Entre les premiers dessins, les premières gravures, les premiers monotypes des années 70 visibles dans les salles du rez-de-chaussée et les huiles sur toiles, pastels et collages, exposés au second et au troisième étages, Jean-Claude Rossel a accompli un grand pas.
La série des portraits de femmes des débuts, réalisée dans des versions épurées et couleurs sourdes, indique une volonté de mise à distance avec le sujet et cette détermination « à ne rien vouloir dire » ne fera que s’accentuer par étapes, jusqu’à la posture actuelle qui répond au silence des salles du château de Carros par un autre silence, ébloui celui-là : celui de la lumière pure, une sorte d’ascèse joyeuse, rigoureuse, ordonnée, sereine.
Nul ne manquera de faire la relation avec Matisse dans la manière dont sont construites les Fenêtres d’été et la manière dont se fait le Passage de la Lumière : les titres de ces séries contiennent cette conception du rapport à la clarté et à l’harmonie.
Par la suite, si le rapport au réel est beaucoup moins évident dans les œuvres les plus récentes, il restera toujours cette géométrie sur laquelle on se repose, et qui a quelque chose de ludique.
Les jaune orangé, orange, carmin, rose, vert cru, bleu de Prusse, bleu de caeruleum claquent dans les espaces blanc, des formes ni figuratives, ni vraiment abstraites, dans une aspiration décorative assumée.
Gustave Moreau avait dit à Matisse « vous allez simplifier la peinture » ce qu’il a fait, et ce que Jean-Claude Rossel s’emploie à faire avec élégance.
Annick Chevalier