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Charlotte Pringuey-Cessac, la charbonnante (2/3)

Deuxième partie de la chronique d’André Giordan et André Biancheri consacrée à l’artiste Charlotte Pringuey Cessac. Prêt pour une étude approfondie de son art ? Belle lecture ! (2/3)

Ses œuvres

Le charbon de bois est son matériau de prédilection, son outil de dessin par excellence, son point de départ permanent comme pour les ébauches dans la peinture classique. Grande originalité, elle en tire éventuellement de la sculpture pour « dessiner dans l’espace ».

Charlotte Pringuey-Cessac, Sans Titre, 2012 Charbon de bois, 60 x 100 cm

« Le travail de Charlotte Pringuey-Cessac est caracte ?rise ? par un lien fort entre sujet et moyen. Comme la premie ?re femme qui aurait peint, selon Pline l’Ancien, elle utilise un charbon - ou, plus pre ?cise ?ment, parce que ces dessins sont autrement grands - un tas de charbons charbon. Les premiers te ?moignages de l’activite ?, sinon artistique, tout de même repre ?sentative de l’homme, sont des peintures murales. Avec des dessins d’arbre sur le mur, Charlotte Pringuey-Cessac s’inscrit dans la plus longue tradition de la peinture, qu’elle soit re ?elle comme Lascaux ou imagine ? comme l’est probablement celle de Pline. »
Klaus Speidel

Charlotte Pringuey-Cessac, La cage aux oiseaux -
Charlotte Pringuey-Cessac, La cage aux oiseaux - Son croquis préparatoire
Charlotte Pringuey-Cessac, Sans Titre, La Station, 2010 Charbon de bois,

Les productions de Charlotte Pringuey-Cessac naissent de la confrontation entre son observation immédiate de la Nature et des souvenirs personnels.

Passionnée d’archéologie et plus particulièrement des premières pratiques picturales, elle s’inscrit ainsi dans la longue tradition de la peinture lorsqu’elle initie son art sur des peintures murales. « (…)c’est véritablement à travers des projets de dessin mural que sa démarche trouve un déploiement spectaculaire. Par le biais de la fabrication d’images monumentales, notre jeune plasticienne se confronte alors physiquement à l’espace et à la matérialité du fusain pour donner corps à des installations enveloppantes, véritables décors dans lesquels le regardeur est invité à rentrer. Ses installations au fusain développent ainsi des atmosphères particulières qui reprennent des images mentales de paysages féeriques où les jeux d’ombre et de lumière exploitent la densité et la profondeur du fusain qui va parfois jusqu’à se répandre en poudre noire sur le sol(…) » comme l’écrit Catherine Macchi, critique d’art.

Portraits de Charlotte Pringuey-Cessac par Simone Simon

Portraits d'artistes - Charlotte Pringuey-Cessac par Simone Simon from Simone Simon on Vimeo.

Charlotte Pringuey Cessac dans son atelier à la Station en 2014

Jouant avec la forme brute des e ?le ?ments naturels et ce que l’intitulation contemporaine a garde ? de souvenir du nominalisme aristote ?licien, elle cre ?e d’abord un signifiant par suggestion formelle dans Le Baiser.

" Comme si la puissance d’e ?vocation de l’image et du mot re ?ussissait a ? transcender le re ?el pour sugge ?rer la vie dans son principe moteur même, le de ?sir, a ? partir de deux e ?le ?ments inertes et morts.
Mais c’est dans son installation Les Gommes que l’effort de cre ?ation d’objet charge ? de sens par la de ?nomination et le classement est le plus tangible.

Dans la tradition taxinomique scientifique moderne, les gommes sont aligne ?es, range ?es, expose ?es pour mieux faire percevoir d’un seul coup d’œil en quoi elles sont a ? la fois semblables et diffe ?rentes. Ici l’objectif n’est pas de sugge ?rer des liens d’engendrement ou de cousinage, en de ?finissant les contours d’une famille d’e ?tre vivants, comme le ferait un entomologiste, mais plutôt de donner a ? appre ?hender une palette de traces, qui sont aussi des souvenirs, et par la ? me ?me des e ?motions. L’artiste, par un regard re ?trospectif et distancie ? sur sa pratique, propose paradoxalement les bases d’une poe ?tique inspire ?e par la matie ?re même, interpre ?tant dans une re ?alite ? toute personnelle la poe ?tique des e ?le ?ments e ?labore ?e par Gaston Bachelard. (..)

Charlotte Pringuey-Cessac nous donne a ? contempler la de ?licate noirceur des pulsions mortife ?res qui nous habitent, par moments. Par la spontane ?ite ? de son geste et la simplicite ? brute de la matie ?re qu’elle emploie, elle renoue avec la production d’images primitives et pour elle essentielles. Charlotte Pringuey-Cessac s’inspire des premie ?res traces laisse ?es par les hommes sur les parois de grottes obscures, dans un but demeurant pour nous a ? la fois parfaitement e ?vident et de ?finitivement myste ?rieux. »
Amel Nafti, Directrice des études et de la recherche à la Villa Arson à Nice
5 mai 2014

Charlotte Pringuey Cessac, Le baiser, 2013
Charlotte Pringuey-Cessac, Flashhh, Galerie Soardi, 2009-2010. Walldrawing, charbon de bois et techniques mixtes, 30m2

Suite de cette exploration artistique fascinante mercredi prochain !

Photo de Une : Charlotte Pringuey Cessac dans son atelier, 2015 DR

Lire la partie 1 de la chronique en cliquant ici

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Artiste(s)

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