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Visite au Château La Coste

En 2002, Paddy McKillen, un riche entrepreneur immobilier irlandais propriétaire à Londres d’hôtels prestigieux, a acheté le Château La Coste pour le transformer en un immense domaine viticole peuplé d’œuvres d’art et d’architecture.

Un soin particulier est d’abord accordé aux 220 hectares de vignes. Pour cela, il a fait appel en 2006 à Mathieu Cosse, un célèbre vigneron copropriétaire à Cahors du domaine Cosse-Maisonneuve, qui l’a l’aidé à améliorer le vin déjà produit. Trois ans plus tard, en 2009, les vins du Château La Coste ont été labellisés : « Agriculture Biologique », un label qui reconnaît le respect des terres ainsi que les méthodes biodynamiques en harmonie avec la nature, respectant la préservation des sols et de l’environnement.

Privilégiant la qualité, trois gammes de vin (rouge, blanc et rosé) ainsi que du champagne rosé ont été développées, puis élaborées dans des chais repensés par l’architecte français Jean Nouvel en 2008. En verre et en acier, avec une cuverie particulière pour préserver la naturalité des vins, ces chais ont permis d’obtenir des vins fins et élégants.
Aujourd’hui, plus de 800 000 bouteilles par an (45 % de rosé, 35 % de rouge, 20 % de blanc) sont commercialisées.

Tout en développant son vignoble, Paddy McKillen a fait appel aux plus grands architectes (souvent des lauréats du prix Pritzker) pour réaliser plusieurs pavillons :

En 2011 à Tadao Ando le bâtiment triangulaire de l’entrée (Art Center + Gate) où on est accueilli par un superbe plan d’eau sur lequel trône une immense araignée de Louise Bourgeois d’un côté et un mobile coloré de Calder de l’autre. Ce bâtiment en béton lissé comprend l’accueil, une boutique et un restaurant.

A partir de là, un parcours jalonné d’œuvres d’art est proposé à travers les rangées de vignes cernées de chênes, d’oliviers et de pins qui heureusement apportent un peu d’ombre (la balade est longue, il y a tellement à voir).

En tête des rangées de vignes, de jolis rosiers : une méthode ancestrale pour juger de la qualité et de la santé des vignes (si les rosiers ne sont pas en bonne santé, c’est que la vigne souffre).
Tout au long du parcours, on découvre une collection unique d’œuvres d’art grâce à un plan détaillé du site (avec indication des bâtiments et des sculptures) permettant une visite agréable et documentée.

La plupart des sculptures ont été conçues spécifiquement pour le site, chaque artiste ayant choisi l’emplacement rêvé pour son œuvre.
Jouant avec les lignes dessinées par les vignes, le parcours est jalonné d’une soixantaine de sculptures d’artistes de renommée internationale : Al Weiwei, Lee Ufan, Richard Serra, Norman Foster, Hiroshi Sugimoto, etc.

À découvrir particulièrement


Deux œuvres de Sean Scully,
une évoquant le vide (Box full of air) et l’autre, le plein : un cube monumental de pierres calcaires de plusieurs couleurs, entre le rouge, le gris et l’ocre. (Wall of lights).
Un pont de Larry Neufeld fabriqué à partir d’ardoises du Nord de l’Irlande qui ont pour particularité d’être chargées de minéraux ferreux qui rouillent par endroits.
À la vieille chapelle en ruine du XVIe siècle, lieu de passage des pèlerins de Compostelle, Tadao Ando a donné une seconde vie en l’entourant d’une armature de fer et de verre. La porte de la chapelle fermée, des lumières pénétrant par des meurtrières animent le lieu, invitant à la sérénité et au recueillement. L’église signalée par la une grande croix rouge composée d’épaisses perles en verre de Murano d’Othoniel côtoie une aire de battage gallo-romaine. Tout près, on rencontre par endroits les grandes plaques métalliques de Richard Serra et les « arbres à souhaits » de Yoko Ono.
Autre œuvre remarquable de Tadao Ando, le pavillon japonais en épicéa goudronné contenant quatre cubes de verre de 3 mètres de côté destinés à représenter les défis fondamentaux qui sont devant nous : le réchauffement climatique, les déchets et le problème de l’eau. Le quatrième est vide, sur ses parois est répété des centaines de fois le mot « FUTURE ».

Dans le magnifique pavillon imaginé par Renzo Piano est présenté jusqu’au 15 août une exposition de peintures de Bob Dylan (intitulée Drawn Blank in Provence). On déjà connaissait son engouement pour la peinture à travers la réalisation de certaines pochettes de ses disques et de quelques expositions. Ces 24 peintures réalisées à partir de croquis faits lors de ses tournées forment un ensemble où on peut voir (malgré toute la sympathie de vieux fan de Dylan que je suis) que la confrontation avec les peintures de Picasso, Monet, Matisse, Chagall, est loin d’être à son avantage...
À l’extérieur quelques sculptures, dont Rail Car, le squelette d’un véritable wagon américain posé sur ses rails dans un bel environnement et qui semble s’être arrêté là. Ses parois en fer forgé composées de vieux outils utilisés par les cheminots : clés à molettes, roues, chaînes, échelles, ainsi que d’autres éléments de récupération contrastent fortement avec le paysage alentours, naturel et silencieux. A Duluth, où Dylan a passé son enfance, il y avait, dit-il, des rails et des trains partout dans la ville.

Le Château La Coste compte également un hôtel de luxe avec 28 villas contemporaines avec vue sur le Luberon et le mont Ventoux ainsi qu’un Pavillon de musique de Frank Gehry où sont programmées des concerts. Des projections de film sont aussi proposées pendant l’été sur un des murs de Tadao Ando.

D’autres lieux sont ouverts à la visite sur demande comme le bel espace d’Oscar Niemeyer en forme de virgule qui accueillera bientôt des expositions temporaires ainsi qu’un auditorium de 80 places.

Bien sûr, beaucoup de choses encore à voir lors d’une promenade très agréable qu’on peut choisir libre ou accompagnée par un guide.
Estelle Pierson a été pour nous une guide parfaite sympathique et cultivée qui a su attirer notre attention sur les beautés du site et des œuvres, répondant à toutes nos question et interrogations.

Ledomaine attire ainsi 250.000 visiteurs par an et emploie près de 500 personnes.

Tous visuels de l’article ©Alain Amiel

Se rendre au Chateau La Coste
2750 route de la Cride
13610 Le Puy-Sainte-Réparade
TÉL. :+33 4 42 61 89 98

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