Loin de son atelier, le sculpteur devenait philosophe. Dans le calme des vallées, il prenait enfin le temps de lire et d’écrire.
C’est en se promenant à Beuil que Mascha découvre un petit regroupement de granges, donnant sur un joli pré couvert de fleurs. C’est le coup de foudre, le couple acquiert la grange et l’aménage progressivement.
(voir ci-dessous le joli texte de Mascha)
L’hiver, ils skient sur des pistes passant pas très loin de la maison. À Noël, dans leur "cabane au Canada", dixit Mascha, le réveillon prenait l’allure d’un conte de fée.
L’été, les longues promenades, et surtout pour Sacha, sa conférence à préparer.
Ses notes écrites sur des bouts de papier dispersées dans toutes les pièces (bouts de phrases, réflexions, analyses, etc.) finissaient par se regrouper en un texte qui, tapé à la machine par Mascha, était relu et amélioré jusqu’à la veille de la conférence.
Son intervention qui mêlait poésie, philosophie et réflexions sur l’art était très applaudie (un livre regroupant tous ses écrits existe).
Toujours très sociable, Sacha s’intéressait à la vie du village, s’impliquant dans des projets comme celui d’un nouveau tracé de route pour faciliter l’accès au village, ou son combat contre la loi injuste pesant depuis des siècles sur les herboristes.
La Commune voulant rendre un hommage particulièrement original à l’artiste, a décidé de réhabiliter sa vieille poste et a souhaité l’inaugurer avec des œuvres de Sacha.
Une poste pour le Maître de l’Oblitération, quoi de plus évident, de plus poétique !
Sur la Place, trois belles sculptures monumentales nous ouvrent au monde de Sacha : un cheval chinois, une colonne et sa célèbre Tête Carrée qui semble répondre au clocher de l’église.
Aménagée avec rigueur et simplicité sur les conseils de Bernard Bonnaz (murs blancs, spots, travail sur la lumière), la salle présente un riche ensemble d’œuvres de diverses époques. De ses plus anciennes oblitérations de photos (celle, émouvante, d’un camp de concentration) aux plus récentes sculptures, le talent de l’artiste se déploie.
Piège à regard, l’oblitération appelle l’imagination de chacun à reconstituer l’ensemble en reconstruisant mentalement non seulement la partie manquante, mais sa totalité. Une totalité que chaque individu appréhende avec son imaginaire singulier.
La diversité des œuvres présentées montre combien l’artiste n’a cessé d’explorer les nouveaux territoires de l’Oblitération : par le cadre, par la masse, par des barres, par le plein, par le vide, par des signes, des lettres, etc.
Sous le regard de Sacha (une superbe photo d’André Villers), les œuvres dialoguent entre elles. Les petits îlots de sculptures de taille différente, admirablement mis en scène par Bernard Bonnaz, offrent au regard une densité rare.
*** A la recherche du paradis perdu *** par Mascha Sosno
Sacha et Mascha sont partis en bateau...
Cet exil volontaire nous a procuré la vive et profonde sensation de ce qu’est le réel, de ce qu’est le quotidien sur ces vastes étendues océaniques et aussi du "vide", ce sentiment de l’inconnu inséparable de toute aventure.
A Paris, avant notre Grand Départ, Sacha appartenait au groupe Art Sociologique, qui prônait "l’Hygiène du regard", un concept dont la fonction sociale était de "nettoyer" l’œil, donc l’esprit, de ses présupposés, de ses préjugés moraux et religieux. Peut-être une autre une manière de se rallier au réel ? Comme l’a déclaré Sacha : "l’oblitération est une sorte d’hygiène de la vision face à la fantastique avalanche d’images (dont les tableaux) qui nous inondent, qui nous transpercent parfois".
Réalité de la Mer, réalité de l’Inconnu…
Retour à Nice après un long périple de trois ans, retour vers une autre réalité : le bruit, la foule, la survie artistique. Comment s’isoler un peu de tout ce remue-ménage ?
À la recherche du paradis perdu... la Montagne.
En nous promenant dans cette campagne montagneuse des Launes, nous sommes tombés sur une grange isolée avec un écriteau “A Vendre”.
Rencontre de Cœur et désir d’Amour pour ce lieu fleuri entouré de montagnes.
Nous avons beaucoup ri avec Sacha quand nous nous sommes aperçus de la similitude entre notre ancien bateau et la grange que nous installions : pompe à eau de bateau pour utiliser l’eau de pluie du réservoir, mains courantes, escalier en bois, bougies, lampes à pétrole. C’était notre second bateau...
Et surtout l’immensité devant nous, source d’inspiration et grande fascination pour cette ligne continue de montagnes qui nous rappelait l’horizon de la mer, l’Infini et cette chère liberté perdue.
Sacha et Mascha sont repartis en bateau…