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Fin de cet événement Mai 2015 - Date du 4 mars 2015 au 31 mai 2015

J-C Fraicher

Focus sur l’exposition de l’artiste photographe Jean-Claude Fraicher dans le cadre de l’événement FluX !

Le thème du flux a été choisi par l’association no-made pour un parcours d’art contemporain dans nos vallées, une problématique particulièrement intéressante qui nous renvoie aux flux des Paillons qui se rejoignent à Drap avant de se jeter dans la Méditerranée, aux flux migratoires, culturels, commerciaux, des savoir-faire, etc., toutes circulations qui ont forgé l’identité de notre territoire.

Groupe Vicat : de la Grave de Peille au Port Lympia de Nice.

Les Ciments Vicat, une des entreprises les plus importantes, poumon économique de la vallée de Peille, participe à ce projet en invitant le photographe et cinéaste Jean-Claude Fraicher à explorer son riche passé historique et ses installations à la pointe du progrès et du développement durable.

Vue générale © Jean-Claude Fraicher

La réaction chimique qui permettait aux Romains de fabriquer d’excellents mortiers faits de mélange de calcaires et d’argiles était connue empiriquement depuis le premier siècle, mais c’est l’ingénieur général des Ponts et Chaussées Louis Vicat, qui, bien plus tard (en 1817) en établira les principes.

Poursuivant ses recherches sur l’hydraulicité, il étudie les ciments modernes capables dans un milieu humide ou sous l’eau d’agglomérer en durcissant toutes sortes de matériaux et découvre le clinker, élément constitutif du ciment lent qui va permettre la fabrication du ciment artificiel.

Il ne dépose pas de brevet, offrant sa découverte au monde, mais quelques années plus tard, un ingénieur anglais déposera un brevet très proche.

Il invente aussi "l’aiguille Vicat" qui permet de déterminer le temps de prise.

En 1841, Balzac lui rendra hommage en écrivant dans Le Curé de village : "Quelle sera la récompense de Vicat, celui d’entre nous qui a fait faire le seul progrès réel à la science pratique des constructions ?".

Au cours de plus de cent soixante années d’existence (sept générations), le groupe Vicat est devenu une entreprise leader de la plupart des marchés régionaux. Elle exporte ses produits dans différents pays et exerce également des activités complémentaires telles que le transport, la chimie du bâtiment, la production de papier ou encore la préfabrication de produits en béton.

Forets © Jean-Claude Fraicher

Du site de la Grave de Peille aux bateaux ancrés depuis des générations au port de Nice, Jean-Claude Fraicher a voulu rendre compte par ses photos de ce flux considérable qui va de la transformation du calcaire et des marnes des vallées jusqu’à la mer (voir sa très belle vue de nuit).

En s’intéressant de près aux processus techniques, il a rencontré un univers impressionnant par sa démesure, la taille des machineries ou des énormes camions, les dumpers, capables de transporter 75 tonnes. L’esthétique des bâtiments industriels évoque un paysage "entre campus américain et architecture contemporaine, un croisement entre Beaubourg et Bilbao, entre Gehry et Calatrava...".

Silos © Jean-Claude Fraicher

Par leurs qualités graphiques, les photos de JC Fraicher mettent en évidence la composition et l’organisation des bâtiments industriels ainsi que la variété des matériaux qui les composent : fer, béton, tôles… les grandes lignes graphiques qui s’en dégagent : verticales, obliques, courbes… les jeux d’ombres, de formes qui rappellent "Un univers de science fiction, un décor à la Fritz Lang avec ses conduits aérateurs, les silos en forme de fusée ou de soucoupe volante, quelque chose de spatial..."

Dans cette entreprise aux techniques de pointe, tout est automatisé, contrôlé par écran, ultra sécurisé, propre, écologique (pistes arrosées, bardages anti bruit, anti poussière, etc.), et les anciennes carrières sont revégétalisées.

Fours © Jean-Claude Fraicher

Sur le site d’extraction, sont rendues les différentes intensité de gris, la réfraction de la lumière provenant des tas de calcaires et de marnes.

Le noir et blanc s’est imposé pour donner à ces photos un classicisme intemporel qui leur confère déjà une valeur d’archive, les cadrages carrés permettant d’aller à l’essentiel.

Pour ses photos du port de Nice, dernière étape du flux, J-C Fraicher a fait un autre choix d’appareil, un Hasselbald argentique pour la qualité de son négatif, de ses émulsions au grain particulier qui donnent à l’image une texture particulièrement riche.

Les deux bateaux ancrés sur un quai, toujours le même, sont mis en vedette : le Capo Nero qui charge le ciment en vrac, grâce à des souffleuses qui propulsent le ciment (avec des filtres) directement dans les cuves du bateau par plusieurs tuyaux reliés aux camions. L’autre bateau, le Patara charge des "big bags" blancs d’une tonne cinq grâce à sa propre grue. Lui aussi fait partie depuis des décennies du paysage du port. Ces bateaux voguent ensuite vers l’Italie, la Corse ou les pays du Maghreb.

Port © Jean-Claude Fraicher
Patara © Jean-Claude Fraicher

Grâce au classicisme de ses compositions, le photographe nous transmet son bonheur de découvrir l’ingéniosité des techniques de pointe allié à l’esthétique sobre de l’utile et de la rigueur pour rendre compte d’une entreprise du XXIe siècle.

Big bags © Jean-Claude Fraicher

Photo de Une (détail) Vue de nuit des collines à la mer

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