Se voulant un monument cinématographique, c’est en fait un film très prétentieux qui ne raconte pas grand chose : un architecte utopiste veut construire une ville avec des matériaux imaginaires contestés par le Maire. Passé et présent se confondent avec la chute d’une cité romaine transportée dans un New York futuriste.
L’idée que défend Coppola est que la démocratie dans le New York d’aujourd’hui risque de s’écrouler comme celle de Rome à l’époque antique. En tant qu’artiste, il veut mettre la société en garde contre ce danger.
Le réalisateur a muri son projet pendant 40 ans en le remaniant sans cesse, mais en le gardant auréolé de mystère.
Pour le lourd financement de ce film gigantesque, Coppola a engagé son propre argent, vendant ou hypothéquant ses vignes californiennes. Son risque financier est important et il est à craindre que les spectateurs ne soient pas au rendez-vous !
Voulait-il réaliser son film testament ? Faire un autoportrait contradictoire ? Avec ce perpétuel avant-gardisme que cherchait-il à raconter ? à prouver ? Son œuvre antérieure l’avait nanti de toutes les qualités dont rêve un réalisateur. Alors pourquoi ce soudain gigantisme ? Pourquoi ces images maousses qui ne racontent pas grand chose ? Et revenir à l’image de femmes qui ne sont que des faire-valoir…
Coppola n’aurait-il pas assez pris en compte que la société a évolué ?
Quelques splendides images rendent cependant le film attrayant. Coppola reste un virtuose de la caméra.
Adam Driver s’en tire à peu près bien dans le rôle ingrat de l’architecte de cette ville tentaculaire, Nathalie Emmanuel (actrice britannique) est tout aussi décadante pour l’accompagner sur ce toit du monde où ils sont dans un équilibre précaire pour donner à rêver. Même si les personnages s’attachent davantage à leurs rêves plutôt qu’à la réalité.
Le film est tellement prétentieux dans son esthétique qu’il ne donne pas à rêver, mais impose au spectateur un véritable effort pour décrypter ce qui se joue sur l’écran.
Coppola, qui a maintenant 85 ans, prépare déjà son prochain film et nous souhaitons à ce projet une plus grande réussite que pour « Megapolis » !
Caroline Boudet-Lefort