Grâce à cette galerie (qui est toujours lasienne), il se fait reconnaître, commence à vendre, puis abandonne son emploi pour se consacrer totalement à la peinture.
Même si on retrouve dans ses toiles une exubérance africaine ou la liberté de figuration de ses voisins sétois Combas et Di Rosa, le perpignanais Triglia ne se reconnaît pas d’influences (à part Picasso).
Il dit n’avoir pas de démarche particulière, ou plutôt toujours la même : improviser des tâches de couleur sur une toile pour faire naître des idées qui engendreront des formes. Il ne sait pas à l’avance ce qui va apparaitre sous sa main, chaque trait en entraînant un autre et chaque contour en faisant naître de nouveaux : fleurs, yeux, mains, soleils, autos, flèches, etc., ainsi à qu’un bestiaire complexe de serpents, de poissons, d’animaux hybrides, etc., des mots aussi : Time, bla bla, white, no money...
Chaque toile rassemble de multiples figurines, un univers dense organisé en verticales et horizontales où tout est bien posé et généralement cloisonné de larges touches de blancs ou de noir, formant des cases de différentes tailles.
Les figures déposés frontalement, sans perspectives, sans profondeur, apparaissant parfois comme les pions d’un jeu complexe déposés sur un damier multicolore.
Sa découverte du carton plume l’a projeté sur d’autres voies plus graphiques, souvent en noir et blanc, linéaires, proches d’écritures en caractères arabes ou Chinois.
Les couleurs pimpantes et l’enchevêtrement des formes de ses toiles dégagent au premier abord une gaîté ludique, mais si on les regarde de près, ses personnages sont plutôt dubitatifs, moroses, parfois effrayants avec leurs dents pointues.
Triglia garde son imaginaire ouvert et dans ses derniers travaux, il semble retrouver un trait plus calme et des fonds monochromes.