La Piazza Del Signori est superbe avec ses façades palladiennes et ses deux colonnes surmontées par un Lion de Saint Marc (Vicenza, après avoir été une cité autonome est devenue possession de Venise), et un Jésus, globe terrestre à la main, bénissant la ville.
Tout autour, on découvre de jolies petites rues et placettes aux boutiques très attractives (période des soldes), goût italien raffiné et petits prix.
L’impressionnant Palazzo Civico avec son plafond de plus de 25 m de haut présente l’exposition : "Toutankhamon, Caravage, Van Gogh, Le crépuscule et la nuit, des Egyptiens au XXe siècle".
En fait, à ces trois célèbres noms, s’ajoutent d’autres peintres fabuleux : Zurbarán, Giorgione, Monet, Cézanne, de Staël, Bacon, Rothko, etc. L’exposition est d’une richesse exceptionnelle avec des ambiances colorées d’une salle à l’autre mettant en valeur les tableaux dans une scénographie recherchée.
La présentation chronologique des œuvres offre néanmoins à chaque salle des surprises, des ruptures : sur un même thème de champs à perte de vue, un Kiefer côtoie un van Gogh, un moine en aube de bure de Zurbarán jouxte une femme de Gainsborough vêtue d’une robe à motifs chatoyants.
Des confrontations très réussies.
L’exposition est organisée en six sections.
La sombre salle de l’entrée traite le thème de la nuit éternelle illustré par des sculptures égyptiennes : têtes de Toutankhamon, du dieu épervier et un visage peint très réaliste (portrait funéraire de la région du Fayoun).
La deuxième salle offre à voir de très précieuses œuvres des maîtres de la Renaissance Italienne : Giorgione, Tintoret, Caravage, surtout des portraits, sur fond de crépuscule ou de nuit (superbe narcisse se mirant dans l’eau de Caravage).
La troisième salle, très peu éclairée, montre les fines gravures de Rembrandt et les constructions architecturales improbables et délirantes de Piranesi (les prigione), un univers labyrinthique d’escaliers en spirales infinies débouchant sur des gouffres vertigineux, des roues, des câbles, des instruments de torture, des machines guerrières.
Les ciels de nuits présents dans la quatrième salle sont exceptionnels : un Turner (une barque sur le point de chavirer), un superbe Millet (paysage très venteux), deux Monet (marines monochromes bleues), un paysage de Pissarro, trois Van Gogh (une superbe nuit avec juste un soleil rouge et une petite silhouette), et plus loin, Mondrian, Klee, un joli Hopper (façade d’une librairie la nuit), etc.
Dans la salle suivante, un carré rouge et noir sublime, presque mystique, de Rothko, les grandes cafetières d’Antibes sur fond bleu nuit de Nicolas de Staël et des simples fenêtres de Lopez Garcia peintes comme si elles étaient celles d’un palais.
Gauguin, Bacon (un peu effrayant), Cézanne (un homicide), Van Gogh (un couple sous un ciel de nuit avec croissant de Lune - la toile dont est tirée l’affiche) clôturent l’exposition.
La nuit pourtant ennemie des peintres dont le véritable sujet (quelle que soit la représentation) est la lumière et la couleur, ne les a néanmoins pas rebutés.
Comment dans le noir reconnaître les couleurs sur sa palette, comment montrer ce qui se perd dans l’obscur des couleurs sombres et profondes ?
Cette exposition est une réponse aux limites supposées de l’acte de peindre.