Un beau palais du XVe en quai de Seine accueille l’exposition du plus célèbre des surréalistes et contemporains belges.
Ancien chimiste, il s’est un jour posé une question : « Moi aussi, je me suis demandé si je ne pouvais pas vendre quelque chose et réussir dans la vie. Cela fait un moment déjà que je ne suis bon à rien. Je suis âgé de quarante ans… L’idée enfin d’inventer quelque chose d’insincère me traversa l’esprit et je me mis aussitôt au travail. »
Après avoir planté dans le plâtre cinquante exemplaires d’invendus de son recueil de poésie, il décide de créer chez lui son propre musée et commence une collection d’objets et de tous supports où un aigle est présent.
Autoproclamé « directeur » et « conservateur » du Musée d’Art Moderne - Département des Aigles", il expose des cartes postales, tous sortes d’objets et projette des films sur des caisses vides de transport d’œuvres.
Ce musée va lui valoir une renommée internationale à tel point qu’il devra le fermer : "Fondé en 1968 à Bruxelles, sous la pression des vues politiques du moment, ce musée ferme ses portes avec la Documenta. Il sera passé d’une forme héroïque et solitaire à une forme voisine de la consécration […] Il est donc logique qu’à présent, il se fige dans l’ennui ».
L’exposition qui fourmille de toutes sortes d’objets insolites, de consommation courante ou symboliques (drapeaux, enseignes politiques) fait sourire. C’est le principe de la muséologie appliqué au n’importe quoi.
À voir son dispositif de plusieurs projecteurs anciens (avec le bruit caractéristique qu’on a perdu l’habitude d’entendre)... Dans une de ses vidéos hilarantes, on voit Marcel Brouthaers tentant d’écrire une lettre (à la plume et à l’encre) sous une pluie battante... L’écriture qui se dissous dans l’eau de pluie offre de plus de beaux lavis.