Étudiant brillant, il rencontre van Gogh à l’atelier Cormon dont il devient l’ami malgré leur différence d’âge (plus de quinze ans).
Ils se fréquentent, peignent souvent ensemble pendant les deux années parisiennes de Vincent et entretiendront ensuite une correspondance suivie (la première édition des lettres de van Gogh sera publiée par Bernard deux ans après le décès de Vincent).
Tous deux inspirés des estampes japonaises, ils révolutionnent l’art, Vincent par ses couleurs expressives, Émile Bernard en inventant le cloisonnisme (espaces de couleur cernées par des liserés noirs) et le synthétisme (synthèse des impressions, des souvenirs et réflexions), une mise à distance par rapport au sujet où il ne s’agit plus de peindre la chose vue mais l’idée que le cerveau en a conservé, ce qui favorise une composition simplifiée et un choix de couleurs resserré.
Benard participe à des expositions avec ses amis Toulouse-Lautrec, Gauguin, Anquetin, Guillaumin, etc. (ceux que Vincent a nommé "les Impressionnistes du petit boulevard", le grand étant occupé par les Manet, Monet, Pissarro, etc.)
Il travaille quelques mois en Bretagne en compagnie de Gauguin, puis voyage à travers le monde.
Il visite le Moyen Orient, la Palestine et l’Egypte où il s’installera quelques années. Fasciné par les beautés orientales, il peint de grandes toiles : femmes porteuses d’eau au bord du Nil, danseuses, scènes de fêtes, etc.
Ses voyages l’entraînent ensuite en Espagne, en Italie et à Venise où il découvre les beautés de la lagune, les femmes avec leurs grands châles et leurs cheveux blonds (le fameux blond vénitien), il peint aussi un beau jeune homme aux yeux clairs, etc.
Revisitant la Renaissance italienne, redécouvrant les maîtres, il abandonne progressivement ses recherches pour se rapprocher du classique vénitien avec des lumières à la Titien.
De retour en France, il rend visite à celui qui a été son maître depuis le début, Cézanne. Il passe un mois en sa compagnie et on lui doit de très riches études sur le peintre d’Aix.
Il s’installe ensuite avec sa nouvelle femme dans le petit village de Tonnerre (en Bourgogne) où il revient à une peinture très classique.
C’est un des rares exemples d’artiste qui a été un précurseur de son temps et qui revienne à une peinture qu’il moquait avec humour.
Sa recherche de l’absolu l’a conduit à se réapproprier les techniques les plus classiques où le modelé tient une grande part.
L’exposition nous promène à travers les variations successives de style de sa longue carrière, nous faisant découvrir la grande richesse de ses couleurs et de ses compositions.