La Maison Bernard est considérée comme la référence de l’oeuvre architecturale d’Antti Lovag et une maison emblématique de la seconde moitié du XXème siècle.
Après cinq années de rénovation, la famille Bernard a décidé d’ouvrir cette maison au public et d’en faire un lieu de création en y accueillant une résidence d’artiste.
C’est une architecture novatrice et radicale, qui récuse l’angle droit au profit de la sphère et de la courbe et qui prend en compte l’environnement en s’intégrant au paysage et à la nature des rochers de l’Estérel.
Une découverte incontournable, une expérience unique.
L’ARCHITECTE : ANTTI LOVAG
Antti Lovag (1920-2014) est un architecte novateur dont les idées et les réalisations ont profondément marqué l’architecture de la seconde moitié du XXème siècle.
Antti Lovag est né en 1920 en Hongrie d’un père russe et d’une mère finlandaise. Il a fait des études d’architecture navale à Stockholm.
Il arrive en France à la fin des années 40, s’inscrit aux Beaux-Arts de Paris et commence à travailler avec Jean Prouvé.
À partir de 1963, il s’installe sur la Côte d’Azur et travaille avec Jacques Couëlle, qui est est l’un des premiers architectes à développer une architecture organique en France. Jacques Couëlle est le créateur de Port La Galère et de Castellaras-le-Neuf.
Au cours des années 60, il collabore avec Pascal Haüssermann et Jean-Louis Chanéac. Tous trois conçoivent des projets d’habitat évolutif, des cellules capables de se connecter les unes aux autres en fonction des désirs des habitants.
Antti Lovag s’intéresse davantage à l’homme qu’à l’architecture. D’ailleurs, il se
revendique “habitologue” et non pas architecte. Il définit une maison par différents assemblages possibles de formes, variant en fonction du site d’implantation et des aspirations des futurs habitants.
POURQUOI ANTTI LOVAG RÉALISE T-IL DES ESPACES SPHÉRIQUES TOUT EN COURBES ?
Il part des gestes de l’homme dans son espace domestique. Dans sa façon de
se mouvoir, l’homme décrit des courbes, pas des angles droits. C’est une des raisons principales qui conduit Antti Lovag à conçevoir des espaces sphériques et non des cubes orthogonaux. Dans un espace sphérique, l’humain dispose d’une plus grande liberté et ne se sent pas contraint dans ses mouvements.
Toute son architecture procède d’abord de l’observation, il simule des fonctions et des situations et mime les gestes et déplacements. À partir de ses observations, Antti Lovag conçoit l’habitat, en fonction des usages et des déplacements de ses futurs occupants.
La recherche de formes en adéquation avec la morphologie humaine le conduit à l’élimination des angles droits. Cela a une conséquence fondamentale : l’extérieur est la traduction de l’intérieur et il n’y a plus de notion de façade.
COMMENT CONSTRUIT-IL ?
Avant de débuter un chantier, Antti Lovag étudie très minutieusement le terrain car l’un des ses principaux objectifs est d’adapter et d’intégrer son architecture à la nature et l’environnement.
Ses procédés de construction sont à tout fait originaux.
Antti Lovag commence par tisser une véritable armature métallique autoportante et sans fondations. L’armature se compose de gabarits sur lesquels sont fixés des réseaux de fers à béton. Lorsque l’armature est montée, elle lui permet d’apprécier les volumes et l’espace intérieur et de pouvoir les moduler en fonction du souhait des futurs occupants.
À ce moment-là, Antti Lovag décide de la position des ouvertures en fonction de l’usage même de la pièce et de la course du soleil. Il peut choisir une ouverture panoramique sur le paysage, un simple cadrage sur un détail ou une échappée sur le ciel.
Une fois le ferraillage terminé, le bâtiment prend sa forme définitive. Il ressemble alors à un véritable squelette.
À l’intérieur de ce squelette, il place le réseau des canalisations pour l’eau et
l’électricité. Sur l’armature métallique, Antti Lovag met en place un grillage plus
serré pour permettre de retenir le voile de béton. Le béton est projeté, puis, par
dessus, une couche de polyuréthane pour l’isolation et enfin deux couches de
polyester armé de fibres de verre pour l’étanchéité.
Antti Lovag a principalement réalisé 3 maisons et un observatoire astronomique sur la Côte d’Azur.
La Maison Bernard : histoire d’une rencontre
La Maison Bernard est née de la rencontre entre Antti Lovag et Pierre Bernard.
À l’origine, il y a d’abord un lieu, un paysage : les roches rouges de l’Esterel, la baie de Cannes et les îles de Lérins. Pierre Bernard a le coup de foudre, et acquiert un terrain.
Son projet initial est classique : construire une maison de vacances pour sa famille. Le hasard en a décidé autrement, le jour où il rencontre Antti Lovag. L’architecte anticonformiste fait voler en éclat son projet d’origine et le convainc de se lancer dans une véritable aventure architecturale.
Pendant quasiment vingt ans, Pierre Bernard donne à Antti Lovag les moyens et
l’opportunité de mettre en oeuvre ses idées et de développer son architecture. En l’absence de délais et sans obligation de résultat immédiat, Antti Lovag peut explorer en toute liberté matériaux, organisations spatiales et mettre au point des techniques de construction innovantes à partir du voile de béton. C’est dans ces années-là qu’il développe son propre style et crée une image caractéristique de l’habitat auquel est aujourd’hui attaché son nom.
Lorsque la construction de la Maison Bernard s’achève, ni l’un ni l’autre ne veulent terminer l’aventure. Ils se lancent alors dans la construction de l’Observatoire de la Côte d’Azur à Caussols puis ensuite dans la construction d’une nouvelle maison qui sera acquise par Pierre Cardin.
LE FONDS DE DOTATION MAISON BERNARD
Le fonds de dotation Maison Bernard a été créé en 2014 par les enfants de Pierre Bernard.
Le fonds de dotation a pour objet la protection et la pérennisation de l’oeuvre
architecturale d’Antti Lovag réalisée avec Pierre Bernard à Théoule sur Mer au
cours des années 1970.
Il a aussi pour objet la promotion et l’accessibilité au public de l’oeuvre d’Antti
Lovag. La maison est ouverte au public.
Il accueille également chaque année un artiste en résidence, qui doit réaliser une
oeuvre originale en adéquation avec l’architecture de la maison et son environnement.