Depuis l’exposition de sa série "American Dream" à la Menuiserie en 2011, nous n’avions guère eu la possibilité de revoir ses œuvres. Car on ne trouvera pas ses tableaux en galeries puisque Tehos, comme beaucoup d’autres, rencontre les collectionneurs par le canal du web. Le nombre des acheteurs en ligne va croissant, il est international : "Le monde de l’art se professionnalise sur internet. Au départ bon enfant, il fallait accepter de vendre pour pas cher. Maintenant, le marché se chiffre en sommes colossales. Mais c’est devenu hyper concurrentiel. Cela demande une remise en question permanente, épuisante, il faut sans cesse aller jusqu’à son niveau d’incompétence".
On comprend que son travail d’atelier implique une dimension de chef d’entreprise. Son histoire est singulière, car c’est un homme d’affaires qui a décidé un jour de devenir peintre.
Comme Jackson Pollock...
"Ce n’était pas prévu que je sois artiste, même si j’ai appris à peindre enfant en suivant l’exemple de ma grand-mère dont c’était le métier". Une nouvelle orientation, irrémédiable, qui ne fut pas sans casse au niveau familial. "J’ai été tout près de me retrouver à la rue". Étonnant parcours de celui qui n’avait aucune véritable formation, aucune culture comme il l’avoue, et qui a su dès le départ trouver un mode d’expression personnel qui l’a propulsé au cœur de la scène contemporaine.
Il commence par des projections de peinture à la manière de Jackson Pollock… sans rien connaître de cet artiste ! Entre 2005 et 2008, il va peindre 400 tableaux. Puis découvre l’existence de l’artiste américain, chantre de l’expressionnisme abstrait. "Je prends alors conscience de la difficulté d’innover. Quand tout le monde sait sauf vous, quand ce que vous faites a déjà été fait trente ans avant, c’est frustrant…J’apprends donc qu’il faut acquérir une culture générale satisfaisante pour ne pas tomber dans ces pièges".
Alors il se tourne dans le découpage de magazines. Des œuvres graphiques abstraites à l’exemple des lettristes des années 70. Se cherchant encore, Tehos réinterprète le street art : "je ne suis pas street artiste, c’est un peu pour suivre la mode".
Il fera un film sur Second Life, puis un film expérimental en 3D où l’on tourne autour d’arbres cinétiques avec un point de vue sans cesse différent. Il se moque de l’American Dream dans un travail de collage à la façon du Pop Art. Dans ses affiches, il lance des petites phrases comme des balles : "la liberté est de l’autre côté", en anglais de préférence. Fait la Une du "Monde Diplomatique", obtient le premier prix du jury au salon AIAP UNESCO à Monaco en 2011.
Nouvelle phase expérimentale
En ce moment, il entre "dans une autre phase expérimentale sur le mode de la répétition, un travail de pochoir à partir de papiers peints réinventés". Rêvant de se contraindre à son propre alphabet à l’exemple de Viallat dont les éponges sont déclinées à l’infini "sur tout support, sur toutes matières...".
Le tableau qui fait la Une du "Jazzophone" en est un exemple.