Richard Texier chez Guy Pieters Du cosmique au biologique
L’ensemble nous immerge dans une atmosphère quasi aseptique. On est dans la recherche médicale, dans le biologique, dans un laboratoire des origines de la vie.
Chaque cellule est unique, singulière, autocentrée, elle appelle le regard, le capture, le fascine.
Si on se rapproche, on est plutôt dans le cosmique. Ces cellules sont en fait des planètes, des corps célestes. Leur proximité plastique est étonnante. Elle nous interroge, nous renvoient aux plus élémentaires des questions : À quel moment le biologique est-il né de la matière ?
À quel moment la matière devient vie et donc potentiellement intelligence ?
La science ne nous propose pour l’instant que des hypothèses : origine métabolique ? génétique ? Soumission à des lois mathématiques ? Rien n’est certain. Les scientifiques sont également incapables de répondre à nos interrogations plus métaphysiques : Pourquoi la matière ? Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ?
Il est possible qu’on se trompe en cherchant des origines. L’inerte et le biologique ont pu exister de toute éternité dans l’attente d’une pensée pour les distinguer, les analyser, agir sur elles.
Toujours est-il que la vie est là, que la matière se pense et que Richard Texier, en démiurge, l’expérimente.
A l’aide de pigments, de nacre, d’encres, de porcelaine organique, de lumière, il est l’observateur de phénomènes qu’il déclenche. Son objectif observe et décide du moment de la fixation, de l’immortalisation, l’informatique fait le reste.
Pour représenter son "Panthéo-Vortex, l’artiste revisite les différents règnes : minéral (planètes, coraux), végétal (chou fractal, arborescences) animal (abeilles, reptiles, œufs).
De l’image de planètes impact ?es de météorites à l’apparition de moisissures, embryons de vie biologique, ou plus tard, de cellules structurées dans des chaos organisés, le vortex (interprétation picturale de l’infini via l’outil informatique) de Texier nous donne à voir différents états de la matière en une multitude de textures particulières : craquelures, mousses, nids d’abeille, kératine, os, dents, coutures, coulures, etc.
Dans aucune de ses œuvres, l’artiste cherche à nous montrer des réactions chimiques extraordinaires, spectaculaires ou déconcertantes. Il se contente du presque rien, de très peu de couleurs, de quelques mouvements figés de fluides alourdis, de pétrification lente, de moments acméiques où la matière lui parle esthétiquement ou sensuellement.
Les images qu’il propose nous font partager ces instants d’abiogenèse qui génèrent en nous des sentiments, des émotions qui nous renvoient à l’alchimie de la vie, et donc à celle de la création.