en même temps l’ouverture du Centre - a été inauguré par le Président Giscard d’Estaing qui, semble-t-il, n’avait pas été à l’origine très favorable à la création de ce centre d’un nouveau genre impulsé par Georges Pompidou qui a voulu créer « au cœur de Paris » une institution culturelle originale vouée à la création moderne et contemporaine, où les arts plastiques voisineraient avec les livres, le design, la musique et le cinéma.
Giscard succédant à Pompidou, les crédits étant votés et le bâtiment déjà en cours de construction, Chirac alors premier ministre et favorable au projet, a fait valoir qu’il n’était plus possible de renoncer.
L’inauguration a attiré plus de 25 000 personnes (Jean Mas se souvient avoir serré la main de Madame Pompidou), un public intéressé aussi par l’architecture du Centre qui à l’époque faisait encore beaucoup débat.
D’après Marcel Alocco, les journaux niçois ont peu ou pas du tout suivi cet événement important qui a néanmoins valu une meilleure reconnaissance de nos artistes sur le plan national, sans toutefois impacter fortement les ventes.
Le catalogue conçu par Ben et préfacé par Pontus Hulten comprend un texte : « La créativité à Nice » de Jacques Lepage et une chronologie des « Moments de la création à Nice ». (de 1947 à 1977) ».
Le catalogue se conclut par quelques pages de « Prises de position par rapport au renouveau de la culture occitane », une liste (avec photos) des trente « Créateurs niçois » et une bibliographie.