Paolo Bosi a une attention particulière pour les matériaux les plus simples, les plus communs, les plus disponibles : le bois et la terre. Ils suffisent à ses créations.
Les arbres, avec ou sans écorce, séparés de la terre où ils étaient plantés, se retrouvent à nouveau mêlés dans les sculptures de Paolo.
La terre (chair) pénètre les cavités sculptées dans le bois brut et rugueux (os) faisant naitre des têtes, des bustes ou d’improbables corps humains.
À ses créations récentes s’est rajoutée une matière inattendue : le caoutchouc.
Le latex étant issu d’un arbre, l’hévéa, il est en quelque sorte le "sang" qui vient donner vie et vigueur aux formes sculptées. Les lanières de caoutchouc sont là pour lier ou entraver la sculpture, elles obstruent la vision ou attachent les corps, comme dans la grande série des "otages" aux yeux bandés et aux bouches bâillonnées qui imposent leur inquiétante présence.
Si ses œuvres plus anciennes avaient l’apparence d’outils ou d’objets non figuratifs, les nouvelles se sont redressées, verticalisées.
En contrepoint des Otages, elles évoquent des totems bienveillants, dotés de pouvoirs mystiques, irradiant la sérénité, le calme. Entre statuaire africaine et américaine, ses sculptures restent abstraites, difficiles à lire, ouvertes aux interprétations, nous questionnant en silence.
À voir aussi ses dessins où son trait particulièrement fin ressemble à un fil qui se déroule et s’enroule. Dans ses "griffonnages" apparaissent des formes vaguement reconnaissables de silhouettes indistinctes ou de volumes étranges.
Cette exposition au Musée de Biot offre un parcours qui permet des points de vue originaux sur ses œuvres où la subjectivité du spectateur prend la meilleure part.