Le parcours l’association No-Made présidée par Denis Gibelin s’inscrit depuis 2001 dans la vie artistique et culturelle de notre région. Champ d’expérimentation axé sur la thématique du Territoire, l’association organise plusieurs expositions par an.
Chaque année en septembre, dans un environnement exceptionnel et préservé, au pied des falaises volcaniques de la Pointe des Douaniers, la villa Roc Fleury, entourée d’un jardin aux plantes grasses et aux palmiers nonagénaires donnant sur la mer, accueille une nouvelle exposition regroupant un grand nombre d’artistes.
Appartenant à la famille Cottenot (trois générations de médecins), cette belle Villa d’inspiration italienne typique des années 1900 aux plafonds peints de fresques sur le thème de la mer reçoit cette année l’exposition intitulée "Point(s) de vue, Point(s) de vie".
Ce titre où le i se substitue au u, où le regardeur devient l’acteur principal, ouvre le champ à toutes sortes de constructions, aux croisements des techniques, de regards, de questionnements.
À l’intérieur de la Villa, l’impressionnant cœur de laine (avec ses artères) de Stéphanie Lobry pour lequel 763 pelotes et 45 jours de "crochet extrême" (avec outils réalisés pour l’occasion) ont été nécessaires, donne le ton. Un travail imposant de détournement de matière où le cœur devient doux et léger.
Dans la même salle, Jacqueline Matteoda expose ses très intéressants papiers tressés et ses papillons en papier journal.
Portée par des notions de temps, de mémoire et de liens, Florence Guillemot présente ses "Fausses confidences", un travail de couture avec pour fils des cheveux et pour tissu une toile à matelas.
Le tricot et le fil, les thèmes de la trame, du point, de la suture, sont très présents tout au long de l’exposition (travaux de Lobry, Guillemot, Mattéoda, Lili Bel).
Sur la table, ne pas manquer le port-folio de Jean-Claude Fraicher, un travail remarquable de mise en relation du portrait de l’artiste avec son œuvre.
Sur la terrasse, un guetteur aux grands pieds de Louis Dollé scrute la mer tandis que les grandes flèches tricotées de Lili Bel indiquent le sol ou le ciel.
Dans les allées, les arbustes vous regardent avec les yeux de Véronique Champollion.
Én référence à Cézanne et Hokusai, les 36 vues de la Sainte Victoire de Mary Joly, une série d’aquarelles sensibles retrace les variations de la lumière (sous chacune d’elles des tracés isobare situent la montagne dans l’espace et la reliant à son environnement climatique).
Le "Bloody Wenesday" de Rachèle Rivière, une série de disques de terre noir et rouges, se réfère au massacre à Charlie Hebdo et au "Bloody Sunday" de U2 (hommage à une autre tuerie lors du conflit nord-Irlandais en 1972).
Tout au long de la promenade, d’autres sculptures et installations originales vous attendent : les "cubes" en "or et plomb" de Paul Stapleton, un tronc évidé de Daniel Van de Velde permettant de voir le ciel et d’entendre les sons amplifiés, les boules de terre de Paul Stapleton, les jeux de miroirs de Doo Wha, une cible en verre securit marquée d’impacts de balles d’Olivier Roche.
Deux constructions remarquables : une estrade (de Stapleton et Gibelin) offre un point de vue situé au-dessus de la haie (un trou dans une planche permet de découvrir le même paysage mais de façon plus intime et personnelle), et un ponton de six mètres (Gibelin) menant au mot "mer" sur fond bleu, encadré : la Méditerranée en tant qu’image chargée d’histoire et de drames.
Et beaucoup d’autres œuvres sont encore à découvrir jusqu’à fin septembre.
Exposition et installations de Maria Amos, Véronique Champollion, Louis Dollé, Doo Hwa, Frédéric Falsetti, Jean Claude Fraicher, Denis Gibelin, Florence Guillemot, Mary Joly, Michèle Kleijnen, Clémence Knaébel, Lili Bel, Stéphanie Lobry, Marina Mariich, Jacqueline Mattéoda, Laurent Papillon, Olivier Roche, Rachèle Rivière, June Stapleton, Paul Stapleton, Franz Stähler, Daniel Van de Velde, Pierre Verola, Anne Sophie Viallon.
