Manuel Ruiz Vida et son objet de peinture (1/3)
« J’ai vécu pendant près de 11 ans à Dunkerque, ville portuaire industrieuse située au Nord de la France. J’ai étudié dans son école d’art et, très vite, je me suis orienté vers la pratique picturale.
C’est dans ce contexte qu’a grandi mon intérêt pour l’environnement bâti du port : chantier naval, hangars, silos et ouvrages marqués par l’usure du temps, l’attaque des éléments. Ces paysages m’inspirent ; constamment, ils déploient le « déjà là » de la matière picturale. Progressivement, ils sont entrés dans ma peinture et sont devenus les modèles quotidiens. Ce sont ces ouvrages qui composent cet environnement de masses colorées, champs de matière en activité qui captent depuis des années mon attention et ont peu à peu dévoré tout l’espace pictural.
Je documente ma recherche en investissant ces lieux qui deviennent mon motif et mon mobile.
Mon parti pris n’est pas la quête de fidélité mais d’inspiration. Ici, l’architecture est souvent composée d’ouvrages anonymes, d’objets monumentaux fonctionnels. Le paysage bâti se décline en silos, citernes, réservoirs, hangars qui n’acquerront leur statut d’objets picturaux que par l’insistance d’en arrêter l’épure de leur géométrie, d’en transposer leur modelé dans la matière picturale. Sous la lumière du Nord, ces effigies industrielles offrent aux changements atmosphériques leur matière colorée. Attentif à cette chimie des matériaux, je cherche à ériger la masse de ces sujets, à exprimer la profonde pigmentation de ces volumétries afin de délivrer les accents colorés de leurs peaux. » Manuel Ruiz Vida, 2004
Son parcours
Manuel Ruiz Vida est né en 1970 à Valenciennes. Son début de vie artistique, malgré ses origines espagnoles se déroule tout en haut de l’hexagone. D’abord à Dunkerque pour faire ses études à l‘Ecole des Beaux-Arts de 1993 à 1998 et où il obtient le diplôme National Supérieur d’Expression Plastique (D.N.S.E.P 1998).
Il s’installe ensuite à Lille où il bénéficie de bourses d’installation et de bourses de résidences. Plus récemment, il migre dans le Sud et se fixe à Marseille où son atelier se trouve désormais.
Lors de sa première implantation dans le Nord, Manuel Ruiz Vida s’est passionné pour les récipients, les réservoirs, les containers, les friches industrielles et les hangars ; autant d’objets qu’il installe sur l’étendue de ses grandes toiles pour en faire émerger leur espace intérieur. Ses références picturales sont à chercher dans la peinture New Yorkaise des années 60, de Rothko en particulier, pour s’adresser à la spiritualité de l’Homme contemporain.
Sa composition, elle, se rapproche de l’univers de De Chirico, bien que son empreinte et son fini soient tout autre ; il lui préfère l’usure, la rouille, voire l’érosion du temps à la vivacité des couleurs.
Ses résidences successives hors de France (1), lui apportent au cours des années de nouveaux thèmes sans altérer la permanence de son style. Par exemple, sa résidence à la fondation Wicar, atelier de la ville de Lille à Rome (2009), le conduit à substituer des sarcophages ou des blocs de pierre aux containers et aux réservoirs.
Depuis, son travail a fait l’objet de multiples expositions en France (Lille, Toulouse, Tourcoing, en Bretagne, à Barjols...), en Belgique (Bruxelles, notamment à la galerie Fred lanzenberg, Courtrai, Tournai..), au Luxembourg, aux Pays-Bas (Ulft, Rotterdam), en Espagne (Barcelone à La Casa Elizalde), en Italie (Rome, à l’artothèque), en Allemagne (à l’institut français de Rostock et à la Kunsthalle Rostock) et en Chine (Pékin au Beijing Today Art Museum).
http://www.dailymotion.com/video/xm...
Manuel Ruiz Vida, entretien avec Régine Bodin,
Espace Saint Cyprien, Novembre 2011.
Réalisation François Labaye
(1) Manuel Ruiz Vida a multiplié les résidences ou les voyages d’études, à Rostock (2005), à Masnières dans la vallée du Haut-Escaut (2007), à Pékin (2008), à Rome (2009), ainsi que ses séjours à New-York, Hong-Kong, etc..
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