Jean-Claude Meynard… ou une certaine approche de la complexité (3/3)
DESCRIPTION /INTERPRÉTATION
Cette sculpture se trouve à Valbonne ; la fiche technique nous indique qu’elle est « réalisée en forme de sphère et est constituée de 4 plaques d’aluminium découpé de 2,40m par 1,20m portées par un berceau en acier marine brossé. Elle a une envergure de 2,80m, exacte hauteur du pylône qui la soutient ».
La forme générale se découpe sur le ciel en raison de sa situation en hauteur (2,80 m) et nécessite le déplacement du spectateur pour appréhender la configuration générale ; les prises de vue différentes font émerger des figures géométriques qui sous-tendent la sculpture, telles que les cercles et l’axe médian. Les cercles horizontaux et verticaux se réfèrent aux latitudes et longitudes du « monde », en inscrivant ce globe ou cette boussole dans l’armature qui les symbolise habituellement.
Mais selon la position du spectateur, d’autres figurent peuvent se lire aisément : c’est ainsi qu’apparaissent des formes elliptiques (dues à l’écrasement des cercles vus en perspective), ou des cœurs qui se combinent par l’intersection des circonférences. Autant de riches connotations qui ouvrent la porte à des images imprévues : l’amour de l’être humain ou à la sanctification de l’homme grâce aux auréoles, selon notre choix ; les interprétations de ces multiples lectures se laissent déchiffrer à volonté et ouvrent la voie à une imagination abondante.
Élément essentiel de ce « Babel », la figure de l’homme n’est pas immédiatement discernable, mais se laisse deviner à travers les subtilités des pleins et des vides, et se déploie sur la sphère avec aussi de nombreuses interprétations. La simplification de la silhouette humaine renvoie aux schémas symboliques ou, pourquoi pas, aux logotypes ou autre pictogrammes. La multiplication de sa forme, au delà de la répétition sérielle, évoque tout naturellement le déplacement à partir d’un module qui serait inspiré de « L’homme qui marche » de Rodin, mais aussi la décomposition d’un mouvement, puisque la silhouette n’est pas identique et semble évolutive. Les phases successives connotent les recherches de Muybridge sur la chronophotographie ou « le nu descendant l’escalier » de Marcel Duchamp. Autant de références qui enrichissent cette chaine d’humanité, cette écriture humaine, selon les termes de Meynard, qui parcourt la sphère en lui conférant un réel mouvement.
MORPHOLOGIE
Les pleins et les vides des silhouettes humaines accrochent l’œil par leur graphisme complexe et tortueux ; ils transforment les plaques d’aluminium en surfaces quasi-abstraites, selon la position du spectateur. L’emplacement de la sculpture sollicite la vision à une certaine distance et engendre une simplification des formes de façon gestaltique.
Cette évocation des grilles de fer forgé s’oppose à la rigueur des droites et des courbes parfaites qui structurent l’ensemble, comme un tracé rectiligne qui réajusterait les aléas d’une dentelle débridée. La géométrie globale s’articule donc sur plusieurs dichotomies, le plein et le vide, la courbe et la droite, l’abstrait et le figuratif pour conférer une unité sémantique grâce aux composantes métalliques très structurées.
CHROMATISME
La rigueur du blanc et du noir prédispose à une interprétation universelle. Mais son utilisation n’est pas si simpliste : les alternances clair/foncé jouent dur les inversions de valeurs pour accentuer le dynamisme des silhouettes, et les vides se présentent comme des couleurs à part entière, lorsque la luminosité du ciel est à son comble.
En effet, l’apparence de dentelle anime les surfaces par les rapports colorés et aussi par les oppositions de matières : les brillances de l’acier s’opposent à la matité du métal noir, comme dans un jeu lignes et de plans contradictoires. L’écriture se lit ainsi telle un graphisme surligné.
Pour en savoir plus
Prochaine exposition
« DEMEURES FRACTALES »
Double exposition - installation de Jean-Claude Meynard
Du 15 février au 15 avril 2013
Médiathèque de Valbonne Sophia-Antipolis et Salle Saint-Esprit de Valbonne-Village.
Jean-Claude Meynard installe deux Demeures Fractales.
L’une à la Médiathèque de Valbonne Sophia-Antipolis dont il transfigure la façade et le jardin intérieur ; l’autre dans la salle Saint-Esprit du vieux village de Valbonne qu’il investit par une installation suspendue dans l’espace, presque en apesanteur.
Sur le bus de la ville de Valbonne Sophia Antipolis, l’artiste a figuré un immense fractal de silhouettes humaines en mouvement. Double circulation du bus et des hommes qui matérialise le lien entre les deux expositions, mais aussi entre le vieux village historique et sa technopole, abolition du temps comme de l’espace, géométrie nouvelle, fractale.
L’exposition est organisée en partenariat par la Médiathèque de Sophia-Antipolis, l’Artothèque l’Art Tisse de Valbonne et la Ville de Valbonne Sophia-Antipolis.
Pour accéder à "Nice-arts 2000+ : mode d’emploi", cliquez ici}
– Pour relire la 1e partie de la chronique, cliquez ici : Pour relire la 1e partie de la chronique, cliquez ici : http://www.artcotedazur.fr/artistes...
– Pour relire la 2e partie de la chronique, cliquez ici : Pour relire la 1e partie de la chronique, cliquez ici : http://www.artcotedazur.fr/artistes...