Éloignés des canons de beauté classique, les personnages créés par Tasic renvoient plutôt aux déesses préhistoriques de la fertilité, aux figures moyenâgeuses à la Jérôme Bosch ou Brueghel, ou encore aux Bouddhas chinois.
Passionné par la technique du bronze, Tasic l’applique sur les corps humains en les sublimant.
Travaillé avec précision et sensibilité, le bronze magnifie son propos.
Ces corps aux chairs débordantes pourraient paraître dérangeants, mais en fait donnent envie de les toucher, de caresser leurs formes souples. Ils démontrent que la sensualité n’est pas affaire d’esthétique.
La série de petites têtes présentée chez Laure montre la précision du sculpteur pour saisir à la Daumier les expressions du visage et leur singularité. Fronts hauts très ridés, front bas ou visages très ronds, ses trognes populaires évoquent les archétypes du fonctionnaire, du bourgeois, de l’homme de loi, etc. Chacun s’y reconnaîtra.
La série des "acrobates" indique que le corps quelle que soit sa rondeur peut rester particulièrement souple.
Tasic soumet ses personnages à toutes sortes de contraintes pour faire ressortir la plasticité de leurs chairs. Il a mis au point un vocabulaire étendu de formes destinées à arrêter l’expansion des chairs, ou pour accentuer leur débordement. Ses acrobates semblent se mouler sur leurs supports, ainsi ce funambule d’un genre particulier qui s’allonge sur son fil ou cet autre sur sa barre. Placides, en position d’attente, ils font penser à ces reptiles paresseux qui bougent très lentement.
Les autres semblent en position, toujours sereins même si une partie de leurs corps est étalée sur une surface vitreuse.