Marine Foissey, Deadline à Uni-vers Photo
Un nouvel espace destiné à la photographie contemporaine vient de s’ouvrir à Nice (on en manquait). Pour son créateur, William Abitbol, "ce n’est pas vraiment une galerie, plutôt un lieu dynamique, un espace convivial de diffusion, de formation (ateliers, stages, workshops), et de création doté d’un studio photo professionnel et d’un matériel informatique performant".
Marine Foissey, jeune photographe récemment installée à Nice, inaugure le lieu. Diplômée de l’Ecole Icart Photo à Paris, ses premiers travaux ont porté sur la souffrance animale. Cet été, au Festival de la Photographie du Nu d’Arles, elle a présenté un travail très original pour illustrer le lien entre l’homme et la nature. Mise en scène de son propre corps en acceptant le contact de l’animal marin sur sa peau nue, écailles contre épiderme. Une série de photos saisissantes.
"Deadline", présentée dans le cadre du Sept Off, est une exposition-installation à la fois visuelle et sonore. Chaque image, comme dans tout son travail précédent a été préparée par des croquis avant d’être mise en scène.
La galerie est divisée en deux espaces séparés par des voiles fins et légers, déterminant deux ambiances distinctes. Le sol est marqué par deux lignes continues et discontinues comme celui d’une route, séparant symboliquement l’espace dans la largeur en invitant le spectateur à franchir les lignes.
Au centre de la première pièce, le spectateur fait face à une chaise où sont déposés symboliquement une robe, un crâne et des gants. Ces objets sortent de leur cadre photographique pour investir l’espace réel de la galerie.
La deuxième salle est d’une tonalité plus sombre : tapissée de rideaux rouges, elle donne à voir des images de linceul et de memento mori. On est passé de l’autre côté de la frontière.
Cette confusion des limites (deadline), géographiques et temporelles, illustre le travail de l’artiste sur les questions de l’intime, de la présence et de l’absence. L’artiste se voile et se dévoile.
L’utilisation du format panoramique des photographies participe à la lecture des autoportraits où le sujet vacille entre apparition et disparition.
Ces mises en scènes d’objets, d’idées et de formes sont plus là pour suggérer que pour expliciter. Elles sont toutes d’une inquiétante étrangeté qui s’adresse à l’imaginaire plutôt qu’au réel.
Dominique Zoladz, Palimpsestes contemporains, à l’Espace Magnan
« L’art est partout où on ne l’attend pas » (Duchamp)
Le regard acéré de Dominique Zoladz est celui d’un marcheur de ville dont le regard se saisit des beautés éphémères de la rue.
Le créateur de ces beautés, dans ce cas, est le photographe. Ses ready-made sont nés d’un regard qui choisit, détache et cadre une parcelle de la réalité pour lui conférer un statut d’œuvre d’art, comme cette plaque d’égout recouverte de confettis ou ces carreaux cassés laissant entrevoir une nature qui réapparaît où on ne l’attend pas.
Grilles, murs portes, panneaux d’affichage recèlent de beautés nées du hasard ou de l’usure. "Des lambeaux de couleurs récentes laissant filtrer des trames anciennes érodées et délavées, la rouille et la mousse rongeant les métaux et les bois comme le temps qui digère nos souvenirs", Zoladz en fait son propos.
Alain Legendre, Fragments, au Domaine de Fogolar
Lisières, limites, duplication imaginaire de ponts ou de routes qui se terminent face à la mer.
Au delà du voyage à venir ou d’une attente, c’est une recherche de nouveaux paysages impossibles, indicibles où règne la solitude, la nostalgie, l’espérance.
André Fustié, Terra Incognita - Domaine de Fogolar
De ses voyages en Italie, André Fustié a ramené des photos argentiques sur lesquelles il intervient avec des sels d’argent, du feu... Il triture la matière même de la photo pour construire un ailleurs et proposer une nouvelle écriture où la photo remet en question un de ses attributs essentiels, la lissité.