Esméralda de Bokay, de l’ornementation à l’art figuratif (1/3)
Après plusieurs années de dessins, croquis, nus et peintures aux Beaux arts de Toulon (Var), Esméralda de Bokay complète sa formation en tant que candidate libre à l’Ecole du Louvre à Paris (1986) dans la section Histoire de l’Art. Durant cette période, elle décide d’explorer à la fois le Baroque, la Renaissance Italienne et plus particulièrement l’Ornementation, pour créer son style tout en délicatesse de formes et de couleurs où le mordoré se décline dans de profondes et subtiles nuances.
Sa passion pour la peinture prend ainsi tout son sens et va nourrir un parcours éclectique et non conventionnel. Parallèlement, elle fera une formation de décoratrice en travaillant la peinture décorative et diverses techniques polychromes.
Elle entreprend de nombreux voyages à l’étranger qui seront ultérieurement sources d’inspiration… C’est au cours des trois années où l’artiste vit en Californie, notamment à Los Angeles, qu’elle monte une société de productions de reportages « déco » où elle collabore avec plusieurs magazines (Atmosphères, L’Officiel de la couture, Mes plus beaux Intérieurs, Wohnen-Schrönen, Ambiante, Brava Casa…)
De retour en France, la styliste prend un autre chemin, complémentaire à son activité de productrice et de journaliste qui la mène vers la décoration éphémère. Dans la foulée, Esméralda de Bokay ouvre un « atelier boutique » où elle rassemble ses quatre désormais « casquettes » : rénovation, customisation, patine, peinture. Elle assure ses chantiers en solo avec des équipes solides et fiables.
Ce premier parcours de décoratrice d’intérieur est « une évidence » pour elle ; son pari décoratif vise à embellir des parties de bâtiments et/ou de mobiliers d’intérieur. Ses matériaux de prédilection : la céramique, le mobilier, la ferronnerie, les textiles et les parures. Les éléments évoqués sont soit géométriques -lignes, bandes, cerceaux, croix, méandres et rinceaux-, soit naturalistes -feuillages palmettes et fleurs-.
« J’aime mettre une touche de couleur et de lumière dans un lieu pour agrémenter l’espace. Sans oublier d’y placer un message personnel d’harmonie et de paix. »
Esméralda de Bokay
Progressivement, Esméralda de Bokay installe sa posture d’artiste. Sa première approche reprend ses « outils » de prédilection : l’ornementation et l’enluminure. En permanence, la créatrice ressent une attirance particulière pour les ornements en matière de décoration, ses travaux de jeunesse, et pour les décors, notamment de ferronnerie. Est-ce des empreintes d’un grand père ferronnier ?
Il est difficile cependant chez cette artiste de repérer des périodes. Cette dernière n’aime pas se laisser enfermer, ainsi que ses œuvres, dans des catégories ! Plusieurs démarches sont développées en parallèle sur quelques thèmes permanents qui s’enchaînent, se déploient ou se complètent. Une de ses sources d’inspiration incessante est le baroque. La conjonction entre le baroque et l’ornement se traduit depuis 2004 chez elle par des angelots, ces éléments dominants du style baroque, qu’elle décline de moult façons.
Plus récemment, tout en poursuivant son travail d’ornementation, sont apparus d’autres démarches plus abouties. En 20012, une réflexion personnelle Instant T carpe diem, s’installe dans ses œuvres sur le temps passé (« le sien »), sur celui qui s’écoule ou qu’il reste à vivre qu’elle souhaite partager.
« Carpe diem, locution latine qui signifie « Cueille le jour sans te soucier du lendemain ». est appréhendée communément comme une incitation à bien savourer l’instant présent, sans toutefois récuser toute discipline de vie, dans l’idée que le futur est incertain et que tout est appelé à disparaître. C’est donc un hédonisme d’ascèse, une recherche de plaisir ordonnée, raisonnée, qui doit éviter tout déplaisir et toute suprématie du plaisir. »
Esméralda de Bokay, 2012
En 2013, le thème du « lien » surgit sous toutes ses formes -affectif, charnel (« cordon ombilical », « lien du sang, lien psychologique, emprisonnement aussi »)- et se déploie. Il sera symbolisé par le côté érotique du nu, un autre de ses thèmes de jeunesse- et du bondage.
Une constante chez l’artiste : faire émerger une sensualité à la fois picturale et spirituelle, en adéquation avec ses croyances. Raise me (Elève moi), toile révélatrice de ses pensées, où l’âme et le corps ne font qu’un dans un souci de pureté éternelle.
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