Plus près de nous, il y a 160 000
ans, dans la grotte du Lazaret, des
foyers (les plus anciens au monde
?) et des traces de pigments qui attestent
l’existence d’oeuvres créés par l’homme,
un « chasseur-cueilleur-pêcheur » concepteur
de beaux outils : lames finement
taillées, bifaces parfaitement symétriques,
où la recherche d’esthétique sublime la
fonction. Les premières statuettes de Vénus
callipyges en pierres taillées (-50 000)
ainsi que de nombreuses gravures pariétales
retrouvées dans les Grottes des Balzi
Rossi (à 35 km de Nice) attestent d’une
recherche artistique développée. A l’âge
du bronze (1800 à 1400 av. J.-C. environ),
au Mont Bego, les artistes de l’époque
vont nous laisser une incroyable exposition
de gravures sur pierre (plus de 30 000 dont 20 000 figuratives).
Si la période grecque n’a laissé que peu de traces (vases, tessons),
la période romaine à Cemenelum est riche d’architectures, de sculptures,
de peintures.
Au Moyen Age, une première « Ecole de Nice » va naître avec Ludovico
Bréa (1450 – 1525), premier à sortir des codes traditionnels du
gothique, puis Mirailhet (1425), Canavésio (1450), Baleison (1463),
etc. Le Carnaval de Nice, grande fête populaire de printemps qui
existe depuis 1294, va avec Alexis Mossa (1844-1926), devenir un
spectacle avec chars, concours, cavalcades… et performances ? Son
fils G.A. Mossa (1883-1971), influencé par les symbolistes, crée une
nouvelle scénographie incluant des personnages issus des traditions
gréco-latines et populaires, mêlant le merveilleux, le grotesque
à l’actualité politique.
Fin du XIXe et début du XXe siècle, la région
voit arriver nombre d’artistes majeurs. Ils
arrivent pour le soleil, la lumière et souvent
pour retrouver des amis : Signac à
Saint-Tropez, sera rejoint par Matisse qui
peindra la toile « Luxe, calme et volupté »
(1904) inspiré par le climat de la région.
En 1922, Picabia est à Saint Raphaël, Soutine
à Cagnes, Dufy à Nice, Masson à Antibes,
Bonnard à Cannes et en 36, Picasso
rend visite à Man Ray installé à Antibes. Il
reviendra dans la région en 1937 avant de
s’y fixer définitivement.
Pendant la seconde guerre mondiale, tout
le cinéma français ainsi que nombre d’intellectuels
se réfugient à Nice. La librairie
de Jacques Matarasso, ami des Surréalistes,
est un lieu d’échanges où se rencontrent les principaux acteurs
du Nouveau Réalisme et ceux qui constitueront l’Ecole de Nice. En
1942, Jean Moulin ouvrira sa galerie d’art rue de France. Après la
libération, la région connaît une grande effervescence : l’UMAM,
née de la Municipalité de la Libération, a pour buts de contribuer
à la création d’un Musée d’Art Moderne, de découvrir de nouveaux
talents et d’aider les jeunes artistes. Des musées naissent (Picasso
à Antibes, Léger à Biot), ainsi que de nouvelles galeries (Hervieu à
Nice, Chave à Vence, Matarasso s’installe rue Longchamp). En 1946,
est inauguré le premier Festival de Cannes et en 1948 le premier
Festival de Jazz au monde (avec entre autres Louis Armstrong, Milton
Mezzrow, le quintet du Hot Club de France, etc.)
Dans les années 50 à 60, plusieurs « cercles » créatifs sont à l’oeuvre. Hors des institutions, ils donneront naissance
à cet esprit appelé plus tard « Ecole de
Nice » ainsi qu’aux premières performances.
Ces « laboratoires d’idées » sont le fait d’individus
qui attirent autour d’eux de nombreux créateurs.
Chez les Klein, à Cagnes sur Mer, on reçoit beaucoup d’artistes ou de galeristes
: Colette Allendy, Iris Clert, Pierre Soulages, Raymond Hains,
François Dufrêne, Villeglé, César, Ionesco, Tinguely, Hartung, Nina
Kandinsky, les critiques Charles Estienne, Pierre Restany, etc. Dans
les mêmes années, le « Club des Jeunes » créé par Jacques Lepage et
Paul Mari regroupe des poètes, des écrivains, des plasticiens (Biga,
Le Clézio, Arman, etc). Deux troupes de théâtre (Vaguants et TNP)
sont aussi très actives pendant que Ben propose la création d’un «
Théâtre total » (à partir de 1959).
Les années 60 verront l’explosion de ce que l’on nommera « performance
», un art (on en a des prémices dès 1905) qui ne cesse de se
développer en des formes différentes : art d’attitude, events, happenings,
flashmobs, etc., et s’assume comme un art total intégrant
tous les autres (musique, théâtre, danse, vidéo, etc.).
Cet art qui a connu un développement puissant dans notre région,
sera cet été et l’été prochain mis en lumière par la Villa Arson.
Le temps de l’action / Acte 1 Une recherche sur l’histoire de la performance sur la Côte d’Azur de 1951 à nos jours (24 juin - 16 octobre 2011)
Première étape d’une recherche sur l’histoire de la performance,
ce projet aboutira lors de l’été 2012 par la mise en ligne d’une
base de données la plus exhaustive possible sur le sujet, d’une
publication, et d’une exposition réunissant films, photos, objets
et documents divers. Pour rendre hommage aux nombreux performers
qui se sont exprimés dans la région, Eric Mangion et son
équipe installent dès cet été un dispositif original et dynamique
dans la célèbre galerie carrée qui sera pour l’occasion plongée
dans le noir. L’espace sera divisé en quatre secteurs carrés
égaux correspondant aux quatre périodes historiques : 1951 –
1962, 1963 – 1972, 1973 – 1990, 1991 – 2011.
Au centre de la galerie, une tente/habitat éphémère sera entourée
de quatre écrans suspendus dans le vide, chacun consacré à
une période. Cédric Morris-Kelly, au coeur du dispositif, mettra la
base de données à jour en temps réel.