Une scénographie particulière où seules les œuvres sont éclairées constitue un des marqueurs principaux de cette très intéressante fondation qui a choisi de promouvoir l’art contemporain d’artistes d’Afrique ou de la diaspora africaine.
L’exposition "La Parole aux Femmes" inaugurée au Manège de Dakar par l’Institut Français en 2011, puis complétée par des œuvres créés en résidence à Apt, tient son titre de l’ouvrage La Parole aux Négresses (1978) d’Awa Thiam, un des premiers écrits féministes africains.
Peintures, vidéos, installations, montrent la richesse d’expression de onze femmes artistes qui s’interrogent sur l’imaginaire féminin, la représentation du corps de la femme et sa place dans l’Afrique moderne.
Leurs approches sont très différentes et s’attachent à de multiples aspects de la condition féminine.
Sur la représentation des corps
Cecilia Ferreira et Ope Lori dans leurs vidéos-performances invitent à une exploration du corps, des canons esthétiques ou des orientations sexuelles.
Hélène Jayet glorifie le cheveu crépu pendant que Ayana V. Jackson présente une série superbe d’autoportraits photographiques retraçant la représentation de la femme noire américaine de l’époque pré-coloniale à nos jours.
Justine Gaga présente une très belle installation composée de cages où des figurines de bois de forme phallique sont enfermées.
Autour de la maison
Euridice Kala satisfait la curiosité pour la maison de l’autre à travers des notes personnelles inscrites sur les murs d’une chambre recréée et la projection d’un journal intime en vidéo.
Ifeoma Anyaeji a tissé une paroi en sacs plastique tressés "Open Door Policy" marquant la frontière existant entre l’espace public et l’espace privé.
Sur l’intime
Safaa Erruas a créé en résidence à Apt une série de tableaux autour du thème du cœur agressé par des aiguilles, des fibres de verre, des morceaux d’ampoules cassées et des fils métalliques. Blessures, scarifications, coutures, etc., évoquent différents marquages sur le corps et le cœur, métaphore du sensible.
A voir aussi le poème-vidéo de Wanja Kimani, les impressions peintes combinant autoportraits et paysages de Mavis Tauzenis et d’autres œuvres alliant fragilité et remise en question.
Artistes femmes d’Afrique ou de la diaspora présentées
Ifeoma Anyaeji (Nigéria), Safaa Erruas (Maroc), Cecilia Ferreira (Afrique du Sud), Justine Gaga (Cameroun), Ayana V. Jackson (Etats-Unis/Afrique du Sud), Hélène Jayet (France), Euridice Kala (Mozambique/Afrique du Sud), Wanja Kimani (Kenya/Ethiopie), Mavis Tauzeni (Zimbabwe), Ope Lori (Grande-Bretagne) et Kara E. Walker (Etats-Unis).