Élevé par un oncle libertin, le jeune Sade se fait arrêter très tôt pour ses dépravations sexuelles. Il passera vingt sept années de sa vie en prison à différentes périodes sous tous les régimes et c’est de ses geôles qu’il écrira la plupart de ses livres.
Préoccupé par la sexualité, il sera le premier à en relever toutes les perversions, particulièrement celles agressives auxquelles son nom sera attaché.
Décrivant le désir comme une tension liée au pouvoir, un besoin de se rendre maître de l’autre et de l’obliger à réaliser tous ses fantasmes, ses livres sont les récits réels ou imaginaires de scènes où maîtres et esclaves sexuels sont projetés dans des mises en scène grandioses : attachements, fouet, conduites de soumission, etc.
La psychanalyse est bien sûr convoquée, mais aussi la politique car Sade va être libéré par les révolutionnaires de 1789. Ardent défenseur des libertés, il sera nommé sergent des piques et participera à la construction de la nouvelle société. Ce qui ne l’empêchera pas d’être remis en prison ensuite pour les mêmes faits.
La philosophie athée de Sade prône un retour à la nature qui a instauré chez les êtres un désir puissant qui ordonne à l’homme de jouir en assumant la singularité de son désir.
Si les lois de la nature sont complexes, foutraques, bricolées, pourquoi la sexualité qui est à la base de la vie serait-elle uniforme ? Pour la nature toutes les perversions se valent.
L’homme n’est pas libre de ses passions, il répond à la loi du désir qui est bien supérieure aux lois juridiques. Il croit maîtriser le réel, mais les lois formées par les humains sur la base du contrat s’avèrent illusoires et injustes.
La volonté de pervertir l’autre faisant partie de la jubilation sadienne, il voulait démontrer au lecteur sa propre perversion et le faire jouir malgré lui.
La théorie sadienne est une pensée du désir qui montre que la curiosité sexuelle est le premier moteur, le modèle de tous les intérêts intellectuels, de toutes les recherches.
La superbe iconographie choisie par Anne Lebrun dans les collections du Musée d’Orsay montre l’extraordinaire diversité de l’imagerie sexuelle. Gravures, lithos, dessins, peintures et sculptures sont ponctués tout au long de l’exposition par des maximes de Sade.