A Cannes, en 2013, le Carlton a fêté ses cent ans !
Erigé au début du XXe siècle par l’architecte niçois Charles Dalmas, ce Palace incarne un esprit Belle Epoque et un lieu de rendez-vous des grands de ce monde. Aussi regorge-t-il de multiples souvenirs et évoque-t-il bien sûr l’image, toute en paillettes, du Festival de Cannes dont il fut le premier sponsor.
Le Carlton a joué un rôle clef dans l’histoire politique internationale. C’est dans ses murs qu’est née l’ONU, lors de la première conférence de la Société des Nations, en 1922. Quand Barack Obama est venu à Cannes pour le G20, en 2011, il a tout naturellement logé dans la même suite que le représentant américain d’alors, Mr Harvey.
Avec sa façade classée monument historique, ce Palace est un lieu d’exception imprégné de faste et de traditions.
Il suffit pour s’en persuader de pénétrer dans le Grand Salon classé lui aussi monument historique. C’est au cours d’un fastueux dîner dans cette salle de gala que Grace Kelly et le Prince Rainier échangèrent leur premier regard, à l’issue de la présentation au Festival de « La Main au collet ». En souvenir, le Carlton nomma la suite 750 « Suite Grace Kelly », aujourd’hui la plus demandée de l’hôtel. Avec une grande émotion, son fils, le Prince Albert II de Monaco, est venu, en personne, l’inaugurer, en 2010. Les fans de l’actrice souhaitent aussi visiter la suite 623, où se déroulent certaines scènes du film d’Hitchcock.
Durant le Festival de Cannes, le Carlton accueille de nombreuses stars de cinéma avec leurs habitudes et leurs caprices. Malya Zaim, Chargée des Relations Publiques de l’hôtel, nous a confié quelques anecdotes et souvenirs, telle la livraison de deux mille roses expédiées par un admirateur inconnu à une célèbre vedette, ce qui a créé un total désarroi auprès du concierge qui ne savait plus où disperser cette invasion florale. Dans les années 90, Faye Dunaway a commandé des litres de lait de chèvre pour ses bains. Une actrice française a voulu l’installation de gazon sur la terrasse de sa suite, ce qui était indispensable pour que son chien fasse ses besoins « dans la nature » ! Tel célèbre acteur gallois a fait un scandale en constatant que sa suite n’était pas bleue. Sous la menace de son départ, elle fut rapidement repeinte (peinture sans odeur et séchage rapide !) dans une nuance précise choisie par l’acteur ! Connu pour ses idées de grandeur, Orson Welles, n’a pas hésité lors de la présentation de « Falstaff » à inviter 110 personnes : au menu caviar, blinis et Dom Pérignon à volonté ! Au cours du Festival 2012, une célébrité a commandé en terrasse, dès 9 heures du matin, caviar et champagne Cristal Roederer pour un petit déjeuner à 2500 euros !
Ce sont les détails qui font l’histoire et le Carlton regorge d’anecdotes incongrues pour satisfaire les désirs de la clientèle.
L’hôtel se glorifie aussi de la fidélité de certains habitués de marque : Isabelle Huppert ne conçoit pas de descendre ailleurs, Angelina Jolie et Brad Pitt demandent toujours la suite Sean Connery et Gilles Jacob, directeur du Festival de Cannes, est un habitué, chaque année, de la même suite qui a pris son nom.
Comment pourrait-on ne pas aimer ce Palace mythique chargé de tant de souvenirs ?
A Nice, plus ancien que son voisin le Negresco, l’Hôtel Westminster doit son nom à la présence de nombreux Anglais sur la Promenade et à l’autorisation de la famille royale britannique de l’utiliser.
Deux villas, réunies et transformées, sont à l’origine du Palace qui appartient, depuis toujours, à la même famille, les Grinda. Chacun d’eux à sa manière a largement alimenté la presse people se distinguant dans la politique, la médecine, l’hôtellerie, les laboratoires, les start-up, et même le tennis, dont Jean-Noël Grinda fut un célèbre champion au début des années soixante, mais aussi un play boy international tourbillonnant dans la jet set avec, entre autres, Brigitte Bardot et Alain Delon. En 1966, il créa d’ailleurs, dans les sous-sols du Palace, une boîte de nuit, le « Psychédélic » !
Les Grinda détiennent le record de longévité à diriger un palace à Nice. Le parcours de cette famille niçoise renommée est incroyable. Aussi à dérouler leur histoire sur plusieurs générations, est-il facile de se perdre. Chirurgien de renom, député et ministre du Travail, Edouard Grinda, dont le portrait et le buste en bronze ornent le hall de l’hôtel, a fait voter la première loi sur les « assurances sociales », ancêtre de la Sécurité Sociale. Francine par son mariage s’associa aux Laboratoires Roussel, puis Thierry, son fils, épousa Cristina Onassis dont il géra la fortune après sa mort. Fabrice, informaticien de génie, s’est distingué dans les nouvelles technologies.... Chacun d’eux laissa trace de sa réussite dans le monde, bien que tous aient gardé racines à l’Hôtel Westminster.
Passée la façade austère, l’intérieur du palace offre une splendide harmonie entre modernité - les chambres sont d’un confort et d’un design de style scandinave - et tradition hôtelière de luxe, conservant une atmosphère début de siècle. D’étage en étage, dans l’escalier, sont exposés des tableaux du peintre Benda, souvenirs du Nice d’avant 1860, parmi lesquels la première bataille de fleurs. La merveilleuse salle aux Fresques est décorée, sur 140 m2 de plafond, de « grotesques » selon le modèle des grottes de la Rome Antique.
Les fresques, ainsi que le sol, en mosaïques d’une technique vénitienne, ont été récemment restaurés avec minutie.
Les anciennes salles de bal (Salon le Président et Salon Belle Epoque) sont devenues lieux de congrès, colloques ou mariages. Chaque palier est garni d’un immense miroir piqué par le temps, sauf un, qui, brisé par un client osant faire du patin à roulettes sur le palier, ne put être remplacé selon la technique de l’époque, l’utilisation du mercure étant aujourd’hui bannie.
La famille Grinda mérite donc à elle seule d’avoir laissé des traces dans ce splendide hôtel qui accueille une riche clientèle, surtout anglaise. Le Prince Philip, mari de la Reine Elisabeth, y séjourna avec sa suite. Jacques Chirac aussi, en habitué dont le personnel loue la gentillesse. Florent Pagny, Julien Clerc, Yannick Noah ...
Sur la Croisette ou sur la baie des Anges, ces merveilleux Palaces sont chargés de traces et de souvenirs qui s’ajoutent à leur prestige.