Collectant différents objets trouvés dans la poterie et dans ses environs, il a constitué un ensemble dont la première caractéristique est l’extrême modestie.
C’est cet ensemble composé comme il aime à le dire de « fragments du quotidien » qui, une fois constitué et inventorié, a formé très vite son matériel et son sujet de travail. La vie quotidienne recèle un merveilleux que nous ignorons et dont il nous dit l’urgence qu’il y a à le redécouvrir.
À partir de quelques fils entremêlés formant une pelote trouvée à même le sol de la poterie, il a réalisé une première série d’œuvres intitulée « Drawings » où il évoque les pratiques artistiques en choisissant celle, très emblématique, du dessin. Ce choix révèle un certain rapport au temps. Il s’agit d’une pratique souvent quotidienne pour les artistes. C’est aussi, pour lui, la volonté de convoquer d’emblée l’idée d’une certaine modestie. Le dessin se pratique avec une simple feuille de papier et un crayon.
Certaines compositions, très graphiques, rappellent les gestes de l’artiste dessinant, d’autres évoquent cette pelote trouvée, les fils utilisés par la couturière.
La pauvreté du matériau, la simplicité du geste voire sa radicalité et même, sa magie ont trouvé écho dans la manière qu’il a eu de les photographier et de les présenter.
Dans un second ensemble d’œuvres qu’il a choisi d’intituler « Everyday » Paolo Topy Rossetto a constitué une sorte d’inventaire, un corpus formel, un genre de « panthéon » domestique très personnel constitué d’objets collectés.
La première chose à laquelle il nous invite est, bien sûr, de regarder ces objets qu’il a photographiés : une capsule de bouteille, un gant, un portefeuille, un essuie tout, une cuillère, un sac plastique, une poussette, une chaussure, un « mouton » de poussière, un couvercle d’emballage, un coton-tige, etc. Des objets d’usage, manufacturés qui, devenus inutiles, ont été jetés. Ils portent les stigmates de leur utilisation. Certains sont usés, d’autres salis. Leur situation sur un fond neutre (ces objets sont isolés, décontextualisés) n’invite pas au récit mais à la description.
Topy Rossetto nous invite à voir ces objets, ces « fragments du quotidien » autrement.
Ce qui intéresse Paolo Topy Rossetto, c’est la beauté ignorée, l’imperceptible beauté de ces objets. Il ne s’agit pas d’une beauté qu’il invente en organisant la présentation de ces derniers. Non, il s’agit d’une beauté qu’il nous convie à découvrir, celle de l’humilité qui est pour lui ce qui caractérise l’atmosphère de l’atelier Madoura.
Cette humilité est, à ses yeux, « l’humus », le terreau fertile, le lieu de création qui a permis « l’avènement » des « évènements » et des oeuvres qui, plus tard, au regard du monde, paraitront si exceptionnels.
C’est donc une géographie du ressenti qu’il nous invite à parcourir.
Il y a une poésie dans « Everyday ». Il s’agit d’une poésie ténue qui se révèle dans cet autre rapport au réel qu’il nous propose et qui passe par une forme de réconciliation entre l’art, la vie et le quotidien. Car ce qui le touche et ce qui caractérise les sujets qu’il aborde dans son travail, c’est la modestie, la pauvreté, la faiblesse. Des caractéristiques qui, pour lui, donne au réel toute sa densité et sa beauté.