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Patrick BOCCAROSSA, un digne « héritier » des expressionnistes (2/3)

Son œuvre très diversifiée fait de lui un digne héritier des « expressionnistes » . L’expressionnisme souhaitait rompre avec l’impressionnisme en déployant des formes picturales très agressives où se mêlent des couleurs violentes et des lignes acérées. Pour autant l’expressionnisme n’est pas vraiment un mouvement ou une école ; il représente davantage une réaction contre l’académisme et la société. Souvent critiqué pour ses provocations dues à ses toiles exubérantes, Patrick Boccarossa adore les couleurs vives et les gestes larges.

Patrick Boccarossa, Couple rouge, 162 x 130 cm, Acrylique sur toile
©DR
Patrick Boccarossa, Regarde moi 150 x 150 cm, Acrylique sur toile
©DR

Considéré souvent comme un « nouveau fauve dans l’âme », il est le peintre de l’énergie et surtout des passions. Ses tableaux sont la projection d’une subjectivité qui tend à déformer la réalité pour inspirer au spectateur une forte réaction émotionnelle.

Ses présentations sont souvent fondées sur des visions angoissantes, déformantes, stylisant la réalité cherchent à atteindre une grande intensité expressive. Ses œuvres sont toutes de générosité et de la puissance d’un créateur qui traduit sûrement un appétit gargantuesque de sensations…

Patrick Boccarossa, Regard sur le néant, 162 x 130 cm, Acrylique sur toile
©DR
Patrick Boccarossa, Mépris et indifférence 162 x 130 cm, Acrylique sur toile
©DR

Une personnalité et une démarche en découlent ; elles le conduisent à s’intéresser plus particulièrement au corps, au corps martyrisé et par là au personnage de Saint Sébastien, le martyr par excellence .

Analyse d’une œuvre

Patrick Boccarossa, élément du triptyque sur le thème de St Sébastien, 2012 Acrylique sur toile
©DR

Cette œuvre de Patrick Boccarrossa, présentée à Bonson en 2012, dans le cadre du Festival du peu initié par Jean Mas traite du martyre de Saint Sébastien. L’aspect séquentiel de la réalisation se réfère aux peintures médiévales, réalisées avec la volonté évidente de raconter une histoire aux fidèles.

DESCRIPTION /INTERPRÉTATION

Ici l’artiste attire l’attention sur certains éléments essentiels qui participent à la narration, comme le drapé, la succession des feuilles de laurier ou l’enchevêtrement des corps humains, placés comme sur les prédelles des rétables à côté du personnage principal.

MORPHOLOGIE

L’intérêt de cette mise en scène est d’attirer le regard sur des parties annexes qu’on ne privilégie pas de façon immédiate ; et le recadrage de ces éléments confère aux gros plans une dimension nouvelle, un effet de hors d’échelle décalé en contraste permanent avec la représentation traditionnelle du personnage principal. Ces inserts forment des fragmentations rectilignes, opposées à la sinuosité des lignes courbes et à leur souplesse digne des graphismes de l’Art Nouveau. A la douceur des cernes délicats s’ajoute l’effet de transparence des surfaces qui n’est pas sans évoquer la lumière des vitraux.
Loin des touches gestuelles qui, habituellement animent les surfaces des peintures de Patrick Boccarrossa, la technique se veut plus homogène, composée de différents aplats pour indiquer les variations d’ombre et de lumière, sans exagération des effets de modelé afin d’apporter une nouvelle lecture proche de la bande dessinée à cette scène.

CHROMATISME

Les couleurs aussi perdent de leur virulence tout en gardant leur éclat. Les oppositions de bleus et de terres de Sienne se réfèrent aussi à la tradition médiévale avec le jeu des nuances multiples pour permettre d’atténuer la complémentarité.

(1) L’expressionnisme est un mouvement artistique apparu au début du XXe siècle, en Europe du Nord. Le critique d’art Wilhelm Worringer, en 1908, est le premier à parler d’« expressionnisme ». Il s’est particulièrement développé en Allemagne, jusqu’à l’arrivée de
Nazisme qui le mit au banc comme « art dégénéré ». En France, plusieurs peintres ont eu une période expressionniste : Georges Rouault, Georges Gimel, Gen Paul et Soutine.

(2) Saint Sébastien est un saint martyr. Romain, il aurait été tué lors des persécutions de Dioclétien au début du IVe siècle. Il est souvent représenté attaché à un poteau, le corps transpercé de flèches.

La suite dans la newsletter du 6 février prochain...

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