Marie-Elisabeth Collet ou la structure intérieure de l’organique (3/3)
DESCRIPTION/ INTERPRÉTATION
Au premier abord, l’œuvre se présente sous un aspect géométrique avec un dosage subtil de rigueur linéaire et de gestualité impulsive ; en fait le titre nous met sur la voie de l’interprétation en nous révélant l’ « entre deux », et la mise en évidence de la portion commune aux deux cercles entrecroisés semble répondre à cette locution. Mais « entre deux »…quoi ? la pratique et les recherches de l’artiste rappellent la matérialité des trois surfaces contiguës dans la partie oblique, à savoir le ciel, la mer , la terre, et l’ « entre deux » correspondrait à la zone intermédiaire, métaphorisée par un semblant de mouvement de vagues avec des éclaboussures intermittentes . Mais l’analogie figurative s’arrête là, même si les traces déchiquetées de la partie supérieure pourraient évoquer des filaments de nuages, tandis que les zones ombrées du bas seraient les magmas de la terre. L’œuvre ne se veut pas représentative mais reste dans la lignée des recherches de matérialité qu’affectionne Marie-Élisabeth Collet.
Références organiques, rapports aux éléments naturels, telles sont les tentatives que l’on peut percevoir dans ce travail de grande échelle. Les effets de matières transparentes sont dus aux procédés d’impression qui laissent la trace de l’outil effleurer la surface avec de multiples réserves de blanc. Les cercles entrelacés connotent les différents aspects de la terre, alors que les éléments qui la composent pourraient s’inspirer de leur inclinaison et de l’axe pivotant qui induit ici un mouvement de rotation. Mais tout cela n’impose pas une interprétation univoque, et laisse une totale ouverture au regard et à l’imagination : les imbrications de cercles et l’exaltation de la matière peuvent aussi bien conduire notre pensée vers des mondes inconnus ou des territoires inexplorés…sans s’arrêter obligatoirement à la vision cosmique proposée par le titre.
MORPHOLOGIE
La composition de l’œuvre mélange habilement les textures élémentaires et le tracé rectiligne qui pourrait les canaliser. Le format, pratiquement carré, se prête aux rapports équilibrés des droites et des courbes, comme dans les plus beaux exemples de l’architecture Art Déco. Les parallèles obliques accentuent le dynamisme ascendant, le passage ininterrompu du sol aux éléments célestes ; l’aplat homogène de la surface inférieure semble servir de tremplin aux matérialités évanescentes, jusqu’à la surface homogène du haut, véritable réceptacle des cercles en ébullition. Quant aux deux triangles latéraux, morceaux d’espace à la fois protecteurs et enveloppants, ils canalisent la poussée des éléments circulaires pour mieux les diriger. Les éléments de polyptique permettent de fragmenter ces visualisations d’espace, ces zones hétérogènes ou l’empreinte rivalise avec les graphismes impulsifs. Habilement intégrés dans les espaces latéraux, les tracés gestuels grattent la surface pour mieux faire appréhender leur vacuité et leur absence de matière. Le vide, ou le néant se traduit ici dans l’équilibre des triangles, alors que l’ébullition de la matière fusionne dans les circonvolutions circulaires en constant mouvement ; les espaces vides de blancs, à l’intérieur des sphères et dans les bandes obliques renforcent à la fois la construction de l’œuvre et le dynamisme de la composition.
CHROMATISME
Aucune couleur dominante ne se dégage de l’ensemble dans le but d’ équilibrer volontairement les différents éléments ; chacun semble porter sa couleur de référence, neutralisée par les gris latéraux qui apportent davantage de prégnance aux ocres rouges de la terre ou aux gris bleutés de l’eau. Cette ambiance de camaïeu permet de ne pas privilégier tel ou tel élément, mis en valeur par le blanc enveloppant qui sert de tissus conjonctif aux surfaces colorées ; la richesse de la matérialité apporte alors le contrepoint à une couleur souvent éteinte mais qui trouve son point culminant dans le fusionnement rougeâtre de la matière dans la partie inférieure.
Malgré le rythme ternaire des cercles, l’œuvre se lit essentiellement à travers des dichotomies évidentes ; les oppositions cercle/droite, matière/aplat et pleins/ vides sont autant de dualités qui traduisent la vie organique de l’œuvre, et la situent logiquement « entre deux ».
Pour en savoir plus
Adresse mail :
[email protected]
Adresse du site :
http://www.marie-elisabethcollet.com/
Expositions
1965
Exposition Jeune Peinture Méditerranénne, Nice
1966-1967
Atelier rue Dante à Nice
1967
Biennale de Menton
1984
Chapelle des Pénitents, Saint-Paul de Vence
1985
Exposition personnelle Les Ecorces, Galerie La Mandragore, Saint-Paul de Vence
1986
Maison des Artistes, Château-Musée de Cagnes-sur-Mer
Exposition de groupe Sex Symbole, Galerie Archétypes, Nice
Exposition Murailles avec des sculptures de Brigitte Nahon,
Galerie Archétypes
Exposition de groupe, Passau (R.F.A)
Exposition de groupe, Musée d’Art Moderne, Académie des Beaux-Arts, Cantanzaro
Exposition de groupe, Café de la Danse, Paris
1987
Exposition personnelle Murailles, Café de la Danse, Paris
Exposition de groupe Dessins et Papiers, Palais de l’Europe, Menton
Exposition de groupe au Japon, Musée National Taipeh (Taiwan)
Kobe City Art Gallery, Kobe
Jyuzenji City Art Museum, Jyuzenji
Exposition de groupe d’un multiple en céramique polychrome Gli ori di Tarento,
Galerie d’Art Moderne, Tarento
Galerie del Assessorato Regionale Serrisi Culturali della Puglia, Massafra
1988
Expo-Arte Fiera del Levante, Bari
Biennale des Femmes, Grand Palais, Palais
Signature du livre de Françoise Armengaud,Titres, Librairie Jacques Matarasso, Nice
1989
Exposition de groupe, Maison des Artistes, Château-Musée, Cagnes-sur-Mer
Exposition personnelle Impromptu, Rue Gioffredo, Nice
1990
Exposition personnelle Mesure des Terres Galerie Lola Gassin avec Z’éditions, Nice
Exposition collective, Beaulieu, Prix de la Ville de Beaulieu-sur-Mer
1990
Exposition collective, Galerie Tom Maddock, Barcelone
1992
Exposition collective Art et Cinéma, Chapelle des Pénitents, Vence
1993
Exposition collective, Hôtel Westminster, Nice
Exposition collective, Passau, (R.F.A)
1996
Exposition collective, Cinquantenaire de la Fondation de l’U.M.A.M."1946-1996",
Galerie des Ponchettes, Nice
1997
Exposition personnelle, Le Manteau de l’Empereur, Musée Municipal, Saint-Paul
1998
Exposition collective L’Autre, Villa Soleil, Nice
2004
Exposition Nuit des Galeries, Galerie-Librairie Laure Matarasso, Nice
2005
Exposition personnelle Rondos, Galerie des Ponchettes, Nice
Exposition personnelle Rondos, oeuvres sur papier, Galerie Laure Matarasso, Nice
Exposition Art-Ventures, Place Saint Sulpice, Paris.
2007
Exposition collective Beau comme un symptôme, CIAC Carros
Céramiques, Gallerie Evelyne Palud, Saint Jean Cap Ferrat
Bibliographie
1988 Françoise ARMENGAUD, Titres, Edition MERIDIENS
(entretiens avec ALECHINSKY, ARMAN, APPEL, CESAR, COLLET, CORNEILLE, DOLLA, HADJU, HARTUNG, HELMAN, HEROLD, JENKINS, LE GAC, MASSON,PHILIPPE.POL BURY, PONS, SOSNO, SOULAGES, TOPOR, TULLIO, VERDET.)
1990 Figure in Le Nom et la nomination, Edition ERES
1990 MARIE-ELISABETH COLLET chez Z’Editions, Collection Z’Artistes, Catalogue de l’exposition personnelle Galerie Lola Gassin. NICE.
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