L’origine de cet événement, c’est la fête anniversaire de la Station, collectif niçois, niché dans les anciens abattoirs.
Une quarantaine d’artistes est déjà passée par là, ils sont douze à présent à occuper les chambres froides aménagées en ateliers.
Après pas mal de déménagements et de péripéties, après avoir résisté pendant vingt ans, cherché des solutions à la précarité (une malédiction connue par tout artiste), les anciens élèves de la Villa Arson ont enfin posés leurs valises dans les anciens abattoirs.
Nice n’est plus le désert de l’art contemporain comme on le croyait autrefois. La Station leur offre un ancrage et une visibilité.
Cédric Teisseire, un des cofondateurs de cette nichée d’artistes, maintient intact l’élan premier à travers de nombreuses manifestations qui en font un lieu vivant et incontournable de la scène niçoise.
Plutôt que de se livrer à une célébration nombriliste, le choix d’inviter vingt-deux collectifs d’artistes européens a paru plus opportun. Les Artist-run space investissent les salles et la terrasse de la villa Arson. L’expression Artist-run space n’a pas d’équivalent en français, ces créateurs sont issus de lieux indépendants et alternatifs. Ils ont travaillé ensemble, inventé des collaborations et des modes de production originaux, et beaucoup d’entre eux ont travaillé in situ.
Dès l’entrée dans l’école d’art, on prendra à gauche, direction « suite de l’expo », histoire de commencer par la fin.
Pour tomber sur un berger allemand toutes dents dehors… Passé le premier mouvement de crainte face à cet artefact, nous pouvons pénétrer dans le camping-car des années 80 dont il a la garde. Dans cette salle se côtoient assemblages vermiculaires en tuyaux d’arrosage, sacs poubelles transformés en gentil monstres, une collection de bibelots de bouteilles plastiques surmontées de préservatifs de couleur pastel, design de mobilier. Emploi de divers procédés où sont inclus détournement et récupération d’objets et de matière. La forme peut être élémentaire, le kitch réinventé, l’assemblage hétéroclite dans une pluralité des pratiques. Il faut absolument ne pas rater les vidéos projetées juste à côté, on y voit de savoureux portraits d’artistes...
Dans la partie droite (et labyrinthique), celle que nous considérons comme le début de l’exposition, les Artistes-run space sourient, ricanent, se moquent, investissent chaque espace, alvéole ou salles et nous devrons rester vigilants car le diable se cache dans le détail.
La poésie aussi, par exemple dans les surréalistes empreintes de patte d’oiseaux imprimées sur un sol en marbre, ou dans un dessin au feutre sur un coin de vitre.
Nous nous arrêtons devant un mur couvert de dinosaures multicolores, et un instant après nous nous sentirons observés par de petits visages aux yeux saillants surgissant des murs.
Une vision pragmatique et pleine d’esprit d’un monde comme il devrait être, mais aussi déstabilisante… Comme la vérité ?
Et parce qu’une expo ça se raconte, pour en savoir plus, demandez à certains des invités, Nicolas H. Muller des Droguistes, Eric Stephany de l’Entreprise Culturelle de Paris, ou, à Cédric Teisseire de vous en parler.
http://www.droguistes.fr/rencontre-...
http://www.droguistes.fr/rencontre-...