Nice-arts 2000+
ANALYSE D’UNE OEUVRE
- Wim Delvoye, St. Stephanus, 1990
- Verre coloré, métal et peinture émaillée sur acier,
200 x 300 x 100 cm
DESCRIPTION / INTERPRÉTATION
Cette œuvre de très grand format représente un personnage vertical placé au centre d’une installation composée de verres et de métal. La figure de l’évêque, avec la soutane et ses composantes traditionnelles s’impose immédiatement, en relation avec le titre de l’œuvre Saint Stephanus. Le doute intervient cependant en raison de la position de ses bras et l’attitude circonspecte, peu habituelle pour un ecclésiastique. En fait ce n’est pas une croix que tiennent ses mains, mais un ballon , et le décor qui l’entoure ne représente pas véritablement les parois d’une chapelle gothique mais le but d’un terrain de handball, habituellement délimité de chaque coté par deux poteaux verticaux et une barre transversale.
À ceux-ci s’ajoutent des meneaux, des lancettes et des arcs brisés, et font office de structure pour soutenir les carrés de verres colorés, véritable construction de vitraux transparents pour suggérer la légèreté des filets. L’évocation est probante, car le sport et la religion semblent ici se confondre, tant l’interaction entre ces deux domaines s’effectue dans la plus grande ingéniosité ; le prélat, gardien du diocèse, se substitue au goal, gardien de but et figure essentielle du sport collectif. Les mains superposées qui tiennent le ballon évoquent le pardon après la confession. Son attitude impassible lui fait maitriser la situation, et dans les deux cas le personnage devient une icône vénérée par les spectateurs. Le hand-ball peut être considéré comme la religion de notre époque, comme les sports qui deviennent très médiatisés à l’instar du foot ou du rugby, et les adeptes – les fidèles, pourraient–on dire – reconnaissent dans la figure centrale le rédempteur au dessus de tous les humains.
La représentation en légère lévitation et la position médiane, véritable axe de symétrie accroissent la prépondérance du personnage et son impact dans cette installation insolite. Car ici se retrouvent les ingrédients coutumiers des détournements que pratique Wim Delvoye avec beaucoup d’humour ; comme les pelles, les tracteurs ou les bétonnières qu’il métamorphose en structures gothiques, les buts de hand-ball deviennent comme par magie des vitraux médiévaux, propices à la méditation comme pourrait le suggérer le renfoncement de l’installation.
MORPHOLOGIE
Le principe de symétrie et d’alternance prévaut dans cette œuvre, tout comme dans l’architecture gothique. L’élément central se détache par rapport aux deux vides latéraux, animés uniquement par la rigueur des grilles orthogonales des carrés de verre, (référence à Mondrian ?). Rappel inévitable de ce réseau par l’étole et le chasuble, également compartimentés par des carrés et des rectangles, ce qui accentue la solennité du personnage.
Cependant les courbes des arcs brisés adoucissent cette ambiance monastique et sont reprises en écho par l’arrondi des bras de l’évêque, dans le but d’une harmonie formelle évidente et d’une métaphore liturgique à peine voilée : cette répétition de courbes de chaque côté de l’évêque crée un effet d’ondes propices à la propagation du message religieux. Cette redondance des lignes qui met sur un même plan le décor des buts et celui du costume permet de créer une osmose entre les deux mondes, religieux et sportif.
CHROMATISME
L’harmonie froide des vitraux blancs et vert pale ne fait que renforcer les couleurs chatoyantes du personnage central, véritable parure ornementale où le pourpre et les dorures prennent une importance essentielle, comme le maillot d’une équipe gagnante. Enfin le rappel des alternances du rouge et du blanc (encadrements des buts) par les rectangles bordeaux de la chasuble ne fait que conforter l’idée de protection et de maitrise, à la fois pour les fidèles croyants et pour les fans de sport.
Pour en savoir plus
Galeries
Wim Delvoye est représenté par une quinzaine de galeries, notamment par la Galerie Emmanuel Perrotin à Paris, SEM-ART à Monaco et la Galerie Rudolphe Janssen à Bruxelles.
Sites Web :
www.wimdelvoye.be
- Page de garde du site de Wim Delvoye
Expositions
Principales expositions personnelles
2012
• « Wim Delvoye "Au Louvre" », Musée du Louvre, Paris
delvoye-10
Wim Delvoye, exposition à la Galerie Perrotin, 2012
2010
• Dessins & Maquettes, MAMAC, Nice
• Knocking on Heaven’s Door, BOZAR, Brussel
2009
• Torre, Guggenheim Collection, Venise
• Cloaca N°5, Galerie de l’UQAM, Montréal, Canada
• Peggy Guggenheim Collection, Venise
2008
• Ernst Museum (Mucsarnok Nkft), Budapest
• Cloaca N°5, Glenbow Museum, Calgary, Canada
• Galerie Guy Bärtschi, Genève
2007
• Galerie Emmanuel Perrotin, Paris
• Cloaca 2000-2007, Casino
• Forum d’art contemporain, Luxembourg
2006
• Galerie Emmanuel Perrotin, Miami
• Cloaca IV, Kaohsiung Museum of Fine Arts, Kaojsiung, Taïwan
• Et voilà les cochons, Corsoveneziatto, Milan
2005
• Scale Models & Drawings, Sperone Westwater, New York
2004
• Cloaca
• New & Improved, The Power Plant, Toronto, Canada
2003
• Musée d’art contemporain, Lyon
• Caterpillars, Public Art Fund Projects (Target Art in the Park)
• Fabrica, Centro per l’Arte Contemporanea Luigi Pecci, Prato
2002
• Cloaca-New and improved, New Museum of Contemporary Art, New York
• Museum Kunst-Palast, Düsseldorf
2001
• Cloaca-New and improved, Migros Museum, Zürich
2000
• Cement Truck, Centre Georges Pompidou, Paris
• Cloaca, MUHKA, Antwerpen
1999
• Frac des pays de la Loire, Nantes
1997
• Musée de sculpture en plein air de Middelheim, Anvers
• Delfina, Londres
1995
• Musée départemental de Rochechouart
1994
• Center for the Arts, San Francisco, California
• Modulo, Centro diffusor de Arte, Lisbonne
1992
• Kunsthalle Nürnberg, Nürnberg
Principales expositions collectives
2012
• « Nunc Et In Hora Mortis Nostrae », Galerie Rodolphe Janssen, Bruxelles
2011
• « Tous Cannibales », La Maison Rouge, Paris
• « Honey is Sweeter than Blood », Laleh June Galerie, Basel
• « Incongru. Quand l’art fait rire », Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne
2010
• « Visceral Bodies », Vancouver Art Gallery, Canada
• « Exploded View », OAG, Toronto, Canada
• « Decadence Now ! Visions of Excess », Galerie Rudolfinum, Prague
2009
• « Sk-Interfaces », Casino Luxembourg, Luxembourg
• Biennale de Moscou, The Garage, Moscou
• « The State of Things - Bruxelles.Beijing », Palais des beaux-arts, Bruxelles
• « Poëtique du chantier », Musée-Château d’Annecy, Annecy
• « Unconditional Love », Biennale de Venise, Nouvel Arsenal
• « Take me There, Show me the Way », Haunch of Venison, New York
• « Superabundant Turner Contemporary Project Space », Kent
• « Mythologies », Haunch of Venison, Londres
• « Anatomie », collection Florence et Daniel Guerlain, Frac Picardie, Amiens
• « Close up », Fruitmarker Gallery, Edinburgh, Scotland
• « The Endless Renaissance », Bass Museum, Miami
• Colossal-Kunst Fakt Fiktion, Kalkriese, Allemagne
• « Messiahs », Modem, Debrecen, Hungary
2008
• « Mieux vaut être un virus que tomber malade », proposé par Isabelle Le Normand à Mains d’Œuvres
• « L’Argent », Frac Île-de-France, Le Plateau, Paris
• Présence Panchounette, CAPC, Musée d’art contemporain de Bordeaux, France
• « Animations/Fictions », MNAC, Bucarest
• « SK-Interfaces », FACT, Liverpool
• Martian Museum of Terrestrial Art, Barbican Art Gallery, Londres
• « The Glass Experience », Museum of Science & Industry, Chicago
• « Comme des Bêtes », musée des beaux-arts, Lausanne
• « Doing it my way, Perspectives on Belgian Art », MKM Museum, Allemagne
• « Take me There (Show me the Way) », Haunch of Venison, New York
2007
• « Capricci », Casino-Forum d’art contemporain, Luxembourg
• « Animanga, Exit », Festival international à la Maison des arts et de la culture de Créteil
• « Negatech », Espacio Fundacion Telefonica, Buenos Aires
• « Into Me/Out of Me », MACRO, Rome
• « The Aggression of Beauty II », Arndt & Partner, Berlin
• « Mining Glass », Museum of Glass, Washington DC
2006
• « Fiction@Love », Moca, Shanghai
• « The Complex of Respect », Kunsthalle Berne
• « Close Up », Art Centre Silkeborg
• « Glass : Material Matters », LACMA, Los Angeles
• « Into Me/Out of Me », PS1 New York
• « Contemporary Art Reflecting Medicine », Kunst-Museum Ahlen
• « Diagnose », Museum im Kulturspeicher, Würzburg, Allemagne
2005
• « Visionary Belgique », Bozar, Bruxelles
• « Missies », De Brakke Grond, Amsterdam
• « Mé Tissages », MIAT, Gent
• « Domicile », musée d’art moderne, Saint-Étienne
• « L’Idiotie », domaine Pommery, Reims
• « Burlesques contemporains », galerie nationale du Jeu de Paume, Paris
• « Die Obere Hälfte », Städtische Museen, Heilbronn
• « Big Bang », Centre Pompidou, Paris
• « Slow Art », MKP, Düsseldorf
• Biennale d’art contemporain, Lyon
• « Connexions », Mamco, Genève
• « Two Asias/Two Europes », Duolon Museum of Modern Art, Shanghai
2004
• « Birdspace : A Post-Audubon Artists Aviary », Contemporary Arts Center, New Orleans
• « Settlements », musée d’art moderne, Saint-Étienne
• « Giganten/Giants », Den Haag Sculptuur 2004, La Haye, Pays-Bas
• « Fooding : ordres et désordres de la nourriture », CAPC, Bordeaux
• 2003
• « Qu’est-ce que la photo-sculpture ? », Frac Limousin, Limoges
• « MuHKA – A choice », MuHKA, Anvers, Belgique
• « Extra », Swiss Institute for Contemporary Art, New York
• « De Manessier à Wim Delvoye », Musée national d’histoire et d’art, Luxembourg
• « Il Racconto del Filo », Museo di Arte Moderna e Contemporanea, Trento, Italie
• « Lines of Engagement », Sperone, New York
• « GNS », Palais de Tokyo, Paris
• « Paradigm of Love », Palais Thurn & Taxis, Bregenz, Autriche
• « Absolut Generations, 50 ». Biennale de Venise, palais Zénobie
• « Vanités contemporaines », musée d’art Roger-Quilliot, Clermont-Ferrand
• « Gelijk het leven is », SMAK, Gand, Belgique
• « Oxymory », Frac Basse-Normandie, Caen
• « Magie in Mediakunst », Netherlands Media Art Institute, Amsterdam
• « Mouvements de fonds », galeries contemporaines des musées de Marseille
2002
• « La vie, au fond, se rit du vrai », CAPC Bordeaux
• « La Part de l’Autre », Carré d’Art de Nîmes, Nîmes
• Busan Biennal, Metropolitan Art Museum, Busan, Corée
2001
• « Give and Take », Victoria and Albert Museum, Londres
• « Eine Barocke Party », Kunsthalle Wien, Autriche
• « The Overexcited Body », Palazzo dell’ Arengario, Milan
• « Confidences », Casino Luxembourg, Luxembourg
• « Between Earth and Heaven », PMMK, Oostende
• « Sous les ponts… », Casino Luxembourg, Luxembourg
• « The Silk Purse Project », Arnolfini, Bristol
• « Delfts Blauw », Musée municipal de La Haye, La Haye, Pays-Bas
• « Marking the Territory », Irish Museum of Modern Art, Dublin
• « Re-Touch », Kunsthal Sint-Pietersabdij, Gand
• « Styx-Projektionen », Kunsthalle Trier, Trêves, Allemagne
• « De Spiegel van het Verlangen », Broelmuseum, Kortrijk, Belgique
• « Sense of Wonder », Herzliya Museum of Art, Herzliya, Israël
• « Belgisch Atelier Belge », Dexia Gallery, Bruxelles
• « Sonsbeek 9 », Arnhem, Pays-Bas
• « Un art populaire », Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris
• « Irony », Fondaçion Miró, Barcelone
- Wim Delvoye, Kashan & Mughal Jail © 2012 Musée du Louvre
Bibliographie
Gilbert Perlein, Rébecca François, Hélène Depotte, Nicolas Bourriaud, Olivier Bergesi, Wim Delvoye, Paris, Éditions Flammarion, ? 2010, 155 p
Wim Delvoye monographie, Neuchâtel, Suisse, Éditions Ides et Calendes, coll. SuperVision, 2009, 200 p.
Pierre Sterckx, Le Devenir-cochon de Wim Delvoye, Bruxelles, Belgique, Éditions La Lettre volée, ? 2007, 144 p.
Wim Delvoye, Cloaca & tattoos, Les Cahiers du musée national d’Art moderne, vol. 100, ? 2007, p. 97-114
Fabian Stech, J’ai parlé avec Lavier, Annette Messager, Sylvie Fleury, Hirschhorn, Pierre Huyghe, Delvoye, D.G.-F. Hou Hanru, Sophie Calle, Ming, Sans et Bourriaud. Interviews.,
Dijon, France, Les Presses du réel, ? 2007, 176 p.
Videographie
De nombreuses vidéos sont disponibles sur
https://www.youtube.com/results?search_query=wim%20delvoye&sm=1
Retrouver Nice-arts 2000+ Mode d’emploi, en cliquant ici