Basquiat
Ses influences sont haïtiennes, africaines, portoricaines, new-yorkaises : les masques, la publicité, le tracé des rues, etc., densifient des œuvres qui semblent exploser d’énergie vitale et d’agressivité.
Enfant prodige de la moyenne bourgeoisie, il dessine dès l’âge de quatre ans. Ses parents le décrivent comme un enfant imaginatif et hyperactif.
Un accident de voiture à l’âge de six ans va laisser une trace indélébile. Le camion de lait qui l’a renversé est souvent représenté dans ses toiles où l’on retrouve aussi le mot « Boom ! ».
Gray’s Anatomy
Hospitalisé un mois, sa mère lui offrira un livre d’anatomie détaillé : Gray’s Anatomy dont il recopiera les planches, apprenant à dessiner l’intérieur de corps disséqués. Plus tard, il créera aussi « Gray » un groupe de musique déjanté.
Curieux de tout, lisant beaucoup, écoutant du jazz (surtout Charlie Parker), il fréquente aussi les grands musées (des arts primitifs à la grande peinture européenne) avec sa mère qui jouera un rôle important dans son devenir d’artiste.
À l’âge de 16 ans, avec son ami Al Diaz, il créera SAMO (Same Old Shit = « toujours la même merde » ou « rien de nouveau ») associé au sigle copyright (copier juste). Les graffitis de SAMO qui couvrent les murs de Manhattan, particulièrement autour des galeries d’art, sont souvent accompagnés de maximes radicales et rageuses comme : « C’est la fin des religions laveuses de cerveau, des politiques menant nulle part et des philosophes bidon » ou « SAMO sauve les idiots ».
Ils vivent dans des squats, vendent des cartes postales ou des tee-shirts peints à la main et commencent à se faire connaître, avant de se séparer. Basquiat continuera encore quelque temps à signer « Samo is dead ».
New-York à cette époque est un creuset d’artistes : des peintres comme Keith Harring (devenu son ami), Julian Schnabel, David Sale, etc., des musiciens (Kid Creole, Blondie), et des écrivains qui partagent son amour pour les poètes de la beat generation. Jean-Michel Basquiat se fait vite remarquer. Il participe à une émission de télévision puis à des expositions de groupe.
Sa première exposition personnelle chez Amina Nosei est un succès. L’artiste des squats a enfin un atelier et un appartement où il peut vivre et créer. Il peint sur de vraies toiles alors que jusque-là, ses supports étaient de bric et de broc : palissades, palettes, planches mal taillées, réfrigérateurs, bouts d’étoffes grossièrement cloués sur des vieux châssis, etc.
Ses peintures commencent à bien se vendre. Elles se complexifient, incluant des collages, des images venues de la rue, des graffitis, des symboles graphiques, etc. Tout est équivalent : le mot vaut le dessin qui vaut le symbole qui vaut la trace. Certaines surfaces sont recouvertes, ne laissant qu’une partie encore lisible ou des taches de couleur.
Dubuffet, Twombly, Rauschenberg, les masques africains, les cicatrices de la rue, tout est mêlé dans un maelstrom de couleurs fauves où le rouge et le noir dominent.
Sa rencontre avec Andy Warhol marquera une nouvelle étape.
Adulé par le pape de la Factory, ils travailleront ensemble à l’initiative de sa nouvelle galerie Bischofberger, réalisant de nombreuses toiles qui seront exposées à Zurich.
La drogue dont il usait depuis longtemps va progressivement envahir sa vie. La mort d’Andy Warhol va le surprendre et l’attrister. Basquiat est au faîte de la reconnaissance, ses œuvres sont vendues à des prix vertigineux. À 26 ans, il est devenu une star du monde de l’art.
Un dernier cocktail puissant d’héroïne et de cocaïne a eu raison de sa vie à l’âge de 27 ans.
À sa mort (voulue - non voulue ?), il laisse une œuvre considérable de plus de 1 000 peintures et de 2 000 dessins réalisés en moins d’une dizaine d’années.