Jean-Claude Meynard… ou une certaine approche de la complexité (1/3)
Jean-Claude Meynard, né en 1951, vit et travaille actuellement à Valbonne. Sa carrière commence dans les années 70 dans la mouvance de l’hyperréalisme. Sa peinture développe alors, selon les dires du critique d’art Gilles Plazy « les figures de rites de passages et sa force est de ne pas en donner des images métaphoriques » (1) et ses toiles présentent des scènes emblématiques de la société de ces années-là : les cinémas de quartier, les bars, les flippers, etc…
Son œuvre majeure, Hyper Street (1975), est très symbolique de cette démarche : « un hyper-œil pour une hyper-réalité, une hyper-géométrie » (2). Son projet est de sortir du monde euclidien pour capter de façon antagoniste au même instant l’ensemble et le détail, le macro et le micro, le premier et le dernier plan,..
Progressivement son style évolue en jouant sur la diffraction ; Jean-Claude Meynard continue son approche de la complexité par une exploration d’un de ses thèmes permanents : les figures intérieures. Il parle d’une « Géométrie des Enigmes » et les catalogues décrivent son travail comme une « mise en peinture de la traversée des apparences »… Par des effets de lumière, de cadrage et de composition multiple, l’image, même la plus réaliste, se révèle être un « fantasme ».
Ses expositions s’intitulent Série Noire 3, Schizophrénie, Jeu.
Par exemple, avec Schizophrénie, l’artiste aborde le réel, non plus sous l’angle de « l’inventaire », mais au travers d’une géométrie de l’enfermement. Toujours, par le biais de ses mythologies urbaines -la gare, le métro, la cabine publique, les toilettes, cette fois- Jean-Claude Meynard cherche à montrer l’individu enfermé, comme interné, au cœur de la ville.
Dans les années 80, Jean-Claude Meynard se dégage définitivement de toute narration, de tout arrière-plan, pour faire surgir la « seule présence humaine » en pleine lumière. Les personnages sont peints comme des rayonnements avec des tracés, des contours réalisés par des lignes luminescentes. Ses deux séries la Danse et Héros et Dynamisme présentent des corps qui irradient la scène picturale.
Les corps s’installent comme des « impressions lumineuses », des sortes de persistances rétiniennes. Ses séries semblent souhaiter mettre en avant une fois encore la fragilité de l’identité humaine, jusqu’à son dédoublement… par la séparation picturale du dessin et de la couleur. Un clin d’œil aux Portraits de Marcel Duchamp. La série du Radeau des Muses, avec sa toile éponyme Le Radeau des Muses, est autant significative de cette période.
« Cette tentative désespérée de reconstituer le corps héroïque de la peinture est centrale chez Meynard qui méthodiquement, froidement même, travaille à recréer les conditions propices à sa venue. Si Meynard fascine c’est que son œuvre est le brasier glacial où crépite l’éloquence de la peinture. »
Nicolas Bourriaud, Préface du catalogue exposition Radeau des Muses, mai 1988
Suit une autre série Corps et âmes ; cette fois, les corps perdent leurs contours, leur ligne organique ou bien se dédoublent ; le dessin et couleur se veulent encore plus dissociés.
« L’œil voit émerger peu à peu, au centre de la composition, une forme humaine qui est prise, intimement et organiquement, dans les multiples facettes de la surface picturale (…) le sujet se dérobe, mimétisé au milieu d’un espace morcelé »
Giovanni Lista, catalogue Scribes et pharaons – mai 1994
(1) Gilles Plazy, catalogue Meynard - 1979
(2) Gilles Bastianelli (2009), Meynard ou la complexité des apparences, film réalisé pour le colloque Art, Science, Pensée de Mouans-Sartoux.
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